Les nuages des milices font peser de graves menaces sur le Maghreb. Et ce n'est qu'un début En Libye, les milices ont lâché leur escadron de la mort qui sème la terreur à tout vent. Les victimes, ces deux derniers jours, se font compter par centaines, rien qu'à Tripoli. Chez nous, le terrorisme frappe d'une manière de plus en plus régulière. Les cellules dormantes sont imprévisibles. Elles bénéficient de réseaux de recrutement internes et externes, de sommes colossales d'argent, notamment des pétrodollars, mis à leur disposition et de soutien logistique international. La Tunisie et l'Algérie sont dans le collimateur d'Al Qaïda et de ses nébuleuses terroristes. Des fuites russes ont mis au jour des informations terrifiantes. De graves menaces proviennent de Libye. Armes chimiques et quantités d'uranium y sont laissées à l'abandon. On craint sérieusement de voir cet attirail de la mort à large échelle tomber entre les mains des milices ou d'organisations terroristes. Des camps d'entraînement de terroristes tunisiens et algériens essaiment en toute quiétude en Libye. L'armée algérienne serait même intervenue il y a quelques semaines dans les profondeurs du territoire libyen pour effectuer des frappes préventives. Ses forces spéciales auraient opéré à quelque 200 km à l'intérieur de la Libye. Somme toute, les Américains ont essuyé de sérieux revers en Irak et en Afghanistan. Leur intervention dans ces deux pays a été désastreuse. Ils y ont livré les deux pays aux réseaux d'Al Qaïda, malgré l'installation de pouvoirs pro-occidentaux. Depuis, et à la faveur notamment de l'intervention des Américains et de l'Otan en Libye, Al Qaïda a pris pied au Maghreb et dans les profondeurs du Sahara. Autrefois, elle était cantonnée dans les seules limites du Pakistan et de l'Afghanistan. Aujourd'hui, les milices de la nébuleuse terroriste menacent le Maghreb. Une zone immense et stratégique, aux confluents des continents et des civilisations. Qui plus est réputée historiquement pour son islam modéré et cartésien. Elle est désormais menacée de sombrer dans l'âge de la pierre. La Méditerranée, une zone de tempête? Des chantres du libéralisme nord-atlantique tous azimuts, l'Américain néoconservateur Mc Cain, le Français porte-bannière de la nouvelle droite Bernard-Henri Lévy, jouent les premiers violons dans cette sinistre dégénérescence. Avec la bénédiction de la fausse conscience des droit-de-l'hommistes à outrance. D'un point de vue géostratégique, cela recèle des dangers majeurs. Le basculement de trois pays du Maghreb dans les violences terroristes aura un prix amer pour les Européens et pour la paix dans cette importante partie du monde. Après avoir brillé, depuis les guerres napoléoniennes, par sa stabilité, le bassin occidental de la Méditerranée risque de devenir une zone de tempêtes. Personne n'en sera épargné. Les calculs étroits des boutiquiers diplomatiques n'y pourront guère. Une bonne partie de la Péninsule italienne est dans les eaux africaines, c'est-à-dire maghrébines. Le sud de la France est à des encablures du Nord du Maghreb. L'Espagne aussi. Pourtant, les intervenants étrangers n'ont de cesse de jeter de l'huile sur le feu du brasier maghrébin incandescent. Les pays du Golfe jouent un rôle scabreux au Maghreb. Depuis des décennies, le développement inégal a forgé des fossés culturels et institutionnels immenses entre les deux extrémités géographiques du monde arabe. Paradoxalement, les moins développés se sont avérés les plus friqués. Et ils s'avisent de sévir à coups de milices et de pétrodollars. Sur fond d'un prosélytisme fondamentaliste des plus archaïques. Le résultat, on en observe les prototypes en Libye et au nord du Mali, avec des préfigurations en Tunisie notamment. Des formations islamo-fascistes y tiennent le haut du pavé et prônent un nouveau moyen-âge baignant dans les gargouilles ensanglantées des guerres de religion. Avec l'appui tacite des islamistes qui s'affichent volontiers modérés. Et la bénédiction de hautes sphères diplomatiques européennes. Telle la baronne Catherine Ashton, Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, ou Bernardino León, représentant spécial de l'UE pour le Sud de la Méditerranée. Bref, les nuages des milices font peser de graves menaces sur le Maghreb. Et ce n'est qu'un début.