Restructurer l'ensemble du secteur bancaire et financier, notamment les banques publiques dont les résultats du full audit ne sont pas encore publiés pour des raisons non explicités «Réforme» sera le maître-mot de la prochaine étape, après maints reports et blocages au cours des dernières années. Mener à bien des réformes nécessite la réunion des préalables à leur mise en œuvre et avant tout un consensus sur l'ordre de priorité de ces entreprises. «Après avoir vécu trois années de primauté du politique, il y a lieu aujourd'hui de se pencher sur les vrais problèmes économiques et sociaux», a souligné le secrétaire général de l'Ordre des Experts Comptables de Tunisie, M. Walid Ben Salah, tout en rappelant le contexte économique difficile et l'ambiance sociale morose qui règne depuis des années. Nombreux sont les problèmes qui étaient à l'origine du déclenchement « des événements du 17 décembre 2010», qualifie-t-il, mais qui, malheureusement, demeurent jusqu'à présent sans issues. Pis, plusieurs indicateurs économiques, continue-t-il, se sont fortement dégradés au cours de ces dernières années, notamment le taux de croissance, l'inflation, le niveau d'investissement national et les IDE, le déficit budgétaire, l'endettement public, le déficit de la balance commerciale et de la balance des paiements... Face à cette situation, l'expert a formulé une liste des réformes à engager en urgence et les modalités pour leur mise en œuvre. Il s'agit d'une ébauche de travail qui sera finalisée, ultérieurement, et publiée par l'Oect, que l'expert a accepté de partager avec les lecteurs de La Presse. Axes de réformes à engager en urgence Rationaliser les dépenses publiques et délimiter les responsabilités à ce titre. Restructurer l'ensemble du secteur bancaire et financier, notamment les banques publiques dont les résultats du full audit ne sont pas encore publiés pour des raisons non explicités. Restructurer les entreprises publiques en vue de l'absorption de leurs déficits colossaux ayant frôlé les 4.000 millions de dinars. Un full audit desdites entreprises constitue un prérequis à ladite restructuration. Améliorer l'accès au financement, notamment aux PME/PMI en diversifiant les sources et les produits, en revoyant le rôle de la Poste et de la CDC à ce titre et en développant davantage le secteur de la micro-finance. Adopter, après leur refonte, les nouvelles lois portant sur le partenariat public/privé, le code d'investissement, les entreprises en difficulté, les moyens de paiement, etc. Accélérer le processus de mise en place de la réforme fiscale et renforcer les moyens humains et logistiques de l'administration. Simplifier les procédures administratives et douanières, alléger les formalités et réduire les délais. Lutter efficacement contre le secteur informel en l'intégrant progressivement dans l'économie formelle, moyennant certaines mesures incitatives sur le plan accès au financement, à la propriété foncière, à la couverture sociale, etc. ainsi que la mise en place de barrières à l'entrée limitant son développement. Accélérer le processus de traitement des affaires en justice et d'exécution des jugements notamment en matière économique et de recouvrement des créances et de réalisation des garanties. Préalables et modalités de mise en place Mettre en œuvre une trêve sociale, suspendre les grèves et retrouver la valeur du travail. Mettre en place un conseil économique et social. Mettre en place le pacte social signé entre les partenaires sociaux et le gouvernement le 14 janvier 2013. Assurer une gestion participative efficace pour la conception, la mise en œuvre et le suivi des réformes impliquant l'ensemble des acteurs socioéconomiques et notamment l'Ordre des experts comptables de Tunisie : cette action pourrait être assurée à travers la création d'une haute instance auprès de la présidence du gouvernement. Elaborer un plan économique quinquennal qui définit les orientations stratégiques de développement au cours des années futures et constituera un référentiel notamment pour l'élaboration des prochaines lois de finances. Refonte de la réglementation régissant le conseil national de fiscalité permettant de mettre en relief son rôle et d'assurer son indépendance. Permettre l'accès aux données nécessaires pour la conception efficace des réformes. Mettre en place un plan de communication efficace sur le programme adopté, ses priorités, les projets réalisés et en cours, leur degré d'avancement, les échéances fixées et leur mise à jour éventuelle, etc.