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Entre bière et berbère
Lancement d'un produit
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 03 - 2014

Cela dénote, dans le meilleur des cas, une vision extrêmement folklorique de la culture berbère
Une société de la place a lancé à grand bruit une nouvelle bière, appelée Berber. Compte tenu des contingences, l'événement dépasse le simple cadre marketing et commercial. Il est susceptible de plusieurs lectures :
On peut penser, à raison d'ailleurs, que le commerce est libre en Tunisie. Y compris celui de l'alcool. D'ailleurs, ce produit n'est pas forcément destiné aux seuls Tunisiens. Il pourrait intéresser les touristes, voire être exporté.
On peut également penser que malgré les tentations rigoristes post-révolution, les craintes de restrictions drastiques opposées aux libertés individuelles se sont avérées infondées. Le lancement de cette bière est une sorte de caution pour une Tunisie plurielle et une illustration du compromis constitutionnel, dominante de la nouvelle Loi fondamentale de la Tunisie.
Certains, on l'a vu, lu et entendu, voient dans ce lancement une sorte de défi aux visions conservatrices de la société, voire aux fameuses tentations rigoristes, mais encore, et une affirmation autant symbolique que pratique d'une partie de la société tunisienne non pratiquante, consommatrice d'alcool et de la bière.
Or, ce serait une erreur. Voir dans la fabrication d'une nouvelle bière une affirmation sociopolitique, c'est comme voir du courage dans les projections des films de Nadia El Fani ou de Persepolis ; alors que beaucoup y ont vu, rappelons-nous, une sorte d'offense à leurs sentiments, de la provocation gratuite, et ont adopté une posture mécaniquement défensive ressentie particulièrement au comptage des voix des dernières élections.
Autre angle à étudier
Regardons la bouteille de Berber. Il y a dessus le symbole du drapeau amazigh, le fameux z écrit en tifinagh. Les couleurs rouge, vert et or sont celles de ce drapeau. Et, en arrière-plan, on a cru intelligent d'imprimer des symboles berbères ou tenus pour tels, comme la fibule.
Que faut-il comprendre ? Cela dénote, dans le meilleur des cas, une vision extrêmement folklorique de la culture berbère et un choix simpliste motivé par la ressemblance phonétique ou encore le « calembour » entre les deux vocables bière et berbère.
On peut aussi s'interroger sur le lien entre berbérité, un mot riche en culture et en histoire, et une bière d'entrée de gamme ? Les responsables de la marque ont fait valoir comme argument marketing l'évaluation par des focus groupes de la nouvelle « blonde », sa saveur, sa robe, le rapport qualité-prix, voire son appellation. La question est de savoir s'ils ont demandé l'avis de la communauté concernée ?
Imaginez qu'au Liban, un produit alcoolisé soit appelé « Maronite », ou une bière qui porte le nom de « Druze » ? Imaginez seulement qu'au Maroc ou en Algérie, on s'ingénie à donner ce nom « berber » à une bière, quelle serait la réaction de cette communauté ?
L'alcool, dans notre société, quel que soit le nombre de ses consommateurs, garde une connotation négative. Qu'on le veuille ou non. Peu en consomment ouvertement et peu s'en prévalent. Seuls dans un nombre réduit de familles, l'alcool est consommé couramment, devant tout le monde ; les enfants, les grands-parents, les voisins et les invités. Généralement, c'est dans la discrétion et entre amis qui partagent les mêmes choix de vie que cela se fait.
Il reste à dire que la berbérité est un héritage des Tunisiens et de tous les Nord-Africains. Les berbères sont les premiers habitants de ces terres. Beaucoup sont les Tunisiens qui affichent leurs origines berbères et en sont fiers. Une part non négligeable de la population doit avoir une ascendance berbère. A quoi cela rime-t-il de faire de tels raccourcis et de convoquer les souches originelles d'une manière si simpliste et folklorique, en l'accolant à un produit à connotation dominante qui reste négative ? A supposer que 1% seulement de la population soit berbère, voire moins, cette minorité risque de se sentir stigmatisée par une telle association. Demain, une politique malintentionnée dira que les berbères sont reconnus. Il y a même une bière qui porte leur nom !


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