«Un beau jour, toutes les femmes ont disparu. Face à une telle absence, quelle serait la conduite de l'homme dans ses tâches quotidiennes?» La productrice et réalisatrice Najoua Limam Slama a présenté, mercredi dernier, en avant-première, son nouveau court-métrage Une journée sans femme. Tout comme dans son premier film, Tiraillements, la femme est au centre de l'action. Ce sont pourtant les hommes que l'on voit en premier dans Une journée sans femme, d'une durée de 28 minutes. En fait, au début, on ne voit qu'eux : à la maison, au bureau ou dans les champs. La femme est un hors champ qui intrigue les hommes par son absence soudaine et inexpliquée. A cause de ce phénomène, la vie privée et publique des hommes est chamboulée pendant quelques heures... Pendant l'avant-première, Une journée sans femme a été présenté par la cinéaste et membre de l'assemblée constituante Salma Baccar, qui fait une brève apparition à la fin du film. Elle a rappelé l'importance de la bataille que la femme tunisienne mène et doit continuer à mener pour garantir ses droits. Le court-métrage de Najoua Limam Slama adopte d'ailleurs la forme et la structure d'un spot de sensibilisation. Son message est que, sans les femmes, la roue de l'économie ne pourrait tourner, et la vie des hommes serait pure folie. Il est en effet beaucoup question d'économie dans Une journée sans femme. Le film est soutenu financièrement par un groupement industriel tunisien. L'on sent que l'histoire du film — les secteurs d'activité qui y sont décrits — a été « arrangée » pour coller aux produits de ce groupement. Même l'affiche semble être aux couleurs de ses marques. En l'absence de subvention de la part du ministère de la Culture, comme c'est le cas ici, le financement privé est indéniablement une aubaine pour le cinéma tunisien, mais il ne faudrait pas qu'il devienne une limite pour l'œuvre et son propos. En l'occurence, ce film nous semble effleurer la surface du problème du droit des femmes. Il y a, en effet, des pays où les femmes ne travaillent pas en dehors de la maison ou n'ont pas besoin de le faire et qui, de plus, ont des serviteurs pour s'acquitter à leur place des tâches ménagères... Ces femmes ne bénéficient pas pour autant de tous leurs droits en tant qu'êtres humains.