Nous l'écrivions sur ces mêmes colonnes il y a quelques jours. L'issue décisive de la bataille contre les terroristes dépend de l'utilisation d'hélicoptères de combat munis de mitrailleuses, de missiles, de système de vision nocturne, de radars, etc. Aux dernières nouvelles, la Tunisie semble sur le point d'acquérir, auprès des Américains, douze hélicoptères Black Hawk ainsi que du matériel militaire et sécuritaire. Selon nos confrères d'African Manager, «l'Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité (Dsca) a déclaré que la Tunisie cherche à se doter d'équipements et de moyens de soutien militaire, en l'occurrence une douzaine d'hélicoptères Black Hawk UH-60 de configuration standard, mais avec un équipement unique et personnalisé». Les hélicoptères seront acquis dans le cadre d'un marché déjà approuvé par le département d'Etat américain et dont le coût s'élève à environ 700 millions de dollars. Le communiqué de la Dsca, datant du 24 juillet 2014, précise bien que «la vente proposée permettra d'améliorer les capacités de dissuasion de la Tunisie contre les menaces régionales et de renforcer la défense de son territoire, ainsi que le soutien aux opérations de contre-terrorisme», précise l'agence dans une notification au Congrès. «La vente de ces hélicoptères UH-60 renforcera la capacité de la Tunisie à assurer des patrouilles frontalières, à réagir rapidement à toute éventualité et à assurer des opérations d'évacuation médicale pour ses forces aériennes et terrestres dans la lutte contre le terrorisme et les opérations de sécurité aux frontières.» Il s'agit en fait d'un gros marché. Les informations font état également de la fourniture «de 30 moteurs T700-GE-701D, de systèmes intégrés de GPS et de navigation à inertie, de mitrailleuses, de systèmes d'intégration de guidage de précision de fusées, de 9.100 roquettes Hydra 2,75 , de 100 AGM-114R missiles Hellfire, de modules de missiles Hellfire, de désignateurs laser infrarouge électro-optiques, de différents radars, de systèmes d'alerte et de systèmes de communication». La révélation de ce marché intervient deux mois et demi environ après les informations relatives au contrat d'achat des six hélicoptères Caracal de transport de troupes destinés à l'armée tunisienne. Les Français avaient voulu nous les refiler pour sept cent milliards de nos millimes. Ce contrat, qui demeure toujours obscur, et sentant le coup tordu, avait été démenti par un haut responsable du ministère de la Défense, avant d'être confirmé par l'ambassadeur de France à Tunis. Sitôt révélé, le nouveau marché de livraison de douze hélicoptères par les Américains n'a guère laissé l'opinion publique indifférente. Et pour cause. Les Américains ont tout fait pour encourager la prolifération des mouvements terroristes dans la région. Les exemples douloureux de l'Irak, de la Syrie et de la Libye en témoignent quotidiennement. Et on ne peut plus tragiquement, au gré de l'actualité sanglante, semant la mort, les guerres civiles et les démons de la partition à tout vent. Les mêmes Américains s'empressent de revendre aux pays concernés les armes destinées au combat de ces mêmes mouvements terroristes. Une manière de faire feu de tout bois, de garder deux fers au feu et d'assurer le pactole juteux du complexe militaro-industriel américain. La question lancinante s'impose. S'agit-il, pour la Tunisie, d'une espèce de mal nécessaire ou d'un énième marché de dupes ? Et pourquoi le gouvernement n'a-t-il guère communiqué sur ce marché, ses sources de financement, son opportunité ? Quid également du marché des six hélicoptères Caracal de transport de troupes que devaient nous revendre les Français ? Ici et là, mystère et boule de gomme. Au fait, à qui profite le mutisme ?