Mécontents de l'entêtement de leurs candidats à la présidentielle refusant de reconnaître que leurs chances sont nulles, les destouriens appartenant à la Coordination pour l'unité destourienne exhortent la base à voter Béji Caïd Essebsi. Objectif: éviter à tout prix le waterloo du 26 octobre dernier Les destouriens ont fait leurs comptes et ont dressé le bilan de la gifle retentissante que les Tunisiennes et les Tunisiens leur ont administrée le 26 octobre 2014, à l'occasion des législatives. «Nous avons présenté 101 listes lors des législatives. Nous avons récolté 47.000 voix sur les 3.500.000 votants, soit 1,5%. Il n'est pas question qu'on refasse les mêmes erreurs le 23 novembre prochain et qu'on subisse les caprices de nos leaders de la 25e heure» qui refusent de se rendre à l'évidence et de comprendre que le salut de la famille destourienne est de se ranger derrière Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounès, le parti qui a ouvert ses bras aux destouriens et compte aujourd'hui dans les rangs de ses 86 députés, 54 députés destouriens de souche ayant occupé au cours des trente dernières années des postes de responsabilité au sein du Parti destourien bien avant qu'il ne devienne le RCD», confie à La Presse une source informée auprès de la coordination pour l'unité destourienne». La même source ajoute : «Quand nous avons tiré les enseignements de notre débâcle législative, nous avons décidé de dire basta à la division, aux ambitions personnelles démesurées et à la fuite en avant de certains responsables destouriens qui continuaient à parler de la possibilité d'accepter de faire partie d'un gouvernement d'union nationale, alors que le 26 octobre dernier, ils n'ont remporté aucun siège au Parlement. Une délégation de la coordination a pris l'initiative d'entrer en contact avec les trois candidats à la présidentielle se proclamant représenter la famille destourienne : Kamel Morjane, président d'Al Moubadara (trois sièges au Parlement), Mondher Zenaïdi qui revient d'un exil de trois ans en France, et Kamel Nabli, le gouverneur de la Banque centrale dégagé par Marzouki et qui revient en indépendant avec des attaches destouriennes, mais qu'il commercialise timidement. Le quatrième, Abderrahim Zouari, «l'animal politique des époques Bourguiba et Ben Ali», a, quant à lui, préféré se retirer suite au waterloo subi par son parti, le Mouvement destourien, présidé par Hamed Karoui. Malheureusement, notre mission cherchant à les convaincre de se retirer au profit de Béji Caïd Essebsi a essuyé un échec cuisant dans la mesure où ils se sont cramponnés, tous les trois, à leurs positions initiales estimant qu'ils possèdent de réelles chances de coiffer au poteau, le 23 novembre ou le 28 décembre prochains, le président de Nida Tounès et de lui ravir la présidence de la République». Les destouriens chez Si El Béji Face à l'entêtement de Kamel Morjane, Mondher Zenaïdi et Kamel Nabli, une délégation de la Coordination pour l'unité destourienne représentant les destouriens de l'ensemble de la République s'est rendue, mardi 11 novembre, au siège de Nida Tounès pour rencontrer Béji Caïd Essebsi, président du parti, et lui prêter «allégeance et fidélité» au nom des destouriens de la Tunisie profonde, «les destouriens qui refusent catégoriquement que les leaders de la défaite les mènent vers un nouveau waterloo le 23 novembre prochain». «Nous avons trouvé la compréhension et l'écoute qu'on attendait auprès de Si El Béji, révèle à La Presse l'un des participants à la rencontre, et nous avons eu la conviction que Si El Béji est déterminé à impliquer toutes les sensibilités nationales à l'œuvre de Construction, sans oublier les destouriens dont certains leaders continuent à gamberger à l'insu de leurs bases qui ont compris que la donne a changé et qu'il faut s'y adapter». Et la coordination pour l'unité destourienne de prendre son courage à deux mains et de défier les candidats destouriens à la présidence, Mondher Zenaïdi, Kamel Morjane et à un degré moindre Mustapha Kamel Nabli (que beaucoup de destouriens n'arrivent pas à considérer comme destourien) pour appeler la base destourienne à voter Béji Caïd Essebsi le 23 novembre. Hier, la coordination a publié un appel, signé de son coordinateur général, Dr Tarek Ben M'barek, dans lequel les destouriens sont invités à voter massivement pour le président de Nida Tounès. Dans le même appel, il est explicité les raisons objectives sur lesquelles les destouriens se doivent de fonder leur choix. Les auteurs de l'appel précisent notamment : «En considération du grand rôle politique assumé par Béji Caïd Essebsi, l'un des édificateurs de l'Etat moderne et l'un des illustres participants à la réussite du processus transitoire et eu égard au projet civilisationnel qu'il prône et qui est en continuité avec le projet réformiste, moderniste du leader Habib Bourguiba, la Coordination pour l'unité destourienne exhorte les destouriens à faire le choix de la raison et à voter Béji Caïd Essebsi». Il est à indiquer que la coordination ne compte pas s'arrêter en si bon chemin puisqu'elle envisage d'œuvrer à la création, après les élections, d'un parti destourien unifié qui regroupera toutes les formations se proclamant de la mouvance destourienne. «Pour nous, l'aventure ne fait que commencer. Nous préparons déjà les municipales et les régionales qui sont pour demain», commente le Dr Tarek Ben M'barek.