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Comme un «Bleu» ?
A Fleur de mots
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 07 - 2010

Caprice de star ou ignorance outrageuse ? La médiatisation sur Internet du refus de William Gallas, le défenseur de l'Equipe de France, de se faire soigner par un dentiste tunisien lors de la rencontre amicale Tunisie-France, met de nouveau les frasques de la sélection française dans l'œil du cyclone.
L'affaire rapportée par notre confrère Al Sabah Al Ousboui et reprise par les agences de presse internationales a fait monter la grogne d'un cran auprès des internautes.
Les nerfs à vif, d'aucuns estiment que ce geste constitue un préjudice moral pour la profession de dentiste en Tunisie. Tandis que d'autres soulignent que l'image de marque des médecins tunisiens est au-dessus de tout soupçon et qu'en Tunisie, le tourisme de santé a contribué à rehausser l'image de la destination tout en offrant un produit diversifié et de très haute qualité.
En effet, notre pays a mis au point des infrastructures hospitalières permettant d'assurer un service de grande qualité et le modèle tunisien séduit au-delà des frontières et s'exporte déjà.
Cependant, avant de passer en revue l'avancée remarquable qu'a connue le secteur sanitaire dans notre pays ces dernières années grâce à l'intérêt continu que lui accorde l'Etat dans le cadre d'une politique visant à promouvoir l'initiative privée et l'économie de marché, d'une part, et la complémentarité entre les secteurs public et privé, d'autre part, il serait fortement judicieux de rappeler en quelques lignes, les moments forts de la médecine en Tunisie depuis les Carthaginois, peuple millénaire d'humanisme, de médecine, d'hygiène et de respect de l'individu.
Rencontré au pavillon dédié au Musée de la médecine, lors de la première édition du salon des services de santé, le pr Hamza Saddam, qui enseigne la médecine, en France et en Tunisie, nous a rappelé à bâtons rompus que l'écriture, réinventée, par les Puniques, que le principe de la démocratie, de la chrétienté, de l'hygiène et la médecine, sont nés à carthage, et sont le legs de la société Carthaginoise depuis sa création.
En effet, ce passionné par l'histoire de la médecine tunisienne, qui s'est retourné vers le legs tri millénaire de nos ancêtres médecins, qui ont permis à la Tunisie, d'accéder aujourd'hui au rang de première destination de tourisme médical dans le monde, affirme que «lorsque l'on est Tunisien, arabe, et médecin, et que l'on a derrière soi une civilisation trois fois millénaire, se pose à nous une vraie quête d'identité. Liberté, intégrité et respect de l'homme, sont les trois règles d'un petit pays, qui, à mes yeux, est grand, par son apport. La médecine est un savoir qui veille à protéger la liberté de l'homme. Préserver la santé de l'homme sain, mais aussi restaurer la santé de l'homme malade»
Revenant sur les origines du terme “Medica nobilis ARTE”, le pr Saddam souligne que «la médecine à Carthage est enseignée comme le plus noble des arts, depuis le premier siècle après Jésus-Christ, aux hommes, comme aux femmes». Et d'ajouter que «la médecine est aussi un savoir, et ce savoir doit pouvoir se partager. Un médecin doit coopérer avec le malade, pour trouver des solutions à sa maladie, ainsi que le chemin qui mène à sa guérison. Mais pour transmettre un savoir, il faut pouvoir le communiquer. La médecine est une science qui se fabrique, et s'ajuste en fonction des circonstances et des êtres, mais aussi de leur environnement.»
Il raconte aussi que «Carthage a 28 siècles d'existence, et devient 400 ans après sa création l'une des plus grandes puissances de la Méditerranée. Le peuple de Carthage est un peuple libre, sain et qui prend part à toutes les décisions et à l'essor de la ville. L'hygiène, en Tunisie, est une notion de base, puisque au IIIe siècle avant J.-C., toutes les maisons de Kerkouane avaient des salles de bains.»
C'est aussi à Carthage, 146 ans après Jésus-Christ, que l'on va commencer à utiliser du dentifrice, pour l'hygiène buccale. Hérodote dira au Ve siècle avant Jésus-Christ, en parlant de la société carthaginoise. «C'est indiscutablement le peuple le plus sain que nous connaissons» «et à Rome, on conseillait à ceux qui voulaient vivre longtemps, d'aller habiter à Carthage» ajoute le conférencier.
Pour ce qui est de l'humanisme, et du respect, de l'individu : Carthage fut aussi le berceau de l'humanisme, et l'on retrouve, dans les œuvres théâtrales de Térence, né à Carthage, et dont Molière s'est beaucoup inspiré, une phrase dont le sens est intimement lié à cette tradition carthaginoise d'humanité : «Je suis un homme et j'estime que rien de ce qui est humain ne m'est étranger». Puis Clitomarque, philosophe carthaginois, à qui l'on demande de 140 à 128 avant Jésus-Christ de diriger l'Académie d'Athènes, au moment du schisme, de l'Académie, écrivit un livre scientifique, où il fit connaître le philosophe Carnéade, auteur de «La critique de la certitude».
