« La situation en Syrie, à en juger par les souffrances de son peuple, s'aggrave », a déclaré la sous-secrétaire aux affaires humanitaires, tandis que les crimes de l'Etat islamique dans la province d'Anbar en Irak ont été vivement condamnés par les membres du Conseil de sécurité Les 15 Etats membres du Conseil de sécurité ont condamné, dans une note adressée aux correspondants internationaux résidant à l'ONU, les enlèvements survenus ces derniers jours en Irak ainsi que les meurtres de dizaines de personnes appartenant à des tribus sunnites dans la province d'Anbar, perpétrés par l'organisation terroriste opérant sous le nom de «Etat islamique en Irak et au Levant» (Daech), dont les corps ont été découverts dans des fosses communes. Il reste à rappeler que plusieurs de ces tribus avaient lutté contre le terrorisme, avec le gouvernement de l'Irak. Un massacre de trop «Ce crime, comme le massacre du camp Speicher à Tikrit, a une fois de plus démontré la brutalité de Daech, montrant clairement que les groupes terroristes en Irak visent toutes les composantes et les sectes de la population irakienne», précise la note adressée aux correspondants internationaux résidant à l'ONU. Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé de nouveau leur profonde indignation face à tous les Irakiens ainsi que les ressortissants d'autres Etats qui ont été tués, enlevés, violés, ou torturés par Daech, ainsi que le recrutement et l'exploitation d'enfants. Ils ont aussi souligné la nécessité que ceux qui ont commis ou sont autrement responsables de violation du droit ou des droits de l'Homme en Irak devaient être tenus pour responsables, notant que certains de ces actes peuvent constituer des crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Les membres du Conseil de sécurité ont également demandé au gouvernement de l'Irak et à la communauté internationale d'œuvrer pour que tous les auteurs soient traduits en justice. Ils ont, par ailleurs, exhorté la communauté internationale, conformément au droit international, à œuvrer pour renforcer et élargir le soutien pour le gouvernement de l'Irak, y compris les forces de sécurité irakiennes, dans la lutte contre Isil et groupes armés associés. Les membres du Conseil de sécurité ont souligné que Daech doit être vaincu et que l'intolérance, la violence et la haine qu'il incarne doivent être éradiqués. «Il doit y avoir un effort commun entre les gouvernements et les institutions, y compris ceux de la région la plus touchée, pour contrer Isil (Daech), Front Al-Nosra et toutes les autres personnes, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida, tel que défini dans les résolutions 2161 (2014), 2170 (2014) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité des Nations unies. », souligne la note adressée à la presse internationale. Hommage aux nouvelles nominations en Irak Les 15 Etats membres du Conseil de sécurité ont de même salué la nomination des ministres de la Défense et de l'Intérieur et la prestation de serment des ministres kurdes, qui a achevé la formation d'un gouvernement d'union très représentatif de toutes les classes ethniques et religieuses de la population irakienne et « qui contribue à trouver une solution viable et durable aux défis actuels du pays. ». Ils ont aussi réaffirmé la nécessité de combattre par tous les moyens, conformément à la Charte des Nations unies, les menaces à la paix et la sécurité internationales causées par des actes terroristes, et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quelle que soit leur motivation, où, quand et par qui que ce soit commis. Enfin, les membres du Conseil de sécurité ont condamné la persécution systématique des individus issus de populations minoritaires, telles que les Yézidis et les chrétiens, et ceux qui refusent son idéologie extrémiste en Irak par Daech et groupes armés associés. « Les attaques systématiques ou généralisées contre les populations civiles peuvent constituer un crime contre l'humanité, dont les auteurs doivent être tenus responsables. Toutes les parties, y compris ISIL (Daech) et groupes armés associés, doivent respecter le droit international humanitaire, y compris l'obligation de protéger la population civile. », lit-on dans la note. Les membres du Conseil de sécurité ont également exhorté toutes les parties à cesser les violations des droits de l'Homme et les abus, à garantir l'accès humanitaire et faciliter l'acheminement de l'aide à ceux qui fuient la violence. La Syrie préoccupe le Conseil de sécurité de l'ONU Pour ce qui est du dossier syrien, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur « profonde préoccupation » devant le niveau toujours élevé de la violence en Syrie et ont condamné toutes les violences dirigées contre les civils. Ils ont exprimé leur indignation face à toutes les attaques contre des civils, ainsi que « des attaques sans discrimination, y compris celles impliquant des bombardements et des raids aériens, telles que l'utilisation des barils explosifs par le gouvernement syrien, qui auraient été largués sur un camp de personnes déplacées dans le gouvernorat d'Idlib le 29 octobre, faisant de nombreux morts et blessés, y compris des enfants », souligne une note du Conseil de sécurité. Les membres du Conseil de sécurité ont rappelé que toutes les obligations en vertu du droit international humanitaire doivent être respectées en toutes circonstances. Ils ont aussi rappelé, en particulier, l'obligation de faire la distinction entre la population civile et les combattants, et l'interdiction des attaques sans discrimination, et les attaques contre les civils et les biens civils. Les membres du Conseil de sécurité ont réitéré leur appel à toutes les parties d'appliquer immédiatement dans leur intégralité les dispositions des résolutions du Conseil de sécurité 2139 (2014) et 2165 (2014), et de la déclaration présidentielle du 2 octobre 2013 (S / PRST / 2013/15). Ils ont également réaffirmé que la seule solution durable à la crise actuelle en Syrie est un processus politique inclusif et dirigé par les Syriens en vue de l'application intégrale du communiqué de Genève du 30 juin 2012. Une crise humanitaire alarmante Il reste à rappeler que lors de la réunion mensuelle que le Conseil de sécurité a consacrée à la crise syrienne et tenue le jeudi 30 octobre 2014 au siège de l'ONU, la sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Kyung-wha Kang, lors de son intervention par visioconférence, s'est dite révoltée par le châtiment collectif infligé aux civils syriens. « La situation en Syrie, à en juger par les souffrances de son peuple, s'aggrave », a-t-elle déclaré. Elle a jouté : « Le mépris des parties au conflit pour le peuple syrien —sa sécurité comme ses droits— ainsi que pour l'avenir du pays est flagrant. » Renvoyant dos à dos les parties, en premier lieu Daech et le gouvernement syrien, elle les a exhortées à respecter leurs obligations internationales en matière de protection des populations. « Les parties doivent autoriser l'accès aux personnes dans le besoin », a-t-elle fait savoir. S'agissant du financement des opérations humanitaires, Mme Kang a déploré que l'appel de 2,3 milliards de dollars n'ait été financé à ce stade qu'à hauteur de 39%. « Les conséquences sont dramatiques : l'aide alimentaire va être réduite, et ce sont plus de 4 millions de Syriens qui vont en pâtir. Un million de personnes ne recevront ni couverture, ni vêtement chauds, ni fuel pour faire face à l'hiver», a-t-elle prévenu. « J'appelle donc la communauté internationale à redoubler d'efforts pour que nous puissions répondre à des besoins de plus en plus grandissants. », a conclu M. Kang