Al-Sissi reçoit son homologue russe, en visite au Caire avec le ministre des Affaires étrangères LE CAIRE (Reuters) — L'Egypte semble prête à inaugurer une nouvelle ère de sa coopération militaire avec la Russie, ancienne alliée historique du Caire supplantée par les Etats-Unis depuis la signature des accords de paix avec Israël en 1979. Le chef d'état-major de l'armée et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah Al-Sissi, a reçu hier son homologue russe, Sergueï Choigou, en visite au Caire avec le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Cette visite signifie une poursuite «des relations stratégiques historiques avec le début d'une nouvelle ère d'une coopération constructive et fructueuse au niveau militaire», juge l'agence de presse officielle Mena. Choigou et Al-Sissi ont discuté d'un renforcement des relations militaires bilatérales, a précisé l'agence. Sergueï Lavrov et son homologue égyptien Nabil Fahmy ont, eux, participé à une conférence de presse commune, mais rien dans leurs propos n'a laissé supposer la conclusion d'accords d'importance. Ce réchauffement des relations entre Le Caire et Moscou, proches alliés dans les années 70, intervient dans un contexte de tension accrue avec les Etats-Unis depuis la mise à l'écart du président islamiste Mohamed Morsi, le 3 juillet, par l'armée. Le mois dernier, Washington a annoncé la suspension d'une partie de son assistance militaire de 1,3 milliard de dollars par an et de son aide économique dans l'attente de progrès dans la transition démocratique depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011. Washington a reporté le 9 octobre la livraison de chars, d'avions de combat, d'hélicoptères et de missiles ainsi que le versement de 260 millions de dollars d'aide. Pour Yasser Al-Chimi, spécialiste de l'Egypte à l'International crisis group, la visite russe vise à montrer que «l'Egypte dispose d'options et que, si les Etats-Unis souhaitent maintenir leur alliance stratégique avec l'Egypte, ils doivent renoncer aux conditions liées à leur assistance militaire». Toutefois, selon un diplomate occidental en poste au Caire, l'éventualité d'une reprise de l'aide américaine au début de l'an prochain réduit la possibilité de voir les autorités égyptiennes conclure un accord de défense d'envergure avec la Russie. L'Egypte reste fortement endettée et des doutes existent quant à sa capacité à pouvoir acheter de nouveaux armements, ce qui exigerait une rallonge de l'aide financière de 12 milliards de dollars promise par certains Etats du Golfe depuis l'éviction de Mohamed Morsi. Se pose également la question de l'intégration et de la compatibilité de l'armement russe avec des systèmes de défense de fabrication américaine. En évinçant Mohamed Morsi, premier chef de l'Etat égyptien démocratiquement élu, le général Al Sissi s'est imposé comme le nouvel homme fort d'un pays dans lequel l'armée joue traditionnellement un influent rôle politique.