Les besoins en Afrique subsaharienne sont ressentis dans des secteurs vitaux comme l'éducation, la santé, le tourisme, les TIC et la petite hydraulique rurale L'Afrique connaît depuis plusieurs années un regain de dynamisme économique dans un contexte de ralentissement de l'activité dans plusieurs régions du monde. Les prévisions montrent que l'Afrique connaîtra dans les prochaines décennies une croissance notable, notamment en matière d'infrastructure, de pouvoir d'achat ou d'exploitation des ressources. Par ailleurs, les opérateurs économiques s'accordent à reconnaître que l'Afrique sera la locomotive de la croissance mondiale, néanmoins, des fragilités demeurent dans les échanges sud-sud, sans pour autant négliger la volonté ferme des pays de lancer des initiatives envers l'Afrique, qui se multiplient depuis des années sans offrir à l'Afrique autre chose qu'une vision restrictive en tant que marché cible et moteur de la croissance mondiale. Le forum de Tunis, organisé récemment par l'Iace sur le thème: «La Tunisie et l'Afrique subsaharienne, pour une stratégie d'intégration durable », a été une opportunité pour positionner les nombreuses stratégies proposées par les différents pays, unions et institutions pour l'Afrique et, d'autre part, pour appréhender l'approche tunisienne en la matière. L'Institut arabe des chefs d'entreprise a présenté, lors des assises de ce forum, sa stratégie Tunisie-Afrique renouvelée, qui s'articule autour de trois grands axes : le développement humain, la logistique et les institutions. Ces axes sont les composantes du partenariat qui ont été présentées à l'ensemble des pays de la région et qui seraient portés par la diplomatie tunisienne, et plus généralement, par les différents acteurs dont l'action est tournée vers l'étranger. L'idée principale sur laquelle repose la stratégie proposée est que ces pays ne sont pas uniquement des marchés potentiels et que la Tunisie doit mettre en place des partenariats durables et multidimensionnels (politiques, économiques, culturels et scientifique), avec l'Afrique subsaharienne, c'est-à-dire l'ensemble de l'Afrique, excepté les pays de l'UMA (Algérie, Maroc et Mauritanie) et l'Egypte. Trois composantes de partenariat Volet développement humain, plus précisément, et en ce qui concerne la coopération technique, la stratégie vise la mise en place d'une coopération triangulaire qui ferait intervenir un bailleur de fonds tiers (BAD, BM..). Il s'agit de concevoir entre 2015 et 2020, des programmes adaptés (formation, mises à niveau sectorielles, stages...) et de trouver les financements conséquents. Car, les besoins en Afrique subsaharienne sont ressentis dans des secteurs vitaux, comme l'éducation, la santé, le tourisme, les TIC et la petite hydraulique rurale (forage des puits et adduction d'eau). En l'absence de moyens suffisants, le Gouvernement tunisien est invité à créer un fonds spécial du Trésor, géré par le ministère de la Coopération et doté d'une allocation annuelle de 2 millions de dinars. Ce programme quinquennal (2015-2020) financerait la formation (en courte durée) de 400 cadres de pays amis par an (soit 2.000 cadres au total). La composante du développement englobe aussi les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de la culture avec des programmes qui seront conçus durant la même période. Transport aérien : 20 nouvelles lignes sur l'Afrique subsaharienne La deuxième composante «logistique et commerce» est axée sur le transport aérien, maritime, le réseau bancaire, les investissements, les conventions de non-double imposition, les accords commerciaux, les secteurs porteurs et les champions. Concernant le transport aérien, la stratégie table sur une vingtaine de nouvelles lignes sur l'Afrique subsaharienne qui seront lancées d'ici 2018. «Les lignes doivent desservir des villes où une présence diplomatique ou consulaire est assurée. Cela est de nature à faciliter la délivrance des visas et à assurer un taux de remplissage minimum». Les nouvelles lignes doivent être en continuation afin de bénéficier de la cinquième liberté. «Cela suppose une certaine concentration sur l'Afrique de l'Est et Centrale». En outre, la période 2015 et 2018 verra la conclusion d'un accord de partenariat avec de nouvelles compagnies aériennes afin d'accroître les liaisons avec le Maroc, l'Italie et l'Egypte, qui serviraient alors de hubs. Pour ce qui est du transport maritime, la stratégie montre qu'il n'existe pas de lignes maritimes directes vers les ports d'Afrique subsaharienne de l'Est et de l'Ouest. «La Compagnie nationale de navigation (CTN) n'est pas en mesure de créer des lignes. Celles-ci ne seraient pas ainsi rentables et les délais d'acheminement sont trop longs». Il s'agit non pas de créer des lignes maritimes dédiées à l'accompagnement des exportateurs, mais d'exploiter celles existantes, aussi bien vers l'Afrique occidentale qu'orientale. Le principe est celui de l'acheminement des containers vers les grands hubs de transbordement. En 2015, des partenariats stratégiques seront conclus entre les armateurs internationaux et les sociétés d'exploitation des ports, d'une part, et la CTN (pour le transport en Méditerranée : Tunisie-hub), outre la création d'antennes de facilitation locales dans les hubs retenus en coordination avec les transitaires. Réseau bancaire L'existence d'un réseau bancaire national ou partenaire à l'étranger est d'une importance capitale, non seulement pour le financement de l'investissement et la facilitation des opérations de commerce extérieur, mais aussi pour l'étude des marchés à l'export, l'identification des partenaires crédibles, l'attraction des IDE, la réalisation de bénéfices susceptibles de rapatriement. La Tunisie n'a aucun réseau bancaire en Afrique subsaharienne, et ce, contrairement au Maroc. Néanmoins, « il n'est pas réaliste d'envisager le mise en place d'un réseau bancaire tunisien à court terme, qui serait présent en Afrique subsaharienne. Il faut donc inciter les banques locales, à travers la BCT, à conclure des accords de partenariats avec les réseaux français ou marocain afin d'assurer une présence, entre 2015 et 2016. Il s'agit, aussi, de densifier le réseau des correspondants directs des banques tunisiennes (2015-2020) ». Volet investissements, sur les 49 accords bilatéraux conclus entre la Tunisie et le reste du monde, 8 accords concernent les pays d'Afrique subsaharienne. De nombreuses économies africaines ont connu au cours de la dernière décennie des taux de croissance économique annuels moyens dépassant les 7%. Les années 2019-2020 seront consacrées à l'engagement d'un processus de négociation d'accords de protection des investissements avec plusieurs pays africains (Cameroun, Nigeria, Ghana, Guinée...). En l'absence d'un accord commercial préférentiel et fructueux avec les pays et les groupements régionaux d'Afrique subsaharienne, l'étude suggère la conclusion, entre 2015 et 2020, au moins de deux accords commerciaux préférentiels avec deux pays de la région, « quitte à faire des concessions au niveau de la réduction des droits de douane supérieures à celles obtenues ». Champions : conquête de nouveaux marchés Les champions sont des entreprises structurées, reconnues, qui ont une capacité de conquérir de nouveaux marchés en Afrique et dans le monde. Actuellement, ces entreprises sont trop rares. Les recommandations des cinq prochaines années tablent sur la création de chambres de commerce Tunisie-Afrique de l'Ouest, Tunisie-Afrique Centrale, favorisant, entre autres, l'obtention auprès de l'UE l'éligibilité des entreprises tunisiennes aux financements européens en matière d'infrastructure.