C'est à une harassante partie entre le chat et la souris que forces de sécurité et soldats sont confrontés, à la recherche des cellules dormantes. L'état d'alerte est désormais à son paroxysme. Du jamais vu ! De mémoire d'un vieil expert en sécurité, jamais notre pays n'a connu une mobilisation de soldats et policiers aussi importante et «envahissante» qu'en ce moment. Et pour en avoir le cœur net, il suffit de sillonner les artères des villes et les ruelles des localités les plus reculées du territoire. Ici et là, le visiteur le moins curieux en est ébahi, éberlué et, parfois même, pantois: des barrages policiers lourdement armés à perte de vue, des véhicules militaires, de police et de la Garde nationale au va-et-vient incessant, des fouilles de voitures et camions non-stop, des opérations de contrôle d'identité 24 heures sur 24, des descentes policières musclées de plus en plus fréquentes là où ça sent l'odeur du terrorisme. Le tout doublé de la présence, d'une ampleur sans précédent, d'hélicoptères et d'avions de reconnaissance dans l'espace aérien. Aux frontières, rapportent nos sources, l'état d'alerte est également à son paroxysme, à coups d'opérations de ratissage et de déminage effectuées de jour comme de nuit par une armada de soldats et de policiers au nombre de plus en plus élevé, et aux engins et autres outils de combat de plus en plus abondants et sophistiqués. Bref, tous les accessoires d'un décor de guerre qui n'a jamais été auparavant planté en Tunisie. Tout est possible Bien évidemment, une mobilisation si extraordinaire n'est pas, techniquement parlant, sans faille, étant donné l'existence inévitable des marges d'erreur, de fautes d'appréciation. En effet, on ne compte plus les descentes policières «sans», les arrestations sans lendemain, la fuite d'intrus appréhendés, ainsi que les altercations entre agents et automobilistes lors des barrages policiers aux fouilles interminables. «Qu'à cela ne tienne», avoue le chef de groupe d'une patrouille de la Garde nationale, qui estime, philosophiquement, que «dans une conjoncture aussi difficile qu'anormale, on fait la pluie et le beau temps, en espérant que tous les Tunisiens saisiront la délicatesse exceptionnelle de notre tâche, nous donnerons des circonstances atténuantes et prendrons leur mal et le nôtre en patience». Et c'est vrai. D'autant plus vrai que le bon peuple n'est pas sans savoir que ces vaillants agents et soldats lancés dans une âpre guerre contre les terroristes sont justement en train de dépenser des trésors d'énergie et de sacrifices à la recherche de ces centaines de cellules dormantes qui font encore, mine de rien, de la résistance, en dépit du démantèlement d'une partie d'entre elles. La «caution populaire» dont doivent bénéficier nos agents et soldats devient autrement plus impérieuse, quand on sait que les cellules dormantes des terroristes, outre leur «invincibilité» qui perdure, nous promettent le pire des expéditions punitives, comme en témoignent les aveux arrachés aux jihadistes arrêtés récemment. Des aveux d'autant plus «macabres» que de graves attentats (voitures piégées, ceintures explosives, prises d'otages, assassinats, occupation d'édifices publics et de casernes...) ont été déjà planifiés et seraient même imminents, affirment plusieurs sources sécuritaires au fait du dossier du terrorisme. Révélations d'ailleurs appuyées par des notes confidentielles émanant récemment de services de renseignements algériens et occidentaux. En somme, et n'en déplaise aux optimistes «romantiques», il faut reconnaître que l'ombre des attentats terroristes tient encore bon. Prenons-en acte, en attendant des jours meilleurs.