La fronde des petits clubs n'est pas prise au sérieux. Pourtant, elle risque de pourrir l'intersaison et d'avoir des conséquences catastrophiques sur le prochain exercice Ils n'ont pas beaucoup de moyens; ils n'en ont jamais eu. Jusque-là, ils ont essayé de se débrouiller et de vivoter, avec le peu dont ils disposent, mais cela ne suffit plus et tous sont menacés de mettre la clé sous le paillasson. Ce n'est pas que c'était mieux avant le 14 janvier mais, là au moins, ils vivaient d'expédients durables. La municipalité, le ministère et parfois même le gouvernorat, qui ne veut pas de grabuge, qui les réunissait parfois et résolvait le problème sous couvert d'hégémonie politique et de parti. Aujourd'hui que les masques sont tombés et que le sport n'est plus aussi porteur, sur le double plan de l'opportunisme politique et financier, les clubs sont livrés à eux-mêmes. Le ministère a bien consenti un effort, mais le promosport continue — justement — à supporter tout le poids du manque à gagner post-révolutionnaire. Encore heureux qu'une partie de l'argent qui allait dans les caisses noires et dans les poches de Zaba et sa bande de voleurs finisse dans celles de clubs qui crient famine. Mais tout ceci n'est pas réglementé et l'on agit toujours dans l'urgence pour cause de pression des clubs. La saison s'est achevée et nos clubs sont dans la dèche. Pour la préparation, le renouvellement des contrats, les recrutements, les salaires, les primes de rendement et surtout les arriérés, un été pourri se profile pour des dirigeants qui ne se bousculent plus aux portes des clubs. Et pour cause : cela ne donne plus aucun avantage, de quelque ordre que ce soit. Finies — momentanément — les liaisons dangereuses sport-football-politique, même si certains entretiennent aujourd'hui encore l'illusion d'utiliser leur statut de dirigeant sportif pour en faire un tremplin pour des objectifs politiques. Ceux-ci tomberont bientôt de très haut, parce qu'ils se trompent d'époque et de méthodes. Ils ne perdent rien à essayer et à attendre. Tout le monde les attend au tournant. Mais revenons plutôt à nos moutons. Une FTF d'une autre époque Qu'est-ce qu'on demande à une fédération de football post-révolutionnaire? Les mêmes objectifs que ceux exigés par celles qui l'ont précédée concernant les résultats. Soit une qualification à la CAN et un bon parcours en phase finale et la même chose concernant la Coupe du monde. Or, sur ces deux plans, les résultas sont calamiteux. Pour la CAN, pour le Chan également, dont nous détenions le sacre, et aussi pour la Coupe du monde où nous y enregistrons la seconde absence consécutive et dont nous sommes ces jours-ci spectateurs intéressés et frustrés à la fois. Mais il n'y a pas que cela. Une post-révolution, ça exige des réformes profondes et une moralisation du secteur. Or, l'état des lieux s'est ultérieurement aggravé. Sur le plan sportif, et nous venons de l'évoquer; sur le plan financier avec des clubs en totale faillite; et sur le plan de la morale et de l'éthique avec le pourrissement des relations clubs-FTF-Ligue et celui de l'arbitrage sur lequel pèsent de très sérieux doutes. Mais il y a pire encore : ce pourrissement est téléguidé par une fédération qui en a fait un fonds de commerce pour se maintenir en place et éviter, au passage, de rendre des comptes. Le Cnot ? Il est un spectateur passif et tout aussi intéressé. Pourtant, certains n'ont pas manqué de noter que son président est dans tous les médias et de toutes les manifestations. Jusqu'à se substituer au ministre lui-même et à vouloir s'imposer comme l'instance suprême du sport. Et si c'est cela, le Cnot et son président doivent alors rendre des comptes et mettre de l'ordre dans leur collège électoral, qui n'en finit pas d'accumuler les dérives, à l'instar de ce qui se passe dans toutes les fédérations. On retrouve donc là le même système, les mêmes intérêts, le même opportunisme et les mêmes résultats lamentables. Et c'est valable dans toutes les disciplines! Plus jamais comme avant! Même si la FTF et ses complices essaient d'étouffer l'affaire par tous les moyens (menaces, séduction, manipulation et autres méthodes familières à son président et à certains de ses membres), la rupture est bel et bien là. Montés au créneau, les «petits» clubs ne veulent plus revenir en arrière, d'autant plus qu'ils savent que ce bureau fédéral vit d'expédients et qu'il ne peut leur proposer des solutions financières et sportives crédibles et durables. Faisant face avec beaucoup de volonté et de courage à la redoutable machine de guerre d'Al Jary, ils ne comptent pas céder et s'affairent pour réunir les signatures pour faire chuter l'actuel bureau et provoquer une assemblée générale extraordinaire élective. C'est en bonne voie, même si les quelques téméraires, qui ont pris l'initiative, s'opposent à l'indifférence des grands clubs et plus généralement ceux de la Ligue I. Une «lâcheté» incompréhensible quand on sait que ces derniers n'arrêtent pas de s'attaquer à la FTF. Oui, mais uniquement pour leurs petits intérêts immédiats. Or, nos clubs ont, aujourd'hui plus que jamais, besoin de solidarité et de courage pour changer les choses. Alors, qu'ils cessent de se plaindre et de dénoncer en cachette !