La sixième édition de Jazz à Carthage by Tunisiana a démarré le vendredi 9 avril 2010. Deux univers musicaux ont scandé la soirée d'ouverture. La première partie était assurée par Jacinta Trio, la deuxième a vu se produire, pour la première fois sur la scène de Jazz à Carthage, Amine et Hamza Mraïhi… Comme l'année dernière, la pluie était au rendez-vous. Mais cette invitée impromptue n'a pas découragé les centaines de convives qui sont venus à la soirée inaugurale de Jazz à Carthage. Pour le coup d'envoi, de la sixième édition, « How deep is your love » des Bee Gees a été le premier titre qu'avait interprété la chanteuse Jacinda accompagnée par Pedro Costa au piano et Paulo Gravato au saxophone. Le trio avait placé la première partie de la soirée sous le signe de la redécouverte des tubes des années soixante, soixante-dix et quatre-vingts. Une redécouverte qui se fait dans la réappropriation des standards des Bee Gees, de U2, de Ray Charles ou encore de Barry White, en leur conférant un aspect jazzy. Née au Portugal, Jacinda a suivi des cours de musique et de chant classique mais c'est pour le jazz qu'elle se passionne. Cette passion la conduira aux Etats-Unis et au Brésil. Elle mêle sa formation classique aux rythmes du jazz afin d'apporter une nouvelle perception musicale qui s'inscrirait à mi chemin entre la musique occidentale moderne et les tempos de la musique noire américaine. L'improvisation instrumentale des deux musiciens et la voix chaude de Jacinda ont suscité l'intérêt du public. Avec un répertoire varié et une performance vocale enivrante, Jacinda Trio a conféré à la salle une atmosphère nostalgique où les grands noms de la chanson ont été mis à l'honneur. Le rythme a changé dans la deuxième partie de la soirée. Avec Amine et Hamza Mraïhi, c'est respectivement le oud et le kanoun qui ont entraîné le public dans un mélange acoustique où l'oriental à l'occidental s'est joint. En effet, violon, piano, percussion, alto et cello ont accompagné les deux frères Mraïhi dans une variation de rythmes à la mélancolie sous-jacente. Une mélancolie qui s'est accentuée avec la voix de Maroua Kriaa. Le timbre de la jeune interprète attirait l'attention mais il lui manque encore la maturité qui ne s'acquiert qu'avec un travail assidu. Néanmoins, la voix a accompagné les instruments dans les ballades et les morceaux extraits du dernier opus des Mraïhi : « Perpetual Motion ». Le jeu juste et sensible, sensuel et émouvant qui effleure l'âme a su saisir les spectateurs. Les échanges entre les différents instruments étaient un ravissement auditif. « All the things you are not » ou « Meni nessi » ont été parmi les morceaux interprétés. Des morceaux qui illustrent le talent des frères Mraïhi et le renouveau qu'ils apportent à la sphère musicale tunisienne. Habitués des scènes nationales et internationales, Amine et Hamza Mraïhi ont su conquérir les fidèles du festival Jazz à Carthage. Avec deux perceptions différentes, la première soirée de la sixième édition de Jazz à Carthage by Tunisiana a été l'occasion de réunir la rive Nord et la rive Sud sous la houlette jazzy…