Les municipalités mettent généralement quelques jours, parfois même deux semaines, pour se débarrasser des déchets de l'Aïd du sacrifice. Jusqu'à quand ? Il semble, sans plaisanterie aucune, que l'Aïd El Idha soit devenu le mouton, pardon la... bête noire de nos municipalités, à cause des montagnes de déchets qu'il laisse dans son sillage. En effet, partout où on va dans les communes du pays, au lendemain de cette fête religieuse sacrée, un seul décor désolant et lugubre frappe : des tonnes d'ordures ménagères jonchent rues, chaussées et trottoirs, dégageant des odeurs nauséabondes. A la grande joie des chiens et chats errants et des moustiques qui s'en donnent à pleines dents. Un «régal» annuel pour toutes ces espèces qui se contentent, en temps normal, de miettes à grignoter dans les sacs-poubelles qui jonchent le sol des cités. Mais il y a pire, à savoir ces nombreux containers saturés de la municipalité qui deviennent impossibles à identifier sous l'ampleur des immondices qui les entourent et les couvrent. «Je me demande pourquoi la municipalité ne double pas le nombre de ces containers à l'occasion de l'Aïd», s'interroge, indignée, une habitante de Ben Arous, qui déplore «cette situation si insupportable qui, outre les mauvaises odeurs, nous est imposée des jours durant, une sorte de cohabitation forcée avec les moustiques et les mouches». Non loin de là, et plus précisément à l'Ariana, même casse-tête, même calvaire. «Faudrait-il, un jour, passer l'Aïd sur... la lune pour sauver sa peau ?» s'insurge un habitant qui lance, bille en tête, à l'administration de la mairie «pour s'être habituée à mettre une semaine, parfois même deux, pour achever les opérations de collecte des ordures occasionnées par l'Aïd». Cependant, d'autres citoyens ont opté pour la formule qu'ils trouvent idoine, à savoir le transfert en véhicule de leurs déchets ménagers vers les cités voisines. Comme quoi, on balaie devant sa porte, tout en salissant les domiciles des autres !! Des municipalités dépassées S'il est vrai que ce manque de civisme, loin d'être pour le moment un phénomène, est à classer dans la rubrique des actes isolés, il n'en demeure pas moins vrai que les municipalité assument la plus grande part de responsabilité dans cette crise chronique, et cela à cause de l'absence d'un plan de travail spécialement conçu pour l'Aïd. «La faute est à partager par tout le monde et n'incombe nullement à la mairie», se défend une source à l'hôtel de ville de l'Ariana, qui impute cela à trois facteurs principaux, à savoir «le manque d'engins de propreté, les congés de l'Aïd des employés chargés de la collecte des ordures ménagères et l'absence du sens de citoyenneté chez certains habitants». Cela ne veut-il pas dire que nos municipalités sont dépassées par les événements? Jusqu'à quand continueront-elles à baisser pavillon sous les coups de boutoir de l'Aïd el Idha ? Qu'attend la tutelle pour prendre le... mouton par les cornes ? En attendant, les citoyens, écœurés par les montagnes de déchets, n'ont qu'à prendre leur mal en patience, surtout que des mairies, habituées en pareille période de l'année à... jouer les prolongations, pourront s'offrir une ou deux autres semaines pour éliminer tous les déchets de l'Aïd...