Toujours à la hauteur des attentes, l'orchestre symphonique assure et émeut... Mercredi dernier, l'orchestre symphonique tunisien a inauguré la saison culturelle 2014-2015 au Théâtre de la Ville de Tunis avec une double célébration: la première est celle du centenaire de la naissance de la grande diva tunisienne Saliha (1914-2014) et la deuxième est celle de la Journée mondiale de la musique. Par la même occasion, un hommage a été rendu, également, à feu Salah El Mahdi, fondateur de l'orchestre symphonique tunisien. Saliha est née en 1914 au village de Nebeur au Kef. L'avocat Hassouna Ben Ammar fut le premier à l'avoir découverte et à la présenter par la suite à l'artiste Bachir Fahmi qui avait parié sur ses capacités vocales en lui ouvrant la voie pour participer à plusieurs concerts dont notamment celui organisé à l'inauguration de la Radio tunisienne en 1938, date à laquelle les compositeurs ont commencé à s'intéresser à sa belle voix bédouine, à savoir Khémais Tarnène, Mohamed Triki et Salah El Mahdi. Saliha commença à se faire une carrière musicale en intégrant la troupe de la Rachidia, atteignant petit à petit la célébrité dans les années cinquante. Elle est décédée en 1958 à Tunis à l'âge de 44 ans à l'apogée de sa gloire, laissant derrière elle un riche répertoire, ce qui lui a valu le surnom de kawkab echarq ettounissia. Un programme en hommage à Saliha, donc, soigneusement composé autour de sa musique - des airs de Saliha, écrits pour orchestre symphonique, par Mohamed Makni, Jawher Matmati, Hichem et Hafedh Makni- apte à mettre en valeur les instrumentistes ainsi que la chanteuse Jamila Hagui, a été mis en place par le maestro Hafedh Makni. La salle est comble, le public est toujours là se pressant avec enthousiasme et curiosité pour découvrir le programme que l'orchestre symphonique propose. Et la qualité musicale ne démérite pas : à preuve un beau concert où l'harmonie des parties, faite d'engagement et d'intelligence, a permis d'inscrire un nouveau succès dans l'album de l'orchestre symphonique tunisien. Le concert a débuté avec la somptueuse composition de Salah El Mahdi, La marche infinie. L'orchestre a livré une lecture bouleversante par sa simplicité et son évidence. Une entrée en matière orchestrale qui assurait le transport des âmes. A suivi, ensuite, une belle interprétation des chansons de Saliha par la chanteuse Jamila Hagui. Le public a pu redécouvrir Yalli Boodék dhayaa fekri de Khmaies Tarnène (arragement Jawher Matmati), Sag nagaa sag, Ya Hmed ya khouya, Fil ghorba, etc. ainsi qu' un medley des chansons de Saliha par l'Orchestre. Au grand bonheur du public qui, à l'invitation du maestro, s'est élancé et s'est essayé à jouer la chorale. Le concert s'est conclu par la célèbre Mridh fani, tal beya deya de Salah El Mahdi, que Saliha, usée par la maladie, chantait pour la dernière fois en public au Théâtre municipal de Tunis en 1958. Une soirée riche et émouvante, à la hauteur des attentes.