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Une destination privilégiée pour les futures mariées
Ras Jebel
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 10 - 2014

Le souk de France du jeudi : le confort à petits prix
On y converge de toutes parts. Lieu du rendez-vous ? Ras Jebel. Quand ? Chaque jeudi matin. Le visiteur d'un jour deviendrait le client de toujours. Avec les siens, proches et lointains. Parce que aller au souk de France à Ras Jebel, c'est presque se rendre au souk hebdomadaire de Barbès ou de Belleville de la belle Ville lumière. Sans avoir à s'armer de si précieuses devises par les temps qui courent. Sans peiner, ni casquer moult frais de voyage, de visa, de séjour, etc. Cela dit, ne vaudrait-il pas la peine de vous faire découvrir ce grand «bazar» à ciel ouvert, sans vous laisser débourser ni sou, ni maille au louagiste, ni à votre pompiste ?
D'abord question. Pourquoi s'est-on avisé à implanter à Ras Jebel ce souk presque unique en son genre ? Que le bouche à oreille a tôt fait d'étendre et de lui conférer une dimension nationale impressionnante.
Eh bien, parce que la belle ville, devenue tentaculaire, se trouve au cœur d'une région qui vit et respire à pleins poumons, grâce à la mamelle de l'émigration depuis les années soixante-dix et au départ des premiers contingents.
Rafraf, Sounine, Ghar El Melh, Béni Ata, El Garia, Métline, etc., autant de belles cités désertées par les leurs, pour une vie illusoire et présumée meilleure, en Europe et ailleurs. Le gagne-pain quotidien et le travail ayant toujours été leur aspiration et espoir vains, au bercail...
L'été, c'est évidemment le retour massif des émigrés, à l'adresse d'origine, en tant que vacanciers. Avec les porte-bagages remplis d'effets divers moissonnés aux soldes ; là-bas ordinaires et vulgaires, mais considérés ici comme de formidables exclusivités, ayant une cote d'enfer !
Vive donc les vacances ! Qui leur confèrent la chance de joindre l'utile à l'agréable : vivre avec les leurs des moments sublimes et ineffables et «inonder» leurs proches de produits commerciables. De quoi payer les frais de séjour et de billets. Et, pour ceux qui font ceinture, moissonner de l'argent frais, à mettre de côté.
Le grand «bazar»... à même le trottoir
Pas une maison ou presque ne faisant pas le plein de gadgets et d'articles divers, stockés la plupart du temps... dans des garages attenants. Sitôt triée, la marchandise est exposée, sans marchandisage et agencement aucun, dans les «vitrines trottoirs», au gré de la demande et de la saison, au souk «hebdo» franco-arabe de la grande cité pivot.
Le souk de France est installé à l'extrémité de la ville, du côté de la plage de Hassane Belkhoja. Et s'étend sur les grandes artères périphériques de ladite zone.
Tout le «bazar» est à même le trottoir à ciel ouvert, exposant chalands et marchands au soleil de plomb, aux rafales de pluie et aux quatre vents cinglants...
Aspirateurs, accessoires de culture physique, de pique-nique et de plage, appareils électriques, électroniques et électroménager, services à thé, à café, «ménagères» dorées et argentées, etc. Tout y est à des prix raisonnables et étudiés, pour des articles souvent signés et de haute qualité. Tout est à prendre et rien à décliner par les futures mariés, courant au trot... au galop... Produits tape à l'œil...
Il faut se lever de bonne heure et être au souk aux premières heures pour espérer écumer et mettre les quatre doigts et le pouce sur les bonnes aubaines au moindre «flouss».
Toutes coulées dans un même moule !
Là et à chaque pas, l'on se trouve nez à nez avec une future mariée, bien entourée de sa mère et de son fiancé, parcourant pas à pas les étalages, dans l'indécision et l'embarras du choix. Et aussi dans le ravissement et la joie !
Nos filles d'Eve étant, convenons-en, coulées dans un même moule comportemental et généralement mues par une vive inclination pour les trucs hors du commun et une terrible passion pour le «m'as-tu vu», le flafla énivrant, les youyous tonnants et tonitruants avec tout le faste l'entourant...
Sitôt les malles faites, les porte-bagages chargés et la cargaison bien cordée, l'on s'achemine en petits groupes vers le centre-ville où sont disséminées les boutiques de trousseau nuptial féminin, à travers les rues et ruelles tortueuses de la cité. Où le sacro-mariage est le leitmotiv, la raison d'être et la source de vie et de bien-être de presque tous les êtres, ayant poussé leurs premiers cris dans ce petit monde si simple et si gentil.
Un décor fascinant et des prix alléchants
Dans ces magasins, tout y est pour satisfaire les besoins personnalisés des futures mariées, adaptés à leurs divers goûts, même les plus fantaisistes. Toute la panoplie d'accessoires est exposée sous un jeu de lumière à la fois éblouissant et fascinant, et avec la puissance d'une touche mise à sa place.
Costumes traditionnels pour mariées magnifiquement ornés de garnitures dorées ou argentées, robes de soirées agrémentées de dentelle et de passementeries, articles de literie et de draperie soigneusement brodés. tous ces articles sont proposés à des prix imbattables. Parce que la main-d'œuvre féminine et les maîtresses d'œuvres artistiques sont disponibles et se contentent de peu. Surtout que le niveau de vie est relativement bas à Ras-Jebel et ne nécessite pas un pouvoir d'achat énorme. Surtout, également, que ces commerçants mixtes, doublés d'artisanes d'art, opérant à l'arrière-jardin, sont généralement établis à petits frais, à titre de propriétaires. Cela, au cas où ils ne seraient pas maîtres fonciers de leurs boutiques, attenant à leurs gîtes, moyennant une sommaire transformation et le changement de vocation d'une des pièces de la propriété s'y prêtant le mieux.
«Une station radar»
Cela dit, si Ras Jebel est une station commerciale de plus en plus prisée par nos douces demoiselles, se préparant à se marier, cette agglomération est devenue aussi pour nos augustes mâles, tout feu, tout flamme pour la fameuse cage dorée, une «station radar» privilégiée, leur permettant de capter et «happer» les ravissantes jeunes filles de la cité. Exhibant pudiquement leur charme et leur volupté, à travers leurs apparitions éclair sur le chemin du bain-maure, de la salle des fêtes ou du publinet de leur quartier.
Oui, lorsque nos filles d'Eve de Ras Jebel allient le charme physique andalou à la conduite vertueuse ancestrale, elles ne peuvent que vite conquérir et traîner le cœur et l'esprit des âmes bien nées.


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