Kamel Ben Naceur, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, a dressé hier, en détail, le bilan de ses 100 jours. Un bilan qui se distingue par l'apaisement des tensions sociales et la reprise du secteur des phosphates. Néanmoins, on ne peut en dire autant de la production du pétrole brut, en baisse à cause notamment du flou de l'article 13 de la Constitution Le ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines a de prime bord rappelé les priorités de son département. Il s'agit d'abord, d'améliorer la productivité du phosphate et dérivés. Ensuite, d'augmenter les investissements dans le secteur de l'industrie et d'améliorer l'environnement des affaires. Enfin, de renforcer le système d'approvisionnement énergétique et maîtriser la consommation d'énergie. S'agissant de la production du phosphate, le ministre a fait savoir que la production a doublé entre 2013 et 2014. Elle est passée de 0,67 million de tonnes au cours des quatre premiers mois de 2013 à 1,35 million de tonnes, pendant la même période de 2014, en dépit des tensions sociales ayant marqué les deux premiers mois de l'année. Néanmoins, le ministre a souligné que le pays demeure encore loin des chiffres de 2010, où, au cours de la même période, la production avait atteint 2,5 millions de tonnes. «Pendant ces 100 derniers jours, nous avons enregistré une nette amélioration du transport du phosphate. En effet, plus d'un million de tonnes ont été transportées par voie ferrée, soit une amélioration de 70% par rapport à la même période de 2014», a indiqué le ministre. Toutefois, il a noté que les quantités exportées par le secteur ont connu une baisse de 12,7%, due principalement à la baisse de la demande internationale, au cours du produit ainsi qu'à l'agressivité accrue de la concurrence internationale ». Il a rappelé, à ce titre, que le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, avait indiqué, lors de la conférence de presse, à l'occasion du bilan des 100 jours du gouvernement, que les pertes du secteur phosphatier en 2014 s'élèveraient à 3 milliards de dinars, assurant qu'il ne saurait désormais y avoir de complaisance face à la situation d'un secteur aussi névralgique en termes de ressources de l'Etat. De son côté, le ministre de l'Industrie a affirmé qu'au cours de cette année, la production ne dépassera pas les 5 millions de tonnes, contre 8 millions en 2010. Dans le même ordre d'idées, et en matière d'avancement de grands projets, Kamel Ben Naceur a fait savoir que le projet minier de Sra Ouertane est en cours d'études de faisabilité technico-économique. Par contre, certains grands projets semblent encore bloqués, à l'instar de ceux de Mdhilla 2 et de Tifert. A ce titre, il a déclaré que des discussions sont en cours, avec différentes parties concernées afin de trouver les solutions adéquates et débloquer la situation. Aucun puits d'exploration n'a été réalisé en 2014 En matière énergétique, la production brute du pétrole et du gaz naturel a enregistré une baisse de 14,5% alors que la demande nationale a augmenté de 5% entre 2013 et 2014, toujours pour les quatre premiers mois de l'année. Sans compter que le déficit de la balance énergétique a doublé pour atteindre 0.5 million TEP pendant la même période. D'un autre côté, le ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Mines a confirmé les déclarations de Mehdi Jomâa en matière de puits d'exploration. En effet, et pour la première fois depuis des années, aucun puits d'exploration n'a été réalisé, en 2014, contre 4 en 2013. Cela est dû, précise Kamel Ben Naceur, à plusieurs raisons, dont essentiellement, les grèves et sit-in sur plusieurs projet, les difficultés de conclure des contrats avec les sociétés de services pétroliers expertes ainsi que la non-ratification par l'Assemblée nationale constituante de plusieurs demandes de prolongation de permis ainsi que le flou relatif à la législation, notamment l'article 13 de la nouvelle constitution. Quant aux grands projets dans le secteur énergétique, le ministre a fait savoir que les projets avancent bien, et que pour certains, les sources de financement ont été assurées, à l'instar du projet Nawara (Gaz du Sud) (150 millions d'euros), fournis par la BAD. Evoquant la révision de la subvention énergétique, le ministre a indiqué que pour les cimenteries, la subvention a été réduite de 50%, en janvier dernier. Elle sera totalement levée en juin 2014. Une réduction qui a permis de faire baisser le coût de la subvention de 130 MD, avec un impact positif, sur le consommateur, puisque l'acheteur final ne paye que 7.5 dinars le sac. D'un autre côté, le ministre a rappelé l'augmentation des prix de l'électricité de 10% et du gaz de 12% pour la moyenne pression et de 10% pour la haute pression. La création de nouveaux paliers prix, explique le ministre, a permis d'atténuer, voire d'annuler l'impact, de cette augmentation pour les ménages à faibles et moyens revenus. Toutefois, en matière de compétitivité, le bilan n'est pas satisfaisant. La Tunisie a été, en effet, classée 83e selon l'indice de compétitivité de Davos. «Nous rappelons qu'en 2012, la Tunisie n'a pas été incluse dans cette classification et qu'en 2011, nous étions à la 40e position», a déclaré le ministre. Volet amélioration de la compétitivité, Kamel Ben Naceur a indiqué que 167 dossiers de mise à niveau ont été approuvés pour un montant global d'investissement de l'ordre de 124 MD, dont 8,8 MD de subvention de l'Etat. Quant au Programme d'appui à la compétitivité des entreprises et à la facilitation de l'accès aux marchés (Pacm), durant les 100 jours du gouvernement, 153 opérations de soutien ont été effectuées, contre 87 au cours de la même période de l'année dernière, portant ainsi le total des opérations à 495. D'un autre côté, les investissements industriels ont enregistré une baisse au niveau des intentions, de l'ordre de 12,7%. Par contre, au niveau des régions, certaines ont réalisé une augmentation des intentions d'investissement, de l'ordre de 112% à Gafsa, 203% à Tozeur, et de 16% à Jendouba. En matière de création d'entreprises, le ministre a précisé que le nombre de sociétés créées, au « Guichet Unique » est passé de 2.467 entreprises, fin avril 2013, à 2.861 à fin avril 2014, avec une tendance plus favorable pour les régions intérieures, dont Gafsa, Kebili, Le Kef, Tataouine, et Tozeur, contre une régression dans les régions de Béja, Bizerte, Gabès, Mahdia et Sidi Bouzid..... ». Sachant qu'on note une nette amélioration en matière de système de création de PME, notamment suite à l'efficience des centres d'affaires régionaux, et du projet d'étude qui sera effectué sur une durée ne dépassant pas une année », a conclu Kamel Ben Naceur.