De notre envoyé spécial à New York, Abdel Aziz HALI Plusieurs dizaines de citoyens, originaires du Sud du Yémen, ont manifesté, lundi, devant le siège des Nations unies leur soutien à un rétablissement de la République démocratique populaire du Yémen (Yémen du Sud) «Libérez, libérez le Yémen du Sud», «Le peuple veut le retour de la République du Yémen du Sud» scandait l'un des manifestants réunis, lundi devant le siège de l'ONU à New York. En effet, ils étaient nombreux, plusieurs dizaines de personnes, originaires du sud-Yémen, à brandir l'ancienne banderole de la République démocratique populaire du Yémen, l'unique République marxiste dans le monde arabe (un Etat fondé en 1970 et unifié en 1990 avec la République arabe du Yémen et le portrait de Ali Salim al-Beidh, l'ex-secrétaire général du parti socialiste yéménite. Consultations au Conseil de sécurité de l'ONU Parallèlement, le Conseil de sécurité de l'ONU avait tenu le même jour, à 15h00 (20h00, heure tunisienne), une réunion de consultations sur le dossier yéménite. «Ce peuple veut récupérer son Etat. Nous avons tout rendu à Sanaâ, nos administrations, notre armée et nos richesses et en contrepartie nous n'avons récolté que la marginalisation et l'indifférence totale», a déclaré M. Ali Issaï Abousomoud, un des manifestants présents dans cette mobilisation. Il a renchéri : «Le gouvernement de Sanaâ est un gouvernement corrompu. Il s'agit d'un gouvernement colonisateur. Et je peux vous confirmer que demain, des millions de Sudistes vont affluer des tous les districts du Sud vers la capitale Aden pour soutenir l'indépendance de notre région et la restauration de la République du Sud-Yémen». Toujours selon M. Abousomoud, la région du Sud compte «plus de 2.600 martyrs» sans parler des milliers de blessés. Il a pointé aussi du doigt le déracinement de «l'identité sudiste» par le gouvernement de Sanaâ. D'une réunification vers une «colonisation» Des propos confirmés Par M. Mohamed Belaïd, un activiste politique sudiste qui pense que le malaise au Sud est lié étroitement au blocage politique que connaît le pays. « Le dossier du sud du Yémen est un dossier à 100% politique... Nous avons l'intime conviction que la réunification du Yémen s'est transformée en colonisation de la région du Sud, surtout après le conflit de 1994 quand le Nord a occupé tout le sud grâce à la force de frappe de son artillerie lourde», a-t-il déclaré. Toujours selon M. Belaïd, un référendum pour décider de l'indépendance du sud du Yémen s'impose, vu que plusieurs manifestations monstres ont déjà soutenu l'idée de l'indépendance. Il a ajouté : «Nous sommes ici pour faire passer un message pacifique, le message du peuple du Sud qui, depuis 8 ans, n'a cessé d'exprimer sa volonté de se séparer et devenir indépendant» Marginalisation sur tous les plans M. Anis Kacem Al-Saflahi, président de l'Association «Les enfants du Yémen du Sud en Amérique du Nord» et président du bureau politique de la communauté aux USA pense que la crise politique et économique que connaît le Yémen est devenue insupportable pour le peuple du Sud. Il a renchéri : «Et je peux vous confirmer que demain, des centaines de milliers de Sudistes vont affluer des tous les districts du Sud vers la capitale Aden pour soutenir l'indépendance de notre région et la restauration de la République du Sud Yémen». Toujours selon M. Al-Saflahi, entre un régime très centralisé à Sanaâ et une marginalisation totale de la région du sud, le retour à un état du Sud Yémen avec Aden comme capitale est devenu inévitable. «Notre région souffre de chômage et d'une absence totale de programmes de développement durable et ce, malgré les richesses que recèlent nos terres», a-t-il déclaré. Il a ajouté : «Les Yéménites du sud souffrent d'une injustice sociale et économique sans parler de l'insécurité qui a fini par rattraper nos territoires». Enfin, alors que ces manifestants réclamaient l'indépendance du sud, le président Abd Rabbo Mansour Hadi a désigné, dans le même jour, M. Khaled Bahah, 49 ans, un ancien ministre du Pétrole, pour former un nouveau gouvernement au Yémen. Il s'agit de la deuxième tentative du président yéménite après celle du 7 octobre qui s'est soldée par un échec, vu que le nom choisi avait reçu le veto des rebelles chiites. Il reste à rappeler que la capitale Sanaâ est sous le contrôle de ces rebelles depuis le 21 septembre.