Après le califat proclamé par le groupe EI en Irak et celui du Nigéria annoncé par Boko Haram, une milice armée dans le nord-est libyen s'apprête à proclamer son émirat. Non loin des frontières égypto-libyenne, dans la ville de Derna, située entre Benghazi et Tobrouk, un mouvement jihadiste donne des signes de rapprochement avec le groupe Etat Islamique. Ce mouvement s'appelle Majlis Choura Chabab al-Islam (Conseil consultatif de la jeunesse islamique). Sans formaliser son allégeance au groupe EI, son communiqué de soutien en juin dernier en annonçait la couleur. A Derna, fief jihadiste historique du pays, ce Conseil consultatif de la jeunesse islamique tenait une grande réunion publique pour débattre du califat. Après la prière du soir (al Icha), des centaines de personnes ont vu défiler sur l'estrade un égyptien et un saoudien qui les invitaient à rallier l'EI. Les présents à Derna ont vu flotter les drapeaux noirs de Daech sur la principale placette de leur ville, baptisée désormais «la place des sahabas». Hie, le bras armé de ce groupuscule a constitué ce qu'il a appelé «la police islamique» et a organisé un défilé militaire à cette occasion. Une démonstration de force pour démontrer que toute la ville était sous son contrôle. Sur internet, une vidéo montrant une parade de plusieurs dizaines de pick-up armés chantant le slogan officiel du groupe EI circule depuis mardi. Ce groupe de Derna existe depuis à peine un an et affirme appliquer la charia sans concession aucune. En août, il diffusait une vidéo d'une exécution publique d'un Egyptien accusé de meurtre dans le stade de la ville. Une première en Libye depuis la révolution. Une exécution qui «concrétise les plus grandes peurs des Libyens ordinaires qui se retrouvent entre des groupes armés impitoyables et un Etat défaillant», avait alors écrit Amnesty international dans un communiqué. En Libye, pays en proie à la loi des milices qui s'affrontent depuis le printemps dernier, le groupe jihadiste Derna montre des signes de soutien de plus en plus forts en direction du mouvement Etat islamique. Selon la radio britannique BBC, cette allégeance intervient sous la pression du groupe Ansar al Chariaa. Les Frères Musulmans, ont quant à eux, espéré voir les miliciens de la jeunesse islamique temporiser jusqu'à ce que la bataille de l'aéroport de Benina à Benghazi ne soit terminée. Selon le site égyptien, Masr al Arbiya, cette annonce précipitera une intervention militaire étrangère, en Libye. Une intervention qui se justifiera par le combat engagé pour éradiquer l'EI. Par ailleurs, rapporte le journal saoudien, Al Charq Al Awssat, le premier ministre du gouvernement transitoire libyen, Abdallah al Theni, est en ce moment en Egypte pour discuter avec le président égyptien, le maréchal Abdelfatah al Sissi, «des voies et moyens pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé». Pour rappel, le chef d'état-major libyen, Abderrazek Al Nadhori avait annoncé en août dernier avoir eu, des assurances égyptiennes formelles. Le Caire se serait engagé d'assister Tripoli pour former une armée forte et répondrait à ses besoins logistiques et techniques.