Près de 500 daechistes tunisiens, officiellement recensés, ont réussi à rentrer au bercail. Nouveau casse-tête, nouvelles sueurs froides en vue... Il y a environ deux ans, nous annoncions en exclusivité dans nos livraisons que Daech a déjà envoyé ses premiers escadrons de la mort dans nos murs. Ce scoop, pourtant puisé dans des sources bien informées et au fait du dossier du terrorisme, n'a pas été — hélas — pris au sérieux, pour une raison ou pour une autre. Aujourd'hui, c'est le gouvernement actuel, par la voix du nouveau secrétaire d'Etat à la Sûreté, qui le reconnaît publiquement, en faisant état du recensement officiel de quelque 500 daechistes ayant réussi à rentrer en Tunisie. Fusent alors les interrogations têtues suivantes : pourquoi a-t-on mis une...éternité pour en avoir le cœur net ? Ce chiffre est-il réel, ou devrait-il être révisé vers la hausse? Où se trouvent ces dangereux jihadistes ? A-t-on, au moins, pu en localiser les retraites ? Quelles sont les armes qu'ils détiennent ? Comment ont-ils réussi à regagner le bercail, alors que l'on ne cesse de nous marteler, fièrement, que nos frontières sont hermétiquement cadenassées ? Invasion en vue ? Loin de ces interrogations à la fois complexes et embarrassantes, une chose est sûre : Daech s'est bel et bien installé en Tunisie, d'où l'obligation de composer avec cette triste réalité aux développements imprévisibles et à l'issue incertaine. Certes, il y a de quoi s'enorgueillir des retentissants coups de filet sans cesse réalisés par nos forces de sécurité et de l'armée en matière de traque de terroristes. Mais, il faut absolument admettre que combattre Al Qaïda est une chose, et affronter Daech en est une autre, la première organisation citée ayant beaucoup perdu de son aura face à la poussée fulgurante de l'autre organisation montée par le tristement célèbre Aboubakr Al Baghdadi. L'une a donc supplanté l'autre, au point que l'homme fort d'Al Qaïda, Aymen Al Dhawahri, ne compte plus les... traîtres qui ont rallié les rangs du camp concurrent. De surcroît, Daech demeure potentiellement plus menaçant, comme en attestent les preuves suivantes : – Sa puissance financière, par exploitation des gisements pétrolifères et trafic d'armes et de drogue interposés. L'argent étant le nerf de la guerre, cet atout lui permet d'aimanter de nouveaux partisans, de renforcer son arsenal militaire et de gagner du terrain. – Son étonnante capacité de combativité qui lui a permis de résister, jusqu'à présent, à la coalition armée internationale, de plus en plus présente en Irak et en Syrie. – L'incroyable rapidité avec laquelle se propage la traînée daechiste de par le monde. Sait-on, à ce sujet, que cette organisation a déjà implanté ses propres réseaux en Afrique (Nigeria, Somalie, Niger, Mali, Egypte, Yémen, Soudan, Tchad, Algérie, Maroc, Tunisie...), en Asie, en Amérique et évidemment en Europe où ils sont de plus en plus nombreux à succomber au «charme» de Daech. – La férocité des méthodes de combat prônées par Aboubakr Al Baghdadi et entièrement empreintes de sauvagerie extrême. Al Qaïda ne peut que s'en pâtir ! Autant dire que, stratégiquement, la Tunisie est aujourd'hui exposée à une menace plus sérieuse, surtout que sur les 3.000 daechistes tunisiens évoluant en Syrie et en Irak, personne ne sait ni combien d'entre eux réussiront à rentrer dans nos murs, ni quel «sort» ils nous réservent.