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Les conditions économiques (I)
Opinions - TRANSITION DEMOCRATIQUE EVENTUELLE
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 01 - 2014


Par Khaled El MANOUBI
La Tunisie indépendante n'a jamais pu compter, pour l'essentiel, sur l'expédient de la rente minière ou pétrolière pour faire face à un chômage considérable apparent ou déguisé. Du reste, en dehors des pays bien dotés en hydrocarbures et peu peuplés, le pétrole est bien peu pourvoyeur d'emplois. La Tunisie indépendante a pu compter sur l'émigration pour éviter d'avoir un chômage explosif parce que trop massif. Mais c'est surtout par une croissance de près de 4,5 % par an que la Tunisie a pu, sans pouvoir jamais abaisser le taux de chômage à moins de 13%, éviter la catastrophe à cet égard. Du reste, l'explosion de la fin de 2010 n'est pas seulement due à l'aspect quantitatif du chômage mais aussi et surtout à son aspect qualitatif, à savoir le chômage des diplômés d'une part et le chômage des régions non côtières d'autre part. En effet, si le chômage présentait un taux en 2010 à la limite du gérable —près du 15%— son taux pour les régions défavorisées et pour les jeunes diplômés dépassait le double de la moyenne nationale. Le chômage des diplômés exprime, malgré son apparente propension à relever le niveau éducatif, la faillite du régime répressif.
En effet, celui-ci transforme lentement mais sûrement les pans d'Etat du début de l'indépendance en chefferie de guerre ; de ce fait, le délitement des institutions était à l'œuvre, frappant notamment le niveau de l'enseignement ; le chef de guerre Ben Ali —mais cela était déjà à l'œuvre du temps de Bourguiba—considérait l'université en particulier comme une garderie d'adultes, mais une garderie coûteuse et des adultes infantilisés ( voir notre communication au séminaire organisé à la fondation Témimi et par celle-ci en décembre 2007 et intitulé. «Les effets de l'absence de l'institution professorale»).
L'ironie du sort a voulu que l'année 2010, décrétée par Ben Ali année de la jeunesse, a vu le déclenchement de la révolution par un jeune marchand ambulant et titulaire d'une maîtrise de l'enseignement supérieur. Le caractère appréciable — 4.5 % sur plusieurs décennies—, sans être époustouflant, appelle des explications étant donné la faiblesse de la dotation du pays en ressources naturelles, minières et hydrauliques.
Nous verrons que cette croissance s'explique presque exclusivement par trois facteurs : le croît démographique, l'absence de contrôle populaire par la répression systématique et le legs historico-géographique, les deux premiers étant les plus importants.
a) La ressource démographique. Si l'on fait abstraction de l'innovation, la croissance peut être vue comme le résultat de la croissance du travail et de celle du capital. Depuis 1956, le croît démographique a été proche de 2,5% au début de la période et sensiblement égal à 1 % au cours da la dernière décennie, croît toujours sensiblement positif mais déclinant. En fait, ces taux n'expriment qu'un solde. Si l'émigration a été non négligeable au cours de la première moitié de la période et génère donc une défection, le recul du chômage déguisé et les progrès du salariat font que la croissance de la main-d'œuvre disponible sur le marché de l'emploi est encore de 2.5 % ou davantage encore ces dernières années.
En somme, l'offre d'emploi n'a pas été loin de 3 % durant toute la période de sorte que pour peu que le capital suive un rythme proche, des potentialités de croissance de près de 3 % sont assurées.
b) Le pressurage financier du peuple; ce sont des modalités différentes qui ont présidé à la formation du capital durant le règne de Bourguiba (BO) et celui de Ben Ali (BA), différences qui s'expliquent quant au fond par la mutation du capitalisme à partir des années quatre vingt — sauf que ces modalités reviennent toutes à pressurer le peuple —. L'impôt payé par les pauvres plus que par les riches a toujours été une source de formation de capital qui profite davantage aux favorisés, générant notamment de criantes disparités régionales.
