Cinq commissions de réflexion à l'œuvre Le syndicat national des producteurs de longs métrages a signé son acte de naissance le 19 décembre 2013. Qu'est-ce qui a motivé, diriez-vous, la création du nouveau syndicat présidé par Ridha Turki, alors qu'il en existe déjà un: le «syndicat des producteurs de films tunisiens» ? Pour en savoir plus sur les tenants et aboutissants, nous avons interrogé des professionnels de la place, en l'occurrence les producteurs Ridha Turki, Abdelaziz Ben Mlouka et Lotfi Laâyouni. Il est clair au fil des entretiens que ce syndicat est né d'une volonté de promouvoir et de développer la production des longs métrages. «Ce nouveau syndicat, qui vient à point nommé, explique, Abdelaziz Ben Mlouka, Patron de CTV-films, est spécifique aux producteurs de longs métrages. Et comme le cinéma, on le sait, est une industrie, il est temps que les producteurs de longs métrages jouissent des avantages spécifiques au secteur industriel, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Ainsi, outre l'acquisition du matériel cinématographique, selon les critères propres au secteur industriel, nous pourrons bénéficier d'autres avantages ayant trait à l'exonération des droits et taxes douaniers relatifs à l'importation de matériel et d'équipements techniques, les avantages concernent aussi les crédits bancaires, la CNSS, la fiscalité, l'acquisition de terrains pour la construction de laboratoires, studios, salles de cinéma et autres». Booster la production, réorganiser le marché Maintenant, quels sont les objectifs premiers et les priorités de cette nouvelle chambre syndicale ? Lotfi Laâyouni, gérant de «Amilcar-Films» et 1er vice-président du syndicat national des producteurs de longs métrages, estime que les objectifs tombent sous le sens : «D'abord, booster la production de longs métrages, qui, il faut le dire, ne s'est pas développée depuis le 14 janvier 2011, puisqu'elle n'a pas dépassé la moyenne de quatre films par an, comme c'était le cas durant la dernière décennie. Ensuite, développer l'industrie cinématographique car les laboratoires de Gammarth, la seule unité industrielle existante dans le pays, risque de fermer ses portes, étant donné que les opérations de finition des films après la phase du mixage sont inexistantes et qu'il faut donc se déplacer à l'étranger afin d'achever la phase de post-production entre étalonnage et tirage des films en DCP et sur blu-ray. Il s'avère donc, impératif de créer une petite unité afin de compléter les maillons manquant à la chaîne de la post-production. Ce qui contribuerait à éviter des frais de production supplémentaires et d'économiser des devises. Enfin, réorganiser le marché intérieur pour une exploitation et une distribution plus importantes et plus rentables. D'ailleurs, nous avons initié, il y a quelques années, avec le soutien du ministère de la Culture, l'opération de transformation partielle des maisons de la culture en salles de projection vu la réduction importante des nombres des salles commerciales et de la diminution effarante des recettes. Cela sans compter la disparition des distributeurs qui avançaient des subventions aux producteurs de films et qui disposaient d'un réseaux de salles qui donnaient plus de visibilité aux films qui passaient dans plusieurs salles à la fois. Ainsi, 40 maisons de la culture à travers le pays seront équipées en DPC, outre les 18 salles du parc cinématographique. Voilà qui nous fait en tout une bonne cinquantaine de salles. Outre la réorganisation du marché intérieur nous comptons œuvrer pour créer des conditions fiables et favorables pour l'exportation des films tunisiens à l'étranger». Mais les problèmes du cinéma tunisien si nombreux perdurent depuis des années. Comment les résoudre de manière méthodique et efficace? Ridha Turki, directeur de IMF services et président du nouveau syndicat National des producteurs de longs métrages en est bien conscient. «C'est pourquoi nous avons mis en place cinq commissions de réflexion afin de tenter d'apporter des solutions aux problèmes qui se posent de plus en plus à la production de longs métrages et qui sont profondément différents de ceux inhérents à la production de courts métrages, de clips ou de spots publicitaires». Ainsi, les cinq commissions se focaliseront sur la législation et la fiscalité; la promotion, l'exportation et l'incitation aux tournages de films étrangers en Tunisie, la distribution et l'exploitation des films tunisiens dans les circuits culturels nationaux; le développement de l'industrie cinématographique avec la mise à jour des techniques et des services et enfin les bases de données et la communication sur le cinéma tunisien. Le nouveau syndicat compte-t-il coordonner ses actions avec le (Cnci) Centre national du cinéma et de l'image, récemment créé mais qui n'a pas encore de visibilité ? Ridha Turki ne l'exclut guère. Bien au contraire, en tant que président de la nouvelle Chambre syndicale, il souhaite voir le Cnci contribuer, à l'instar du Cnc français et marocain, au développement de la production et du cinéma tunisien. Bref, le syndicat national des producteurs de longs métrages a bien du pain sur la planche. Composition du bureau du SNPLM Président : Ridha Turki 1er vice-président : Lotfi Laâyouni 2e vice-président : Imed Lassoued Trésorière : Najoua Slama Membres actifs : Riadh Thabet, Habib Chaâri, Tarak Ben Ammar et Mohamed Zran