Par M'hamed JAIBI Le partage concerté des responsabilités à la tête de l'Assemblée, entre Nida Tounès et Ennahdha, vient de donner ses chances à une des hypothèses avancées depuis longtemps par les médias et divers observateurs plus ou moins avertis, celle d'un rapprochement spectaculaire entre les deux premiers partis de Tunisie. Ce scénario, mis en avant suite à la fameuse rencontre de Paris, entre Ghannouchi et Caïd Essebsi, a souvent été démenti, malgré tous les indices annonciateurs qu'il a été donné de constater en bonne et due forme. A l'image du retrait du gouvernement Laârayedh qui semblait, à l'époque, tout à fait inimaginable, suivi de l'entrée en scène de l'équipe consensuelle de Mehdi Jomâa et d'un apaisement notoire des polémiques et des luttes idéologiques, ce qui a permis d'accélérer la transition et de réussir les élections. Cela dit, peut-on vraiment affirmer que l'élection de Abdelfatteh Mourou â la vice-présidence de l'ARP fait partie des prémices d'un compromis historique devant associer les deux grands au sein d'un «gouvernement d'union nationale», comme souhaité par Ennahdha, ou faut-il imaginer mille et une options et combinaisons pouvant répondre aussi bien, dans ce sens, aux exigences de la conjoncture nationale ? Il est un fait certain, c'est que l'apaisement sert mieux les intérêts du pays et que la polémique agressive entre deux moitiés de la population alimente les rancunes et favorise les fauteurs de troubles qui en veulent à la République : terrorisme international, jihadisme dormant, salafisme,... relayés par les faux tenants de la «révolution jusqu'au bout» que sont les LPR. Ce choix de l'apaisement semble être celui, à la fois, de Béji Caïd Essebsi et de Rached Ghannouchi, malgré ce que l'on a vu comme échauffement des esprits chez les bases nahdhaouies lors de la campagne pro-Marzouki du premier tour de la présidentielle. Mais il n'implique pas un choix tranchant entre l'alliance totale et la discorde. Pour se reconstruire, le pays a besoin de consensus, mais il a aussi besoin que l'on remette les pendules à l'heure. Même ajusté, le régime parlementaire donne cette latitude de faire jouer les options fondamentales et les alliances conjoncturelles au sein de l'Assemblée, de sorte que le vote d'hier garde ouvertes toutes les éventualités. A la condition que l'intérêt général prime et que l'esprit sportif soit toujours au rendez-vous.