Freddy Cole, au chant et au piano, a emporté son public... Le public de Jazz à Carthage est allé, mardi dernier, à la rencontre d'une figure très respectée dans le monde du jazz américain. Le chanteur et musicien Freddy Cole, in situ, jouant de son piano, a donné des leçons de swing et de rythmique. Le nom de famille est surtout rattaché à son grand frère, l'immense Nat King Cole, qui a eu une influence majeure sur le jeune Freddy. «J'ai commencé à jouer du piano à cinq ou six ans», se souvient-il. Comment ne pas y succomber alors que la maison de son enfance à Chicago recevait les plus grands ! A l'instar de Duke Ellington, Count Basie et Lionel Hampton ou Billy Eckstine. « Je ne suis pas mon frère, je suis juste moi », comme il le chante dans I'm not my brother, et il est vrai qu'il est parvenu à se créer sa propre personnalité musicale malgré l'immense ombre de son frère aîné. Ses 83 ans n'ont pas eu raison de son immense talent et de son charme. C'est un grand homme qui nous est apparu sur scène. L'âge a, bien entendu, quelque peu arqué sa grande ossature, mais l'homme, se tenant droit, a quitté par moments son piano pour se tenir devant le public. «I'm not alone», disait le crooner, qui nous a offert des ballades de jazz et nous a chanté, avec sa voix profonde, son Chicago natal en faisant parler son piano, accompagné d'excellents musiciens : batterie, basse et guitare. Le grand sens du swing de Freddy Cole n'a pas tardé à emporter une audience qui, des fois, a oublié d' «écouter» en s'empressant de réponde avec des applaudissements parfois hâtifs, excessifs ou encore rythmés. Vers la fin, le chanteur, sensible, qui a été généreux jusqu'au bout, a cloué son programme, debout sur scène, avec un succulent morceau rythmé. «In my heart», reprenait-il en refrain, en s'adressant au public qui a repris le rythme en applaudissant. En réponse à cela, le chanteur, avec les musiciens, a enveloppé ses mélodies de tonalités samba, allant jusqu'à se permettre de timides déhanchés. Une standing ovation a bien entendu accompagné le départ de l'artiste. Bravo ! La suite fut assurée par la douce voix de la Guatémaltèque Gaby Moreno. Difficile de faire mieux après Freddy Cole, mais elle a su, quand même, avec un style qu'elle veut sien, alternant entre morceaux en anglais et en espagnol, régaler le public. Ses chansons parlent de la poursuite de son rêve : celui de faire la musique qu'elle veut. Un rêve qui s'est concrétisé aux Etats-Unis, où elle se produira en première partie des tournées de Tracy Chapman et Ani Di Franco, et où elle verra plusieurs de ses chansons illustrer les séries américaines populaires des chaînes NBC, ABC ou encore MTV. Entre blues espagnol et soul, s'appuyant sur un timbre de voix exceptionnel, Gaby Moreno a vibré de fraîcheur et de talent ce soir-là.