Par M'hamed JAIBI Les états-majors des deux candidats sont en effervescence à la recherche d'une dynamisation de leur campagne en vue de sécuriser leurs chances au second tour. M. Moncef Marzouki, tout en appelant à un «apaisement et à une rationalisation du débat», jette de l'huile sur le feu par de petites phrases assassines, au moment même où ses partisans font bouger la rue dans le sud du pays, «en réaction à une déclaration» de M. Béji Caïd Essebsi à France 24, dans laquelle il aurait évoqué le fait que son rival aurait bénéficié des voix des islamistes, des salafistes et même des jihadistes. Arrivant à la rescousse, Hamadi Jebali, nahdhaoui pourtant réputé modéré, attise les inimitiés en affirmant, à propos de Caïd Essebsi, qu'«un candidat qui divise le peuple ne mérite pas d'être président». De son côté, Nida Tounès s'évertue à battre le rappel de tous ses cadres et militants en vue d'analyser les résultats, jugés en-deçà des promesses, et de relancer la campagne électorale sur la base d'une large réactivation de toutes les énergies au sein des structures régionales et locales. La réunion du Bureau exécutif de Nida Tounès, hier, a été le théâtre d'une autocritique franche quant à la faible efficacité de la campagne du premier tour par rapport à celle des législatives, relâchement attribué à une tendance à «s'endormir sur ses lauriers» qu'auraient eu les nidaïstes au vu du nombre de députés obtenus. Et des décisions ont suivi pour réorganiser les structures de mobilisation lors de la campagne du second tour et améliorer la présence des observateurs dans les bureaux de vote. Deux stratégies de campagne s'affrontent ainsi, l'une semblant privilégier la surenchère et la rue, l'autre la dynamisation des ressources de mobilisation. Souhaitons toujours que les choses ne dégénèrent pas, car le climat inspire bel et bien un dérapage à vue d'œil.