Naissance de la médecine moderne
«Apulée, un médecin philosophe carthaginois, va étudier et réorganiser tous les écrits médicaux d'autres civilisations. Aux Egyptiens et aux Grecs, aux Perses, aux Indiens, aux Chinois, aux Tibétains, aux Yéménites, il reprendra, de manière analytique et organisée, chaque description, et chaque terme, qu'il retranscrira pour une médecine moderne et précise, en modifiant, ou en y revisitant les lacunes. Puis au Xe siècle, Ibn Ali Errahoui écrira un premier ouvrage sur la déontologie médicale, et l'organisation de l'enseignement de la médecine et de la chirurgie. Ibn El Jazzaz va éclairer le monde médical, sur bien des points, comme la physiologie de l'odorat, puis des notions de médecine mathématique, avec ses recherches sur les mesures et instruments médicaux, une étude comparée sur les différents types de traitements, du nord au sud de la Tunisie, la recherche de plantes médicinales locales. Il évoque trois thèmes de la diffusion de cette médecine, la traçabilité des produits, la comparaison des produits et la transmission du savoir», enchaîne le conférencier.
Femmes médecins, et innovations magistrales
Donc, une hygiène irréprochable, et organisée, qui éloigne les épidémies, car les règles en la matière étaient tellement strictes qu'elles réussirent à étonner le monde entre 1705 et 1784, où le monde entier fut envahi par la peste, sauf la Tunisie.
Sur un autre plan, la première femme médecin tunisienne, officiellement reconnue en 1930, est Mme Tawhida Ben Cheikh, et c'est aussi la première femme du monde arabe à exercer ce métier, rappelle le Pr.Saddam. C'est elle qui mettra de même en place, puis dirigera le planning familial. Parmi les illustres, l'on citerait aussi Salah Azaiez, Mahmoud Matri et les chirurgiens Saadeddine Zmerli qui a réussi la première greffe rénale en Tunisie (1986), Mohamed Fourati (première greffe du cœur, 1993) et Tahar Khalfallah (première greffe du foie, 1999). En 1990, les médecins français ont rendu hommage aux médecins tunisiens, concernant leurs découvertes, sur une horrible maladie, l'ostéomyélite, et le protocole de Tunis, concernant cette maladie, a été enfin reconnu dans le monde entier.
A tous ceux qui, peut-être comme Gallas, pensent qu'il faut être riche pour avoir une bonne médecine, le Pr.Saddam rétorque :«Réfutez, enfin, l'idée que la recherche est liée à l'argent, car c'est dans la pauvreté que naît la recherche. Lisez Marie Curie, lisez Apulée, Aristote... C'est auprès des individus, et sur le terrain, que la médecine peut grandir.»
Station d'hivernage
La Tunisie a été une station d'hivernage pour les premiers touristes, qui trouvaient leur confort et santé dans la douceur du climat tunisien. Aujourd'hui, le tourisme de santé occupe de nouveau le devant de la scène touristique et retrouve dans la Tunisie d'antan charme, couleurs et arômes, mais conjugués cette fois-ci à des compétences médicales de renommée et une infrastructure alignée sur les standards internationaux.
Les patients consultent ainsi leur agent de voyages, avant de voir le médecin et après le bistouri, la plage est une convalescence intelligente où l'on peut apprécier les différentes tonalités du pays.
C'est ici, en Tunisie, que des milliers de patients touristes ont pu retrouver le sourire et le goût à la vie. En effet, ils se comptent déjà par milliers, ces patients européens qui ont décidé de soulager ici les maux de leur corps.
Déjà, la médecine tunisienne, considérée comme l'égale de la médecine en Europe, dispose d'un capital confiance qui lui permet de jouer dans la cour des grands. Aussi, la compétence de nos médecins n'est plus à démontrer. Nos cliniques pluridisciplinaires, monodisciplinaires, l'infrastructure de pointe, le personnel paramédical de haut niveau et l'avantage de terminer sa convalescence dans un hôtel luxueux attirent de plus en plus de patients.
Depuis Carthage, la médecine tunisienne continue et évolue dans le même sens : «Quatre facultés de médecine, 65% de femmes étudiantes, un centre de publications universitaires, une Faculté des sciences, des centres de santé de base,des dispensaires, les mêmes principes édictés depuis Carthage. Les caravanes de santé sont aussi une spécificité tunisienne. Une fois par mois, la faculté de médecine se déplace, du Nord au Sud, et d'est en ouest, pour donner à tous les Tunisiens les mêmes chances et les mêmes soins. En effet, la médecine tunisienne d'aujourd'hui est toujours un exemple de modernité, de partage, et d'innovation», rappelle notre éminent professeur Saddam. Alors pourquoi cette peur «bleue» de se faire soigner par un dentiste tunisien?


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