Cependant, la période BO a connu une forte inflation, des taux d'intérêt inférieurs à ceux de la hausse de prix et un crédit à la portée des privilégiés. L'absurdité la plus significative —celle-là même qui provoqua la faillite d'une grande banque lors de la grande crise globale actuelle— a été la réalisation non exceptionnelle d'un taux de profit infini obtenu par un financement totalement à crédit et sans capital propre. Lors de la période BA, les taux d'intérêt réels deviennent positifs mais demeurent négatifs lorsqu'on les exprime en devises contribuant par conséquent à générer une répression financière devenue opaque après avoir été apparente puisque le budget s'expose alors à s'endetter davantage du fait de la hausse des taux et tend à s'arroger la priorité sur les liquidités et donc à déterminer un effet d'éviction de l'investissement privé. Toutefois, les gros emprunteurs n'ont point de problème à cet égard, puisque les banques leur prêtent même s'ils ne remboursent pas toujours ; il y a une dizaine d'années a été publiée une liste de dizaines d'emprunteurs redevables aux banques de centaines ou de dizaines de millions de dollars en valeur. Cette spoliation souvent indirecte du peuple s'est transformée en spoliation directe au profit des proches de Ben Ali, notamment ses gendres, exprimant la pose d'un jalon notable et inéluctable sur la voie de la somalisation.
c) Le legs historico-géographique; la Tunisie et le Maroc- mais par tête d'habitant l'avantage tunisien est net —sont les seuls pays de l'Afrique du Nord a réaliser des exportations manufacturières. En Tunisie, ces exportations jouent un rôle important durant BA comme source d'investissement national et étranger, de devises et d'emploi.
Cette activité utilise un fort contingent de main-d'œuvre féminine. Le flux encore voisin de 2.5% par an d'entrées au marché de l'emploi a certainement été alimenté par un apport important provenant du stock de la main-d'œuvre féminine non employée au début de BO. Cet apport mérite explication. La Tunisie est, avec le Liban, l'un des deux pays arabes à avoir eu une longue histoire de peuple commerçant, carthaginois puis romain. Cette ouverture —qui a perduré avec les premiers siècles de Kairouan explique d'une part que les hommes et les femmes sont capables d'un minimum de soin dans le travail dans les ateliers d'électronique ou de confection et dans le tourisme et, d'autre part, que les femmes sortent de chez elles pour travailler. Certes, Bourguiba a établi la judiciarisation du divorce et l'abandon du voile intégral. Mais, d'une part, les jeunes Tunisiennes musulmanes étaient à peine moins libérées que les juives tunisiennes ou même les femmes d'origine italienne. D'autre part, et surtout, Bourguiba n'a pas été un réformateur en termes de droits des femmes et de modernité en général. Primo, la femme ne peut être libre dans une dictature qui opprime les individus. Secundo, Bourguiba ne pouvait être ni libérateur de la femme, ni moderne et laïque, ni socialiste. En effet, ayant conclu dès 1930 avec la France une transaction pour succéder à la France poussant même le mépris du peuple jusqu'à faire adouber par la France son propre héritier Nouira. La France aida son nouveau protégé en lui donnant raison dans son opposition à l'inhumation des musulmans naturalisés français dans les cimetières musulmans et à l'abandon du voile par les femmes. Le but de la France était d'affaiblir le parti du Vieux Destour au profit de Bourguiba. De même, à la veille de l'indépendance, Bourguiba publie en France un ouvrage dans lequel il se dit favorable à la démocratie et à la laïcité —celle-là impliquant une forme ou une autre de sécularisation—. Il écrit dans un ouvrage (La Tunisie et la France, Editions Julliard, Paris, 1954, P446): « La France a intérêt à accepter pour interlocuteur un parti, des hommes modernes, laïcs, «sauf que la transaction du dauphinat de 1930 s'oppose formellement à ce que la Tunisie indépendante devienne démocratique. Autre hérésie : Bourguiba a changé le nom de son parti en le proclamant socialiste lors du congrès de Bizerte de 1964 et a chargé cet autre agent de la France au sein de l'Ugtt, Ben Salah, de plusieurs ministères pour faire échouer le socialisme et les coopératives afin de vacciner les Tunisiens contre le socialisme ; il entend servir ainsi politiquement le vice-dauphin Nouira nommé ultérieurement Premier ministre. (Concernant les transactions du dauphinat et du vice-dauphinat ainsi que le rôle du sacrifié à l'autel du vice dauphin, voir nos articles dans le journal La Presse des 1,2,15,19,23,26 et 28 juillet 2013).
