Une grande majorité d'agriculteurs, qui ont contracté des crédits pour développer des projets, ont du mal à s'acquitter de leurs dettes Une réunion s'est tenue, il y a deux semaines, au ministère de l'Agriculture entre les commissaires régionaux au développement agricole et le ministre de l'Agriculture pour discuter du budget de l'année 2014 et des difficultés des agriculteurs un peu partout dans le pays. En effet, dans les régions du nord, l'endettement, la mauvaise organisation des groupements de développement agricole (GDA), la surexploitation illicite des eaux d'irrigation figurent parmi les principales préoccupations des agriculteurs. Dans le sud, les ressources en eau qui viennent de plus en plus à manquer constituent une source de préoccupation majeure. Dans la région du Kef où une grande partie des surfaces agricoles sont consacrées aux cultures céréalières et à l'arboriculture, les agriculteurs, endettés, ont de plus en plus de mal à s'acquitter de leurs charges. Un grand nombre d'entre eux n'ont pas payé pendant des mois les groupements de développement agricole (GDA) qui fournissent l'eau d'irrigation. «Beaucoup d'agriculteurs ne payent pas l'eau fournie par le GDA. Les groupements de développement agricole, qui croulent sous les impayés, recontrent, à leur tour, de grandes difficultés de paiement. Pour les forcer à payer, des sanctions sont prises à l'encontre des mauvais payeurs. On leur coupe soit l'eau, soit l'électricité», a observé le commissaire régional. Dans la région de Sidi Bouzid, les terres agricoles s'étendent sur une superficie de près de deux cent mille hectares. 140.000 sont consacrées aux grandes cultures céréalières, 20.000 ha à l'arboriculture et 30.000 ha aux zones irriguées alors que le reste des terres est réparti entre forêts et production de fourrages. Les énormes quantités d'eau utilisées pour les grandes cultures céréalières ont fini par épuiser les nappes profondes surexploitées. De petits agriculteurs exploitent illégalement des terres jouxtant les périmètres irrigués et détournent, de façon illicite, l'eau fournie par les GDA, augmentant, ainsi, la pression sur les ressources hydriques de la région. «Les ressources hydrauliques sont en train de s'épuiser, note le commissaire régional au développement agricole de la région de Sidi Bouzid. L'extension anarchique et illégale des périmètres irrigués et le recours du branchement illicite ne font qu'accroître davantage la pression sur ces nappes. Pour préserver les ressources en eau de la région, il faudrait réduire la surface consacrée aux grandes cultures céréalières et développer l'arboriculture qui consomme moins d'eau». La mauvaise gestion et l'organisation des groupements de développement agricole (GDA) expliqueraient la gestion irrationnelle des ressources hydriques de la région, a, en outre, ajouté le commissaire régional, insistant sur la nécessité de revoir le fonctionnement de ces GDA. Plus au sud, l'eau constitue également un problème majeur. A Tozeur, une partie des eaux provenant du réseau de la Sonede et fournie par les GDA est détournée pour alimenter des terres exploitées de façon illégale, alors qu'elles appartiennent au domaine l'Etat. «Le ministère du Domaine de l'Etat et des affaires foncières doit récupérer les terres appartenant à l'Etat et qui sont exploitées de manière illégale», a, à son tour, souligné le commissaire régional de Tozeur, Mansour El Kacem. Dans la région de Gafsa, la sécheresse, qui a sévi au cours des trois dernières années, n'a pas détruit les cultures fruitières et les oliveraies sauvées par l'irrigation tractée qui a permis d'alimenter en eau des milliers d'hectares. Mais il n'y a pas suffisamment de puits pour pouvoir renforcer l'alimentation en eau d'irrigation et les agriculteurs ne payent pas la redevance au GDA, contraignant ainsi la Steg à le priver d'électricité Certains en profitent, en outre, pour se connecter de façon illicite sur le réseau de la Sonede. Enfin, une grande majorité d'agriculteurs, qui ont contracté des crédits pour développer des projets agricoles, sont endettés et ont du mal à s'acquitter de leurs dettes. «Beaucoup d'agriculteurs sont endettés, a noté le commissaire régional au développement agricole de Gafsa, Mohamed El Grissi. Or, il faut encourager les projets agricoles dans la région. Il faut trouver une solution, pour permettre aux agriculteurs de s'acquitter de leurs dettes et de mener à bien les projets agricoles. Il faut soit rééchelonner leurs dettes, soit supprimer les taux d'intérêts».