En visite de travail de deux jours, depuis hier, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström, a rencontré plusieurs officiels tunisiens, à leur tête le président de la République, le président de l'Assemblée des représentants du peuple ainsi que Taïeb Baccouche, son homologue. Dans cet entretien qu'elle accorde à La Presse, la ministre explique que la Suède compte renforcer ses relations diplomatiques avec la Tunisie. Elle annonce, entre autres, l'arrivée prochaine d'une délégation d'hommes d'affaires suédois prêts à investir. Margot Wallström revient également sur les droits de l'Homme et évoque le sort de Jabeur Mejri Pourquoi cette visite et en quoi la Tunisie est-elle importante pour la Suède ? Les deux pays entretiennent des relations de longue date, historiques et j'ai voulu que l'une de mes premières visites à l'étranger soit pour la Tunisie parce que je pense que la Tunisie peut servir d'exemple pour le printemps arabe. Un pays qui veut se transformer en une démocratie. Bien évidemment, la Tunisie continue à lutter afin de mener les réformes nécessaires pour instaurer les assises de la démocratie. Et nous sommes ici pour apporter notre soutien et notre aide à la Tunisie. La Suède, malheureusement, n'a pas eu beaucoup de contacts diplomatiques ces derniers temps avec la Tunisie mais maintenant, nous allons y remédier. Pour la Suède également, c'est une chance de voir comment évolue la situation et comment nous pourrions apprendre de l'expérience tunisienne. Vous avez rencontré lors de votre visite un certain nombre de responsables tunisiens. Quels sujets ont été évoqués ? Nous avons discuté d'un nombre très important de sujets, bien sûr nous avons parlé du processus de réformes engagé par la Tunisie. Nous avons aussi évoqué la situation sécuritaire, notamment la situation de vos voisins qui pourrait vous affecter et affecter le reste du monde. La question des droits de l'Homme a été bien entendu au centre de nos échanges avec les responsables tunisiens. Le développement économique de la Tunisie nous intéresse et nous allons très prochainement envoyer une délégation d'hommes d'affaires suédois pour voir comment nous pourrions bâtir une coopération fructueuse et créer des investissements en Tunisie. Donc vous voyez, nous sommes très pragmatiques dans notre approche des relations tuniso-suédoises. Vous aviez dit dans la tribune qui a été publiée sur le journal La Presse du 18 février que la Suède était prête à aider la Tunisie sur le plan sécuritaire. De quoi s'agit-il exactement ? Nous sommes en train d'étudier la manière avec laquelle nous pourrions vous aider. