Les candidats au Palais du Bardo sont aujourd'hui au troisième jour de leur campagne électorale. Au-delà de leurs promesses, l'enjeu est de savoir s'ils vont réussir à reconquérir la confiance des électeurs perturbés par l'affaire des parrainages à la présidentielle falsifiés Avec le démarrage, samedi 4 octobre, de la campagne électorale en prévision des législatives prévues le 26 du mois, l'on se demande si nos politiciens de tous bords aspirant au Palais du Bardo ont l'opportunité au cours des trois semaines que dureront leurs contacts avec les Tunisiens, à travers l'ensemble du pays, de parvenir à rattraper le temps perdu et à reconstruire ce lien de confiance ébranlé durement lors de la présentation des candidatures à l'élection présidentielle du 8 au 22 septembre dernier. En plus clair, les révélations sur les falsifications des parrainages de ceux postulants au Palais de Carthage auront-elles des retombées négatives sur les campagnes électorales des partis politiques dont les candidats à la présidence se sont trouvés impliqués, à tort ou à raison, dans cette vague ahurissante de trucage de signatures, qui sont désormais entre les mains de la justice ? Les discours qui seront développés par les candidats aux législatives réussiront-ils à dissiper le climat de rejet que manifestent plusieurs électeurs à l'encontre de notre classe politique et permettront-ils d'éviter que les élections soient boycottées par une majorité écrasante de Tunisiens ? Autant de questions que La Presse a posées à certains acteurs du paysage politique et civil national leur demandant de révéler ce qu'ils attendent de ces trois semaines (4-25 octobre) qui paraissent décisives quant à l'aboutissement de l'expérience de la transition démocratique, à travers des élections que tout le monde veut démocratiques, transparentes et intègres. Non à l'argent politique et à l'instrumentalisation de la religion Abdelaziz Kotti, tête de liste de Nida Tounès dans la circonscription de l'Ariana, est convaincu que «la campagne effective battra son plein au cours de la dernière semaine. Les trois premiers jours de la campagne, vacances de l'Aïd et conditions climatiques très défavorables, ne peuvent pas donner d'indices sur l'ambiance qui prévaudra dans les jours à venir. Pour le moment, nos groupes de travail ont investi tous les quartiers de l'Ariana et les villes du gouvernorat pour contacter les citoyens et leur faire parvenir notre déclaration électorale et le programme de notre parti. Notre ambition est que la campagne se déroule dans les meilleures conditions possibles et que les concurrents évitent les dérapages constatés lors des élections du 23 octobre 2011». Le candidat nidaiste insiste sur un fait : «Faisons tous ombrage à l'argent politique qui peut souiller cet important rendez-vous politique et essayons de nous mobiliser contre le retour du spectre de l'instrumentalisation de la religion à des fins électorales». Priorité aux régions rurales Pour Saïd Kharchoufi, porte-parole de Tayyar Al Mahabba, «l'affaire de falsification des parrainages à l'élection présidentielle a vécu. Les Tunisiens ont été édifiés sur cette loi électorale catastrophique dont nous avons été les premiers à dénoncer les imperfections bien avant qu'elle ne soit adoptée par la constituante». «Je ne pense pas que la vague de méfiance suscitée par les trucages puisse avoir des incidences sur la campagne électorale législative parce que les Tunisiens savent désormais séparer le bon grain de l'ivraie. En tout état de cause, au sein de Tayyar Al Mahabba, nous avons décidé de renoncer aux parrainages signés par les électeurs et de nous contenter des signatures des constituants. Aujourd'hui, nous concentrons nos efforts sur l'essentiel, c'est-à-dire aller à la rencontre des Tunisiens, plus particulièrement dans les régions rurales, pour écouter leurs doléances et leur expliquer les solutions que nous préconisons en vue de répondre à leurs attentes. Nous avons entamé nos contacts le premier jour de l'Aïd en dépit des pluies qui n'ont pas empêché nos candidats de se déplacer dans toutes les régions du pays», précise-t-il. Les législatives marginalisées dessein L'expert en droit constitutionnel Amine Mahfoudh considère que «pour des calculs politiques inavoués, il a été décidé que les législatives se tiendront avant l'élection présidentielle, ce qui est contraire à toute logique constitutionnelle puisqu'on va se trouver avec une majorité ou une coalition qui attendront l'élection du président de la République pour la constitution d'un gouvernement qui succèdera à celui de Mehdi Jomaâ, une attente qui pourrait durer des mois». «Et avec le bal qui a accompagné la présentation des candidatures à l'élection présidentielle, poursuit-il, l'élection présidentielle a pris le dessus sur les législatives. La campagne des législatives sera marquée sûrement par une ambiance dététère, les falsifications des parrainages et les affaires en justice intentées aux truqueurs. Je ne pense pas que la confiance soit instaurée facilement parmi les électeurs abusés par ces comportements illégaux dont le premier responsable est l'Assemblée nationale constituante qui a adopté une loi électorale catastrophique ouvrant la voie à toutes les tricheries inimaginables».