Fraîchement élu, le président du Syndicat national des journalistes tunisiens évoque ici comment le syndicat compte négocier la prochaine échéance électorale, les priorités du nouveau bureau, ainsi que sa position concernant la polémique autour des cahiers des charges élaborés par la Haica. Face à la prochaine échéance électorale, comment le Snjt compte négocier cette étape et quel rôle jouera-t-il afin que le secteur soit en harmonie avec la déontologie et solidaire du processus démocratique ? Pour la réussite des prochaines élections présidentielle et législatives, plusieurs conditions doivent être réunies, dont notamment des élections libres, démocratiques et transparentes. L'une des autres conditions est la liberté et l'indépendance des médias, qui sont un des éléments qui accompagnent le bon déroulement du processus électoral. Sinon, les élections ne peuvent être libres et transparentes. Pour cela, le rôle et l'action du Snjt se situent sur deux niveaux importants: d'abord l'encadrement et la formation des journalistes qui auront pour tâche de couvrir les élections. Ensuite, le monitoring, autrement dit l'évaluation du contenu des médias, notamment publics, entre presse écrite et audiovisuelle, afin de mesurer à quel point ils ont fait preuve d'objectivité, d'indépendance et qu'ils ont respecté l'éthique déontologique du métier. Je vous rappelle que nous avons déjà entrepris cette action de monitoring lors des élections de 2004 et de 2009, avec la collaboration de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (Ltdh), l'Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) et l'Union européenne. Nous avons également effectué le travail lors des élections post-révolution du 23 octobre 2011, avec la collaboration de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) et l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (Inric). Bref, le monitoring consacré aux prochaines élections sera couronné par un rapport évaluatif qui mesurera et montrera à quel point les médias ont été neutres, objectifs et ont fait preuve de respect de l'éthique déontologique. Quelles seront, d'autre part, les priorités du nouveau bureau du Snjt ? Et que comptez-vous faire concrètement afin d'améliorer la situation matérielle des journalistes ? Parmi les priorités du nouveau bureau : la défense de la liberté de la presse et d'expression, mais aussi et surtout la protection des journalistes au niveau moral et physique et l'amélioration de leur situation matérielle. Sachez que, lors de leur travail sur le terrain, les journalistes sont confrontés à plusieurs problèmes, dont des agressions verbales et physiques. Et les exemples sont légion: le mercredi 23 avril, des collègues ont dû boycotter la conférence du Syndicat des forces de l'ordre (Unsfst) pour protester contre les agissements de certains agents de sécurité qui ont agressé verbalement et proféré des menaces contre l'un de nos confrères. Autre exemple : le ministre de l'Education, Fathi Jarray, a, il y a quelques jours, procédé à une opération d'intimidation d'un confrère. Cela sans compter les agressions physiques dans les stades et lors des divers sit-in et manifestations de protestation qu'a connus le pays. Ainsi, en protégeant moralement les journalistes, on assure le droit des citoyens à l'information. Car le journaliste n'est qu'un intermédiaire au service du citoyen. D'où la nécessité de le protéger physiquement et moralement. Notre rôle consistera également à améliorer la situation matérielle des journalistes. Nous n'accepterons plus qu'un journaliste travaille à plein temps, du matin au soir, en tant que pigiste ou collaborateur externe, sans contrat. Nous œuvrerons pour que les journalistes bénéficient de contrats clairs, soit à durée déterminée ou indéterminée, suivant les lois actuelles, en attendant de les changer. Nous n'accepterons plus qu'en l'absence d'un salaire honorable le journaliste puisse céder à toutes sortes de tentations matérielles. Il est du devoir de notre bureau de protéger les hommes du métier de l'influence des lobbies politiques et économiques, afin qu'ils s'investissent entièrement dans leur métier de manière neutre et objective, apportant une information fiable et crédible aux citoyens. Afin d'atteindre ce but, nous veillerons à appliquer le Code du travail, la convention collective de la presse écrite et les lois-cadres de la radio et de la télévision. Car, actuellement, en majorité, le salaire des journalistes ne correspond pas à leur rôle dans la société et aux efforts qu'ils fournissent, et il est temps, surtout après la révolution, qu'ils bénéficient de tous leurs droits. Quelle est la position du Snjt concernant les cahiers des charges élaborés par la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) par rapport aux arguments de la Haica et des dirigeants des médias audiovisuels ? La Haica est incontestablement un acquis pour la liberté de la presse. C'est une instance qui a permis de barrer la route à la mainmise du pouvoir sur les médias et a, du coup, favorisé leur indépendance. Concernant les cahiers des charges élaborés par la Haica, disons que nous avons pris le train en marche. Nous allons étudier les documents concernant la position du bureau précédent pour être édifiés. Mais ce qui est sûr, c'est que nous serons à l'écoute de l'inquiétude des directeurs des médias audiovisuels, mais aussi de la Haica. Car nous croyons ferme que le dialogue et le débat peuvent rapprocher les points de vue et mener à la conciliation. Snjt : le nouveau bureau La nouvelle composition du Bureau exécutif se présente comme suit : - Neji Bghouri, président - Soukaina Abdessamad : secrétaire générale - Aida Hichri : secrétaire générale adjointe - Khemais Arfaoui : trésorier - Nabil Sedraoui : trésorier adjoint chargé des régions - Saida Hammami : chargée des affaires professionnelles - Chokri Bassoumi : chargé des affaires sociales - Zied Dabbar : chargé des relations extérieures - Youssef Oueslati : chargé du règlement intérieur