Le club de Bab Souika a beaucoup dépensé et beaucoup gagné. A présent, il donne l'impression de changer de cap L'Espérance est-elle en train de changer? Trop tôt pour l'affirmer, mais il semblerait en tout cas qu'elle veuille à tout prix éviter les erreurs d'un récent passé. Acheter en masse, parquer les joueurs, barrer les jeunes du club et se retrouver à chaque mercato à casser sa tire-lire, elle n'en veut visiblement plus. Certains disent qu'il ne s'agit là que de reculer pour mieux sauter et qu'au prochain mercato d'hiver, le club de Bab Souika fera de nouveau des emplettes. Trop tôt pour le confirmer, ou l'infirmer, mais il est clair que les résultats conditionnent en grande partie sa politique à suivre à court terme. C'est que l'Espérance veut garder son titre de champion et n'a jamais cessé de rêver de Champions League africaine. En a-t-elle vraiment les moyens? Les avis sont partagés là-dessus, essentiellement au sein des supporters qui vivent mal la fièvre acheteuse du Club Africain, le retour en force de l'Etoile ainsi que l'ombre faite à leur équipe par le Club Sfaxien. Analyse. Khaled Ben Yahia : sage et pragmatique Contrairement à certains qui l'ont précédé sur le banc de l'Espérance (et là nous faisons clairement allusion au fantasque Nabil Maâloul), Khaled Ben Yahia n'aime pas faire dans le show et épater la galerie. Ce n'est pas non plus quelqu'un qui met la pression sur son président, pour que celui-ci casse sa tire-lire et se plie à ses exigences et, parfois même, à ses caprices. L'homme préfère tout d'abord faire un état des lieux, bien évaluer ce qu'il a sous la main, relancer certains joueurs en souffrance puis, éventuellement, passer à autre chose. Exercice risqué mais Khaled Ben Yahia aime le défi et le travail et, surtout, réussir par ses propres moyens. Or, un coup d'œil sur l'effectif de l'Espérance indique que le groupe à la disposition de l'entraîneur a de quoi faire bien des jaloux. Par ailleurs, un chambardement de celui-ci aurait particulièrement compliqué la tâche de celui-ci et reporté les bons résultats à plus tard. Or, tout le monde le sait, le peuple «sang et or» n'attend pas. Il ne faut pas non plus se faire d'illusions : le chemin de la réelle reconstruction est long. Mais Ben Yahia n'en a pas peur, pour peu qu'on le soutienne et qu'on croie en lui. Le nœud N'djeng Le Camerounais a un peu —beaucoup— brouillé les cartes du mercato de l'Espérance. Qui voulait recruter un avant-centre étranger. Mais le refus de partir de N'Djeng a tout fait capoter. Résultat : l'Espérance a un peu cafouillé sur le mercato à cause du quota des étrangers doublement bloqué par N'djeng et Coulibaly. Afful étant le troisième étranger du lot. Une attitude que N'djeng finira par payer d'une manière ou une autre. La meilleure serait qu'il justifie son statut, son salaire et ses performances passées. Et pas uniquement sur le plan national, mais en redevenant décisif en Champion's League. Dans le cas contraire et s'il s'accroche au seul salaire, le Parc «B» pourrait devenir un véritable enfer pour lui. En tout cas, il est prévenu car, contrairement à de ce que certains pensent, la concurrence est rude devant. Akaïchi, Jouini, Ben Hammouda et Marega se battent tous pour une place ou deux devant. Ils ne se feront pas de cadeaux. Et Ben Yahia ne leur en fera pas. D'ores et déjà, certains comme Akaïchi, Darragi et même Jouini l'ont compris. Pas de grands soucis derrière non plus où le recrutement de Yaâkoubi ainsi que le retour de prêt de Abdi sont venus compenser certaines faiblesses apparues la saison écoulée et le départ de Chemmam. Mais à notre humble avis, c'est au milieu du terrain que l'Espérance doit le plus progresser, pour que l'équipe retrouve son jeu et sa domination. Darragi doit cesser d'être irrégulier, Ragued de jouer dans un seul registre et M'hirsi d'être un peu timide. Ceci sachant que Afful est incontournable. Mais en dépit de ces noms, l'entrejeu est à réinventer, tout comme la collaboration et l'entente des latéraux avec celui-ci. Une chose est sûre: Khaled Ben Yahia y travaille très dur. Et comme le travail finit toujours par payer...