Le débat ne date pas d'aujourd'hui. Dans quel exercice notre onze national est le plus à l'aise? Quand il fait le jeu ou quand il évolue en contres? Point de vue A la base de tout, tout d'abord, c'est le capital-joueurs dont on dispose. Et si on veut creuser un peu plus loin, on peut même revenir au travail au niveau des jeunes dans les clubs, mais aussi au niveau de la direction technique de la FTF. Nous avons les footballeurs que nous formons et on ne peut pas dire que le travail accompli ces vingt dernières années (et même plus) a été des plus réussis. Peu d'attaquants et donc peu de buteurs, encore moins de meneurs de jeu ou ce qu'on appelle communément les numéros dix, et peu de demis polyvalents capables de défendre et construire à la fois, avec le même bonheur. En revanche, des pivots «robotisés» pour casser le jeu adverse et incapables de bâtir celui de leur équipe, il y en a à la pelle. Et tenez vous bien, on se les arrache à prix d'or au nom de la sacro-sainte récupération. Qui n'est rien sans la relance, le soutien et l'efficacité devant. Dès lors, ne nous étonnons pas si notre Equipe Nationale n'a remporté qu'une seule CAN, que nos clubs échouent, à quelques exceptions près, régulièrement en Champions League et que notre onze représentatif n'ait pas dépassé le premier tour en phase finale de la Coupe du monde en quatre participations. Un mythe qui a la vie dure... Nos équipes et surtout notre équipe nationale condamnées à jouer le contre ? Laissez-nous d'abord en douter. On ne reviendra pas jusqu'aux années 60 où le football était tout de même différent, mais au début des années 70. L'équipe 71 pour plus de précision. Sans doute la plus grande et la plus complète de tous les temps. Celle de Ameur Hizem et de la finale des Jeux méditerranéens d'Izmir. Devant, il y avait l'immense Tahar Chaïbi, Chakroum, Khouini et Chemmam. Derrière eux, Ben Mrad, feu Mohamed Zouaoui et surtout le fantastique Abdelmajid Jelassi. Ça faisait le jeu et ça attaquait. Ça pouvait aussi jouer aux contres quand l'adversaire était plus fort, mais ça ne renonçait jamais à construire. Sept ans plus tard, en Argentine, nous retrouvions à l'entrejeu Ghommidh, Agrebi, Tarek et Khemaïes Laâbidi. Puis — presque — plus rien. Rappelez-vous avec Roger Lemerre et la CAN 2004 : Ragued, Chedly, Nafti. Une armée de pivots défensifs. Facile dès lors de dire et d'affirmer que le jeu en contres, est naturel chez nos clubs et notre équipe nationale, et qu'il s'impose. Puis attention, il y a un sacrée différence entre le club et l'équipe nationale. L'entraîneur dispose d'un groupe et doit s'y tenir, alors que le sélectionneur national a le choix des hommes et de la tactique. Il fera des choix d'hommes et de tactique frileux. Courageux, ses hommes joueront un football d'attaque. Pourquoi ce long discours? Tout simplement parce que l'Equipe nationale redispose à l'heure actuelle d'un groupe et de joueurs intéressants, capables de tordre le coup au mythe du contre. Ferjani Sassi, Khazri et Chikhaoui peuvent permettre à cette équipe de jouer différemment et d'atteindre le palier supérieur. Or, qu'est-ce que nous avons vu contre le Botswana? A partir du moment où nous avions cherché à faire le jeu, l'équipe s'est comme décomposée et a prêté le flanc à des contres assassins des adversaires. Sur ce plan bien précis et dans un contexte différent, mêmes situations et mêmes risques en défense. En ne faisant le jeu que lors des 20 premières minutes face à l'Egypte. Les techniciens aiment parler d'équilibres quand on les apostrophe sur tel ou tel aspect de jeu de leur équipe, tel ou tel choix de joueur. Soit. Dans le cas d'espèce, face au Botswana et en Egypte, nous en avons parfois terriblement manqué, comme en témoignent les grosses frayeurs défensives. C'est vrai qu'il y a eu une grosse progression face à l'Egypte, mais nous ne savons toujours pas si cette équipe a vocation à jouer en contres ou alors à faire le jeu. Pourquoi nous posons cette question avec autant d'insistance? Tout simplement parce qu'une équipe qui veut gagner doit imposer son jeu et le faire. Ce n'est pas le cas de l'Equipe de Tunisie qui souffre lors des éliminatoires et n'arrive plus à atteindre le palier supérieur dans les phases finales des grandes compétitions. A méditer.