La nouvelle pièce de danse théâtrale de Tarek Ben Hamida a été jouée dans la salle du Quatrième art avant-hier. «LamBadosa» est une série de tableaux, où la danse, le théâtre et le chant se mêlent. Le décor est très minimaliste : des cordes d'acrobatie et une chaise. Dans une obscurité presque totale, on entend le sifflement d'un train et la voix d'une hôtesse qui oriente les passagers vers la destination de « Lampedusa ». Un acrobate, suspendu, exécute des numéros... Une performance dont on se demande un moment quel pourrait être le lien avec le thème de la pièce, celui de l'immigration clandestine. Dans le second tableau, on aperçoit à peine les silhouettes des acteurs qui jouent. Lumière tamisée en rouge vif, musique qui suggère la frayeur et la tristesse, et qui met en avant la tonalité dramatique de la pièce... Sept acteurs, quatre filles et trois hommes, tous habillés en noir, effectuent des pas de danse lents qui s'accélèrent ensuite. Ils se regroupent, se séparent, tombent, se relèvent... Ils dégagent dans leurs mouvements une violence qui traduit de la colère. Le jeu d'acteurs dans la pièce est soumis à un rythme lent, saccadé parfois. La pièce alterne communication verbale avec communication corporelle. Dans la première partie, la parole est absente. Ce sont les corps qui s'expriment par le mouvement. Les héros, ensemble ou en solo, nous présentent des bribes de tableaux qui résument une vie, un vécu commun, et la douleur intense d'un rêve inachevé. Les prestations des chanteurs de rap qui interviennent sur la scène dans plusieurs tableaux cassent le rythme et l'harmonie de la pièce. On a l'impression qu'on assiste à des performances de danse, de chant et de théâtre en solo. Ce mélange des genres brouille la trame évolutive du texte. Les brefs passages d'un protagoniste, incarnant tantôt la voix de la sagesse, tantôt se glissant dans la peau de l'humoriste, nuisent à l'intrigue. La pièce s'achève avec des témoignages sur l'avenir, sur l'amertume de la vie. Dans le dernier tableau, les acteurs se regroupent, courent dans tous les sens, se figent, marquent un temps de silence, puis quittent la scène un par un. La pièce de Tarek Ben Hamida sera présentée dans quelques jours sur les planches du Théâtre municipal de Tunis.