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Le cinéma, une vocation
Entretien du Lundi — avec Nawfel Saheb Ettaba
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000


Comment est né votre intérêt pour le cinéma ?
Je dirais qu'il y a d'abord une vocation. Elle ne se révèle pas toujours facilement, elle est souvent cachée. Depuis tout petit, ma mère m'emmenait dans les salles de cinéma, toutes les semaines. Je suis parti faire des études en sciences physiques au Canada et là-bas, j'ai fait la connaissance du directeur photo Philippe Lavalette qui m'a fait aimer la caméra. Après cela, j'ai fait des stages en scénario et en réalisation et j'ai même changé pour des études en cinéma, où j'ai réalisé mon premier court métrage. Après mes études, j'ai continué à écrire des scénarios et j'ai travaillé comme preneur de son. En 1993, je suis retourné vivre en Tunisie où j'ai commencé par réaliser une émission sur Canal Horizons, puis de nombreuses publicités, jusqu'à 2000 où j'ai réalisé mon documentaire «Stambeli». En 2002, j'ai réalisé mon premier long métrage de fiction El Kotbia (La librairie), et, douze ans plus tard, mon deuxième, El Ziara (La lune noire).
Pourquoi autant de temps entre ces deux films ?
J'ai écrit El Ziara en 2004. Le ministère de la Culture m'a refusé une aide à l'écriture en 2005 et une aide à la production en 2006. J'ai protesté auprès du directeur du service cinéma de l'époque et j'ai même songé à retourner vivre au Canada. Ensuite, j'ai pu obtenir cette aide à la production en 2007. Par manque d'argent, le ministère a reporté le versement de l'aide en 2008. Plusieurs cinéastes étaient dans mon cas. J'ai dû attendre jusqu'à décembre 2009 et j'ai enfin pu tourner en 2010. Le tournage a été difficile. Les événements de la révolution ont retardé la sortie du film mais il sera bientôt en salles.
Comment vous définiriez le cinéma que vous aimez faire ?
Commençons par ce que je ne peux pas faire. C'est tout ce qui concerne le tuniso-tunisien, les problèmes sociaux, le militantisme, le milieu rural ou la Médina, que je n'ai pas bien connue. Par contre, je peux parler de mes expériences personnelles, comme l'internat. En même temps, j'essaye de proposer différents degrés de lectures, de faire passer des messages en filigrane. Surtout, je m'intéresse aux sujets universels, comme l'amour. El Kotbia porte sur le choix et le droit au bonheur, j'y parle aussi de l'enfermement de la jeunesse tunisienne. Dans El Ziara, je parle de la schizophrénie et de la solitude.
Pourquoi El Kotbia n'a pas eu de sortie commerciale en Tunisie ?
Pour résumer, à l'époque, feu Bahaeddine Attia voulait produire le film. J'ai trouvé qu'il se mêlait beaucoup de l'aspect artistique, il voulait par exemple changer la fin. J'ai fini par boucler tout seul la production. En conséquence, il a refusé de le distribuer et a bloqué sa sortie, en incitant les exploitants de salles de cinéma à ne pas le programmer.
Le milieu cinématographique semble souffrir de beaucoup de problèmes...
Le premier frein reste le manque de financement pour le cinéma en Tunisie, chose qui nous empêche d'avoir une production raisonnable en quantité. Il y a des efforts dans les courts métrages réalisés par les jeunes et c'est en forgeant qu'on devient forgeron. D'autre part, comme il y a peu de ressources pour le cinéma, il y a une bagarre dessus. Depuis le début, ce milieu a été investi par des gens qui n'ont pas tous fait du cinéma. Certains y sont arrivés par affinités, d'autres par la littérature ou la sociologie, etc.
Les jeunes diplômés des écoles de cinéma ont un bon niveau de technicité mais manquent de créativité. Quoiqu'aujourd'hui, avec la révolution, cette liberté d'expression a fait que l'imaginaire s'est libéré. Malgré cela, certains veulent être partout, même dans les commissions à l'étranger, avec l'appui du ministère. C'est d'ailleurs pourquoi, à présent, je ne fais partie d'aucun syndicat.
Qu'avez-vous pensé de la polémique sur le cinéma tunisien pendant les JCC 2014 ?
Je pense que cette édition des JCC a échoué à accomplir l'une de ses principales missions, celle de donner de la visibilité au cinéma tunisien. Les arguments avancés par la Direction des JCC ne sont point convaincants. De plus, rien n'a été fait pour que les films tunisiens soient disponibles (sur DVD) dans la salle de visionnage (Vidéo sur demande) pour que d'éventuels distributeurs étrangers ou des chaînes de TV, et les journalistes puissent les voir à tout moment. Cela concerne également mon film El Ziara qui, bien que programmé à la section Panorama du cinéma tunisien, n'a pas été disponible dans la salle de visionnage, alors que plusieurs personnes étrangères ont demandé à le visionner.
En fin de compte, j'estime que cette session des JCC n'a pas servi notre cinéma national. Elle lui a même causé un grand tort. La question est «pourquoi»? Personnellement, je considère que cela a toujours été une grave erreur que de confier la direction des JCC à un producteur ou à un réalisateur, encore en activité. Les conflits d'intérêt sont quasi inévitables.
Qu'ajoute El Ziara à votre parcours et au cinéma tunisien ? Pourquoi l'avez-vous fait ?
J'ai commencé à écrire ce film puis j'en ai eu peur car je savais que je m'attaquais à un sujet très complexe, celui de la schizophrénie. Je me suis posé la question : qu'est-ce que je peux ramener de plus par rapport à ceux qui m'ont précédé. Alors j'ai commencé à chercher l'astuce qui fait la réussite de ce genre de films. La mienne était, entre autres trouvailles, que je laisse le spectateur découvrir, de ne jamais mettre Youssef et la fille dans le même champ. Je les filme en champ-contrechamp, avec un point de vue subjectif. Mon souci était de donner au langage cinématographique son sens réel, au-delà de l'esthétique et de la technique. J'estime avoir ramené à ce genre une touche personnelle.
Pourquoi avez-vous opté pour une coécriture du scénario ?
J'ai donc continué et terminé le film. J'ai pris Tarek Ben Chaâbane comme conseiller. Je crois en la spécialisation et le cumul d'expérience et de compétence de chaque spécialité. Avec Tarek, le travail a été fait dans la complémentarité et il est passé de conseiller à coauteur. D'ailleurs, je l'encourage à écrire des scénarios que je me ferai un plaisir de réaliser, et aller ainsi dans le sens de plus de reconnaissance pour le métier de scénariste en Tunisie.
Comptez-vous poursuivre cette expérience dans vos futurs projets ?
Je dirai que El Ziara est un film un peu lynchien, car David Lynch a pu représenter ce genre au cinéma. Cela ne veut pas dire que je continuerai dans cette voie-là. Quant à la collaboration avec Tarek Ben Chaâbane, nous sommes déjà sur le projet d'un nouveau film, Baccalauréat, qui a obtenu une aide à l'écriture en 2011. Il parle d'émigration clandestine et il est à l'étape de l'écriture. Ici, je m'engage dans un cinéma social. Il faut que les artistes s'impliquent contre ce phénomène et essayent de le stopper. Je voudrais pousser les jeunes à réfléchir, au moins à marquer une hésitation avant de songer à cela. Je contribuerais peut-être ainsi à sauver la vie d'un jeune, à le faire rêver de la Tunisie.


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