Les trois mille observateurs déployés sur le terrain ont relevé un éventail d'infractions graves dont certaines jugées passibles de peines de prison Contrairement aux avis des missions étrangères d'observation de la présidentielle, les observateurs nationaux n'affichent quasiment pas une grande satisfaction à l'égard du déroulement du premier tour du scrutin électoral de dimanche dernier. Hier, l'Observatoire « Chahed » pour l'observation des élections et le soutien des transitions démocratiques a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a rendu public son rapport préliminaire fondé sur six communiqués qui lui sont parvenus, au fur et à mesure, le jour du scrutin. Son potentiel de trois mille observateurs qui ont été déployés sur le terrain, répartis dans les quelque 11 mille bureaux de vote dans le pays, n'ont pas manqué de relever un éventail d'infractions graves dont certaines jugées même passibles de peine de prison. D'emblée, la présidente de l'observatoire, Mme Leïla Bahria, a révélé que les abus électoraux lors de la présidentielle avaient même dépassé ceux constatés au cours des législatives du 26 octobre dernier. D'après elle, le bilan demeure assez préoccupant à plus d'un titre. Soit : 45% des abus sont liés aux campagnes partisanes et à la propagande électorale, 15% relèvent d'achat des voix et 8% sont des agressions physiques et verbales, manipulations et manœuvres électorales de toute sorte (10%). Au vu et au su de l'Isie Mme Bahria a, également, vivement déploré les pressions méthodiquement exercées sur ses observateurs partout dans les centres de vote, allant jusqu'à leur interdire d'accomplir leur mission. Des cas pareils sont ainsi légion, perceptibles dans de multiples centres et bureaux de vote. « A Kairouan, à Chott Meriem à Sousse, comme aussi à Dhiba, nos agents ont été maltraités, faisant également l'objet d'intimidation et de fortes pressions. Et nombre de nos appareils photo furent confisqués», se plaint-elle. Autres abus enregistrés, en l'occurrence la non-intégrité de certains membres des bureaux, le détournement des votants, l'entrave des représentants des candidats. Et la présidente de « Chahed » de poursuivre que ces dépassements ont été commis, au vu et au su de l'Isie qui n'a jamais bougé le petit doigt, alors que plusieurs observateurs de la société civile l'ont déjà mise au courant des faits. «Dès lors que l'Isie n'a pris aucune décision à cet effet, c'est que son administration électorale a fait preuve de faiblesse et d'inertie », a-t-elle jugé. Et ce en dépit des remarques et critiques qui lui ont été lancées, à maintes reprises, rappelle-t-elle. Cela dit, cette instance semble n'avoir pas retenu la leçon des législatives. Son dispositif humain dans les centres de vote aura besoin de formation sur tous les plans. La révision des comptes est d'autant plus importante que le second tour de la présidentielle, prévoit-elle, s'annonce encore plus tendu, voire imprévisible.