Au total, Bourguiba n'a eu de souci que de préserver sa chefferie et celle de non successeur désigné par lui à la France : il ne pouvait être véritablement un réformateur et encore moins un révolutionnaire.
Il n'a fait que surfer sur une compétitivité toute relative de la société tunisienne, compétitivité à même d'expliquer que les Tunisiens peuvent exporter des produits de bas de gamme dans le textile et l'électrique ou l'électronique de montage et dans le tourisme également de bas de gamme. On ne peut avoir des positions intégristes en 1932 et libérer la femme en 1956 ; on ne peut être socialiste lorsqu'on veut être le fossoyeur du socialisme; et l'on ne peut être laïc en 1954 puis, une fois au pouvoir, ne jamais prononcer les termes laïcité, laïc ou sécularisation, sauf le 25 mars 1965 qui vit Bourguiba affirmer devant l'Assemblée nationale turque : «La création d'un Etat laïc en terre musulmane a été indiscutablement une nouveauté troublante». Le mot est lâché ! La nouveauté est déclarée troublante à Ankara. Bourguiba et son successeur — un officier bac (-3)— ne peuvent donc faire le lit de l'innovation. Si donc la Tunisie dispose d'une compétitivité faible, celle-ci occupe la place du bon dernier au niveau international même si elle la distingue par rapport aux pays de la région à compétitivité nulle ou presque (voir Khaled El Manoubi, «Industrialisation et compétitivité de la Tunisie», Editions l'or du temps, Tunis,1993). Toute petite compétitive charriée par la profondeur des siècles et peu suscitée par conséquent. La main-d'œuvre ayant toujours cru à un taux borné par 3% et le capital pouvant suivre ce rythme, par le pressurage financier déjà évoqué et étant donné la grande faiblesse des ressorts qualitatifs, le potentiel endogène de croissance en sera réduit à dépendre quantitativement de ces deux facteurs et ne saurait guère dépasser sensiblement les 3%. Les 1 à 1,5 % restants sont inexpliqués en termes endogènes de sorte que seul quelque chose d'exogène peut être invoqué. Or le seul élément extérieur réside dans les équipements incorporant un progrès technique dû à l'innovation exogène, laquelle augmente de plusieurs points et la productivité globale des facteurs et la productivité du travail. Cette manne considérable n'est pas utilisée avec un rendement maximum ; les équipements sont mal utilisés et par les entrepreneurs et par les employés et cette utilisation est d'autant plus mauvaise que les équipements sont sophistiqués, entendre à forte élévation de la productivité. Malgré ces pertes, le surplus reste considérable. Ce surplus permet de compenser et au-delà les effets de la logique du jeu interne à somme négative profitant à l'élite par une nécessaire répression, ainsi que les effets des fuites considérables vers l'étranger dominateur, cédées comme prix à payer par la chefferie de guerre à ses protecteurs pour son propre maintien. Lors d'un séminaire organisé en janvier 2001 par l'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beit El Hikma à Carthage, nous avons présenté une communication où nous avons écrit en guise de commentaire relatif au rapport du 28 août 1985 rédigé par Bela Belassa pour la Banque mondiale: «La comparaison des deux scénarios (de ce même rapport) montre que la solvabilité vis-à-vis de l'étranger a pour prix: 1) moins de consommation pour les salariés et plus de consommation pour les favorisés, les salariés devant en plus être plus nombreux, puisqu'on crée plus d'emplois, ce qui est en soit indispensable, à se partager relativement moins de choses que les autres. 2) Il ne peut en être autrement puisque la dévaluation implique que le travail national est vendu pour commencer 20% moins cher à l'étranger; en fait, le glissement du dinar sera continuel et, aujourd'hui, c'est-à-dire 15 ans après, sa valeur est tombée au tiers environ par rapport aux devises, toutes choses égales par ailleurs. L'ajustement de la monnaie fait que l'on cède chaque année quelque 5 % du PIB d'une façon invisible. Nous poursuivons l'énumération des fuites invisibles en points de PIB :
