Sans convaincre, la bande à Lemerre a remporté dans la douleur le match qu'il ne fallait pas perdre. La deuxième manche de la rencontre face aux Guinéens de Horoya Conakry ne s'annonçait guère comme une partie de plaisir.Le score vierge du match aller est certes un résultat probant, mais compliqué à gérer, surtout dans la tête des joueurs, soumis à un rythme infernal et subissant la pression constante d'un entourage de plus en plus exigeant. D'autant que les coéquipiers de Tej sont confrontés ces derniers temps à un certain blocage quand ils évoluent dans leur fief. La déclaration d'après-match de Lemerre va dans ce sens : «C'était un match éprouvant, car même avec un but, la situation demeurait compliquée, puisqu'on n'était pas à l'abri d'un but adverse». Une crispation pénalisante L'enjeu était de taille pour les coéquipiers du capitaine Ghezel. Il faut avouer qu'une élimination aurait tout simplement eu pour effet de chambouler tous les plans du club pour la suite de cette saison mais aussi pour le prochain exercice. L'enjeu a fini par installer une certaine crispation avec un manque de percussion dans le jeu de l'Etoile, notamment dans les derniers trente mètres de l'adversaire. De plus, la tâche de Bounedjeh, Mouihbi, Jebali, Tej et consorts s'est ultérieurement compliquée par la gestion ultra-défensivie du match par les Guinéens. Ces derniers ont opté pour un 4-5-1 s'articulant autour d'un double rideau défensif, un dispositif qui a eu pour effet d'étouffer le jeu technique des Sahéliens et de les priver d'espaces. Il était clair que les protégés de Traoré cherchaient à orienter la rencontre vers l'épreuve des penalties, chose qui a été clairement avouée par le coach guinéen en fin de rencontre. Une telle situation s'est alourdie par l'absence d'accélération et le manque d'inspiration à l'approche de la surface de réparation adverse, de la part notamment de Jebali et Bounedjeh, ceci malgré les efforts considérables de Mouihbi qui a tenté, à lui seul, de déjouer le dispositif adverse. Pour revenir à Jebali (le mal-aimé du public étoilé), ce dernier a paradoxalement pénalisé le jeu de ses coéquipiers par sa lenteur et surtout son positionnement approximatif sur le terrain,au point de gêner les manœuvres de ses coéquipiers. Il a été tout bonnement un véritable handicap pour le plan de jeu de son équipe. Il a intérêt à se remettre en question au plus vite et à travailler davantage sa solidité mentale. L'autre fait important, qui a freiné la performance de l'équipe sahélienne, c'est cette obsession à jouer systématiquement les balles aériennes dans les 16 mètres adverses, en faisant fi du gabarit impressionnant du portier sénégalais de l'équipe guinéenne, Khadim N'diayé. Ce dernier a réussi à couper la trajectoire de toutes les balles qui passaient dans sa zone sans la moindre difficulté. Ce constat morose a été balayé à la 83' par le geste technique somptueux de Lahmar, qui a fini par débloquer la situation au moment où on s'acheminait — non sans frayeur côté étoilé — vers l'épreuve fatidique des tirs au but. Personne ne peut nier les qualités techniques du playmaker étoilé, mais il est temps que ce dernier passe à un palier supérieur et ne se contente plus de tirer les coups de pied arrêtés. Il doit travailler davantage sa puissance physique, sa vitesse d'exécution et son travail défensif à la perte du ballon, sinon ce serait un énième gâchis pour l'Etoile et pour le football tunisien. Espérons que ce but donnera au talentueux Hamza des ailes pour un meilleur impact sur le jeu de son équipe. Bounedjeh, la pluie et le beau temps! La rencontre de dimanche a permis de mesurer les extrêmes d'un Bounedjeh capable de sceller à lui seul le sort d'une rencontre mais aussi de pénaliser son équipe, sans oublier le tempérament fantasque à répétition de l'Algérien et qui a joué de mauvais tours à son équipe. En effet, le canonnier étoilé a été de tous les coups, en faisant preuve de sa coutumière mobilité, avec ses appels de balle incessants.Mais cette fois-ci il a péché par des déchets techniques et un excès d'individualisme dans le jeu qui ont failli coûter cher à son club. On a eu la nette impression qu'il cherchait beaucoup plus l'exploit individuel que l'intérêt de l'équipe, d'autant plus que l'équipe adverse a tout fait pour le priver d'espaces afin d'asseoir son jeu habituel. Il a même fini par exaspérer l'assistance par son entêtement à trouver individuellement la faille. Dans l'entourage de l'équipe, on a tendance à justifier les maladresses de l'Algérien par sa jeunesse(22 ans), rendant la marge de progression de Bounedjeh importante. Le directeur sportif Z. Jaziri a même avoué que ce dernier est en train de peaufiner son apprentissage avec l'équipe sahélienne. Au final, l'Etoile a certes assuré sa qualification pour la phase des poules de la coupe de la CAF, mais les coéquipiers de Ghezel savent pertinemment que le plus dur est à venir et qu'il va falloir faire preuve de force de caractère et surtout de régularité.