Belle empoignade entre Clubistes et Bardolais. Le derby a tenu ses promesses sur tous les plans. Le public présent en a eu pour son argent et nous eûmes droit à un heureux vainqueur et un beau vaincu. Les puristes présents à El Menzah sont unanimes. Si le grand club du Bardo avait évolué de cette manière durant la majeure partie de la saison, il jouerait actuellement les places d'accessit. Une équipe de choc et de charme, voilà le «profil» proposé par Lassâad Dridi. Un Stade d'attaque au jeu plaisant, débridé et vivace. D'ailleurs, n'eût été la «providence», le CA aurait tout au plus partagé les points avec un adversaire nullement recroquevillé mais aux intentions claires dès les trois coups. En face, le CA version Kbaier s'est illustré par la fougue de ses jeunots, le métier de ses cadres, le tout agrémenté par les coups de semonce de l'insaisissable lutin algérien Abdelmoomen Djabou. C'est peut-être là où se situe la différence entre le CA et le ST. En dépit de l'arrivée de renforts de valeur (lors de l'intersaison), le Stade peine à enfoncer le clou quand l'adversaire est mis à mal (les Bardolais on raté le break une minute après l'égalisation à deux partout). Domination relative des Stadistes en seconde période via une monopolisation du ballon. Enchaînements offensifs de qualité. Elévation du rythme mais manque de lucidité à l'approche des cages adverses. Il faut dire que la pression imputable à la situation globale du Stade-Tunisien était plus que palpable (signes de nervosité et précipitation en fin de rencontre). Qu'à cela ne tienne, ce Stade-là tel que proposé par Dridi n'a pas à rougir de ce revers. D'ailleurs, n'eût été l'expulsion de Abbés (buteur quelques minutes auparavant), le score aurait pu basculer en faveur des Bardo Boys. Même en première période, les occasions n'ont pas manqué côté bardolais. Il faut dire que l'effectif stadiste est de qualité. Karim Aouadhi, Lamjéd Chehoudi, Abbés, Ala Marzouki et autre Jelassi méritent amplement de jouer dans la cour des grands. Comme l'a noté le head-coach, si ces renforts étaient là en début de saison, le Stade ne serait pas actuellement en queue de peloton. L'heure n'est toutefois pas aux regrets. Le Stade a encore son destin en main. Il lui suffit d'enfiler les buts et d'aligner les victoires. Le reste coulera de source. La fin justifie les moyens Un CA à forte ossature de jeunes a donc battu le Stade Tunisien sans pour autant survoler les débats. C'est le propre des grandes équipes. Forcer son destin sans être conquérant. La maîtrise technique était stadiste mais la détermination était clubiste. Et puis, les individualités du CA ont fait la différence. Dhaouadi et Djabou sont passés par là et le Stade a dû se rendre à l'évidence...Cependant, Kbaier a encore du pain sur la planche. La défense est encore fébrile et n'eût été Korbi à la récupération (second rideau), le Stade aurait pu revenir de nouveau dans le match. Il fallait composer avec la pression de fin de rencontre et l'antijeu de certains éléments «rouge et blanc» (n'est-ce pas Atef Dkhili). Le Stade a joué «la montre» et cet exercice demande des nerfs d'acier et un mental inébranlable. En face, les jeunes pousses clubistes ont fait le «job»' et la fin a forcément justifié les moyens. Oudherfi, Malick Touré, Chihéb Jebali, Dridi, Bouslimi (en baisse) et autres Haddedi ont ainsi relégué quelques cadres (Zitouni, Maher Hadded, Ezechiel, Agrebi et consorts) sur le banc de touche, donnant raison à un staff technique qui ne jure plus que par la cohésion de groupe, la discipline et la maîtrise des egos. A voir l'envie qui anime Bilél Ifa (revenu de loin après une longue traversée du désert), l'on ne peut que se ranger du côté du trident Kbaier-Mkacher-Louhichi. Une remarque s'impose toutefois pour le staff technique. Quel message voulait-on passer aux joueurs en incorporant un défenseur en lieu et place d'un milieu alors que le CA jouait en supériorité numérique ? Et puis, quelle mouche a piqué le portier international Atef Dkhili en fin de partie ? Eviter la perte de temps équivaut à respecter l'adversaire ! Mais c'est une question de mentalité... Enfin, «le vainqueur a toujours raison» dit le dicton. Adossé à un Djabou des grands jours et à un Dhaouadi «jouvenceau», le CA a fini par mater le Stade Tunisien. La classe du jeune Oudherfi aidant, le club de Bab Jédid retrouve des couleurs et se positionne dans l'optique de la très convoitée troisième marche du podium. Le Stade Tunisien, quant à lui, doit absolument construire sur l'existant et jouer ses chances jusqu'au bout. «Vivre avec les regrets, c'est mourir à petit feu». Le Stade n'en est pas encore là !