Les stages sont désormais organisés dans les régions 2014 est l'année du cinquantenaire de la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (Ftca). Les membres de la fédération l'ont accueillie avec un nouveau bureau, voté fin novembre 2013 et exclusivement composé de jeunes. Ce nouveau souffle n'a pas tardé à porter ses fruits puisque des changements ont déjà eu lieu. Ils concernent principalement la politique de formation de la Ftca. Il s'agit là d'un volet important pour la fédération. Bien avant la création des écoles de cinéma en Tunisie, la Ftca était le fief de l'initiation à l'exercice cinématographique, où les membres pouvaient faire leurs premiers films et avoir de la visibilité grâce au Fifak, festival organisé chaque année, ouvert également aux indépendants. En témoignent les parcours de nombreux cinéastes tunisiens confirmés qui sont passés par la fédération. D'autres ont choisi de rester dans le non-professionnel et c'est pour cela que la Ftca se doit de garder le flambeau. L'après-14 janvier 2011 a été une occasion pour la Ftca de se poser des questions de fond quant à ses objectifs et son fonctionnement. Comment, en effet, garder sa place au milieu de toutes les associations et les initiatives qui ont vu le jour? Comment évoluer dans un contexte où l'image, sous toutes ses formes est partout, à portée de toutes les mains? Une nouvelle approche s'est imposée, depuis le précédent bureau. Maher Ben Khelifa, le nouveau secrétaire général adjoint chargé de la formation, affirme que c'était un bureau de réflexion. Place à l'action maintenant et la réforme a touché en premier lieu les stages d'hiver et de printemps, organisés chaque année pendant les vacances scolaires afin de former les membres des clubs à l'écriture et à la technique de fabrication de films. Un constat amer est derrière cette démarche. Le nombre de clubs, qui est actuellement de 20, ne cesse de croître ainsi que le nombre de leurs adhérents. Pourtant, la production ne cesse de se dégrader, en quantité et en qualité. L'efficacité des stages sous leur ancienne forme n'est plus garantie. Il fallait par exemple aux clubs choisir parmi leurs membres les participants des stages. Cela sanctionnait les autres et entravait la continuité de la formation —puisque les clubs préfèrent envoyer d'autres membres pour le stage d'après— et surtout sa transmission, les jeunes participants étant encore inaptes à former leurs camarades un fois de retour dans leurs clubs. La nouvelle trouvaille de la Ftca concernant la formation est donc venue contrer tous ces inconvénients, avec, comme principal objectif, de former tout le monde et d'obtenir un film de qualité par an et par club. Le bureau a finalement décidé que ce sont les stages qui iront dans les régions et non pas l'inverse. Le stage d'hiver est éclaté en stage régional du Sud, stage régional du Cap Bon (incluant Sousse et Zaghouan) et stage régional du Nord. Le premier et le deuxième stages ont déjà eu lieu à Gafsa et à Chatt Ezzouhour. Celui du printemps sera organisé sous forme d'une rencontre nationale où tous les clubs et leurs membres seront invités. En attendant, l'évaluation des stages d'hiver a débouché sur le maintien de leur nouvelle forme tout en augmentant la durée. Pendant ces stages, trois ateliers sont proposés aux participants: esthétique de l'image; langage cinématographique et encadrement des idées avec une présentation d'exercices à la fin du stage. Les formateurs viennent de la Ftca comme d'ailleurs. Le suivi des membres va au-delà de ces stages grâce à des week-ends techniques qui leurs servent d'encadrement pour leurs projets selon l'étape d'avancement, toujours dans leurs régions. La Ftca mise désormais sur une formation à l'échelle individuelle. Une véritable révolution pour la fédération qui songe même à faire une fiche pour chaque membre, qui permettra de retracer son évolution en son sein. Le chemin n'est pas de tout repos puisque le niveau est très inégal entre les clubs et entre les régions, comme l'affirme Maher Ben Khelifa. Il ajoute qu'heureusement, les clubs essayent de plus en plus de se former eux-mêmes et d'acquérir leur propre matériel. Avec cette nouvelle tournure, on ne peut qu'attendre impatiemment le prochain Fifak pour voir les résultats. Un festival qui sera marqué cette année par le cinquantenaire de la Ftca, pour lequel tout un programme sera pensé. Mais ça, c'est une autre histoire.