L'Acid est un moyen extraordinaire pour la circulation des films dans le monde Depuis quelques semaines, le film le Challat de Tunis s'affiche sur nos écrans. Les avis sont partagés et même trop sur ce film réalisé par Kaouthar Ben Hania et produit par Habib Attia, mais c'est le propre du cinéma. Il propose un point de vue avec lequel on est d'accord ou pas... Mais Challat a également introduit en Tunisie un nouveau genre de documentaire, qui n'est pas le docu-fiction comme certains le pensent, mais plutôt ce qu'on appelle le «documensonge», ou ce que les anglo-saxons appellent le «mokumentary». Là aussi, on est dans un genre qu'on apprécie ou pas, mais le film est là et il ne semble pas avoir laissé indifférents les programmateurs de la section «Acid» (Agence du cinéma indépendant pour sa diffusion) au festival de Cannes, puisqu'ils comptent le mettre à l'affiche cette année et le programmer en film d'ouverture. Nous aimerions tout de même apporter une précision sur le fait que Acid est tout à fait différent du «short film corner» au festival de Cannes, qui est un espace offrant des services moyennant des honoraires pour mettre les courts métrages à la demande d'un public désireux de visionner des films hors salles de projection. Il fallait au moins le dire par acquis de conscience parce que, chaque année, «ce short corner» crée la confusion dans les esprits. Cela dit, la précision n'enlève rien à sa valeur de communicante pour notre cinéma. L'Acid est, pour sa part, l'expression d'un groupe de cinéastes français rassemblés en association pour défendre une certaine vision du cinéma. Cela part d'un manifeste où on lit, entre autres, ce qui suit : «Où est la liberté des réalisateurs face à cette double censure de l'audimat, du «prime-time» et du «ciné-chiffres» ? Il s'agit pour les cinéastes de résister, de ne pas se laisser imposer une morale qui ne pense qu'en termes de classement, de hiérarchie, d'exclusion». Il s'agit également d'un contre-pied à la valeur commerciale imposée par le cinéma américain et une volonté de sélectionner les «nouvelles fraîches » et créatives venues du monde entier. C'est dans cette section que le Challat de Tunis figurera cette année et, au-delà de toute considération, il s'agit d'un point positif pour le cinéma tunisien qui peine à percer sur la scène internationale ces dernières années. Oui ! lâchons le mot : il nous faut un film tunisien dans le «cercle des sages» des grands festivals, parce que c'est comme ça qu'on se donnera un peu de visibilité, indépendamment de nos querelles intestines qui, à notre avis, sont de l'ordre de l'humeur et de l'amour-propre, sans plus. Autre apport positif de cette sélection, c'est que l'Acid est un moyen extraordinaire pour la circulation des films dans le monde. Rappelons que cette association sélectionne uniquement neuf films par an et que le comité de sélection est composé d'opérateurs du marché et de distributeurs. Durant la précédente session 2013, tous les films sélectionnés ont été distribués sur les écrans du monde et on sait à quel point les temps sont durs pour trouver un distributeur aux films tunisiens. Il est temps de penser à la distribution de nos films et pas uniquement au prestige de figurer au festival de Cannes... Car, à tout prendre, la sélection officielle de ce prestigieux festival a pris des connotations géopolitiques avec des réalisateurs très connus ...