En hibernation, depuis quelques semaines, le Dialogue national pourrait revenir au-devant de la scène politique. Mission : Reporter les élections et imaginer une trouvaille à l'imbroglio constitutionnel Le retour au Dialogue national pour trancher dans l'affaire du report des élections législatives et présidentielles au-delà de 2014 est-il devenu inévitable ? Face à ce fiasco de l'opération inscription sur les listes électorales, Chafik Sarsar, président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), s'est-il trouvé obligé de lancer la balle dans le camp du Dialogue national afin de ne pas assumer la responsabilité d'un éventuel report des élections et d'être accusé d'aller à l'encontre des consignes de la Constitution qui prévoit, dans ses dispositions transitoires, que l'opération électorale doive se dérouler impérativement avant la fin de l'année en cours ? Autant d'interrogations qui traversent actuellement la scène politique nationale d'autant plus certaines indiscrétions médiatiques laissent entendre que «des concertations sont en cours pour que le Quartet et parrain du Dialogue national réinvite les partis politiques signataires de la feuille de route à trouver une solution à cet imbroglio juridique dans lequel s'est enlisé le pays entre ceux qui sont pour le report des élections d'une part, et ceux qui, d'autre part, défendent farouchement le calendrier électoral élaboré par l'Isie et adopté par la Constituante, quitte à ce que les élections se tiennent devant des bureaux de vote vides». Le Dialogue national face à ses responsabilités Bien qu'il confie à La Presse qu'il n'a pas été jusqu'ici contacté officiellement sur le retour à la table du Dialogue national, Lazhar Baly, président du parti El Amen, considère qu'il «est impératif qu'on imagine ensemble une solution au fiasco enregistré par l'opération inscription sur les listes électorales». Qu'on le veuille ou non, face au rythme actuel des inscriptions, les prochaines élections seront vidées de tout sens et porteront un coup fatal à l'ensemble du processus de la transition démocratique. D'où la nécessité pour le Quartet d'assumer ses responsabilités et d'amener les partis politiques initiateurs de la feuille de route à reporter les élections et à mettre en œuvre un nouveau calendrier électoral qui permette aux Tunisiens encore indécis ou hésitants de rattraper le temps perdu et d'exercer pleinement leur droit de choisir leurs futurs députés et président de la République», ajoute-t-il. «Pour moi, conclut-il, l'affaire du report des élections dépasse largement les compétences conférées à l'Isie dont le président montre à travers ses déclarations, qu'il ne maîtrise pas les enjeux que pourrait engendrer la confusion actuellement. Le dialogue national qui a réussi à sortir le pays de la crise que tout le monde connaît est tenu de terminer le travail. C'est son rôle et sa mission de préserver la crédibilité de l'opération électorale». L'initiative est en train de mûrir Du côté de Nida Tounès, dont le président Beji Caïd Essebsi a été le premier à avoir appelé à ce que les élections aillent au-delà de 2014 allant jusqu'à proposer que l'élection présidentielle ait lieu en mars 2015, on insiste «sur l'urgence de garantir le plus large taux de participation possible au vote quitte à autoriser l'utilisation de la carte d'identité nationale le jour du scrutin bien que la loi électorale en vigueur l'interdise». Lazhar Akremi, membre de l'Instance constitutive de Nida Tounès, révèle : «Il existe à l'heure actuelle des concertations en vue de réactiver le Dialogue national et de le pousser à reprendre les choses en main. L'initiative est en train de mûrir. Au sein de Nida Tounès, nous applaudissons au retour des réunions du Dialogue national. L'essentiel est de faire le maximum pour éviter que le jour des scrutins législatif ou présidentiel, il y ait quelque trois millions ou plus de Tunisiens dans l'impossibilité de voter, par la faute d'une campagne d'inscription catastrophique sous le diktat de certaines parties qui font tout pour reproduire le paysage politique issu des élections du 23 octobre 2011». La crédibilité du processus électoral en danger «Avant de parler de report des élections, il est indispensable de prolonger la période d'inscription au maximum quitte à aller jusqu'au début octobre prochain, avant le démarrage officiel de la campagne électoral en prévision des législatives. Il y va de la transparence et de la crédibilité de l'essence même de l'opération électorale. Car, avec un niveau aussi bas d'électeurs enregistrés, les rendez-vous du 26 octobre et du 23 novembre prochains constitueront un désaveu cinglant de l'expérience de la transition démocratique», souligne Riadh Ben Fadhl, secrétaire général du Parti Al Qotb et membre de la direction du Front populaire. Que faut-il entreprendre afin de parer à la catastrophe dont les contours se dessinent de plus en plus ? «Face à la cascade d'erreurs commises par l'Isie et à l'entêtement des parties qui pensent profiter de la situation actuelle, nous considérons que le retour au Dialogue national s'impose comme une solution incontournable afin que les partis politiques tirent les leçons de ces fautes et rectifient les grandes lignes du processus électoral. Au cas où il y aurait consensus sur les nouvelles dates, l'Assemblée nationale constituante se chargera de l'adoption d'une nouvelle loi organique fixant le nouveau calendrier électoral», précise-t-il.