1) le service de la dette d'au moins 5%, dette correspondant au déficit courant de la balance des paiements et à la dette antérieure ;
2) fuite proprement dite « des capitaux —mettons 3% de la somme des importations et des exportations de biens et services et 2% du PIB» ;
3) à ces chiffres il convient d'ajouter celui de l'infra— rente (hydrocarbures, une bonne partie des mines et la chimie de première transformation des minerais, soit 5 % ou davantage ;
4) «l'investissement d'internationalisation relayant la fuite des capitaux; et avec l'investissement direct et de porte-feuille étranger de nature à réduire le chiffre de 1), il faut diposer des devises nécessaires pour le rapatriement des bénéfices, et il faut payer environ 1,5% du PIB pour rembourser les emprunts de la Banque centrale sur les marchés financiers pour la reconstitution des réserves de change, montant qu'il faut regarder comme un supplément d'intérêt, même si ce dernier montant est répercuté sur le travail. Malgré ce lourd handicap, la situation de la Tunisie s'est améliorée. Cependant, malgré les progrès accomplis, la monnaie nationale est un peu moins apte à assurer les investissements de (post-) modernisation. Au total, et par tête, lorsque le Tunisien tire 4% de croissance (le croît démographique étant ramené à 1,1 % ), il doit en faire plus de 20 % per capita tout en supportant un intérêt réel qui est aux environs du double de ce qui est en vigueur dans le monde et au-delà de ce qui est perçu par les banques. Parler d'un taux d'intérêt plus élevé en même temps que d'une croissance quintuple est, cependant, en un sens erroné ; le calcul du quintuple tient compte déjà du taux d'intérêt, mais c'est aussi, en un autre sens, fondé ; en effet, alors que la croissance requise n'apparaît pas en majeure partie dans le revenu national, l'intérêt supporté est bel et bien acquitté sur le revenu effectif de la croissance. Et même si, pour faire plus concret et moins logique, on rétablit l'infra-rente, il reste 16% ou le quadruple. Que ne doit-on pas sacrifier à l'autel de la logique capitaliste et monétaire en particulier». Voir notre communication intitulée Etre tunisien au XXIe siècle», in Actes du colloque organisé du 9 au 12 janvier 2001, éditions Beit Al Hikma, Carthage, 2002, pp.401 à 404). On peut ramasser brièvement toutes ces évaluations. Du fait de la terreur rampante de la répression, le jeu interne n'est même pas à somme nulle, l'élite gagnant ce que le peuple perd, mais à somme négative : la nécessaire prise de risque par les investisseurs - entrepreneurs est de plus en plus bornée et donc de plus en plus d'opportunités sont perdues. En définitive, le sauvetage de cette négativité endogène ne viendra que par le cheval de Troie de l'équipement importé et bénéficiaire de l'innovation exogène. Le jeu interne deviendra à somme positive (croissance de 4,5 % sur la longue période) mais cette positivité n'est qu'un solde ; l'étranger ponctionne les quatre cinquièmes par la main gauche de ce qu'il cède par la main droite, lequel ne découle que de l'innovation exogène, c'est-à-dire du compartiment à somme positive issu de l'étranger. Cette radioscopie a révélé des effets proprement dramatiques que ne peut remettre en cause qu'une problématique révolution démocratique. Dans les propos qui vont suivre, nous tenterons de dégager d'abord les conditions économiques de ce drame et nous dirons ensuite en quoi ces mêmes conditions ont finalement rendu possible l'amorce d'une transition démocratique.
En premier lieu, le caractère négatif de la somme du jeu interne signifie que la chefferie ne reconnaît en un sens ni la nation ni, bien sûr, l'intérêt national —même celui de la classe favorisée— puisque ses procédés, contraires au droit, se soldent par une diminution significative du potentiel de croissance : une perte sèche par conséquent. Cet antinationalisme effectif s'exprime au niveau proprement politique par le credo suivant à l'égard du chef : allégeance et non compétence. Dans le même temps, le nationalisme de façade sert de paravent à la répression.


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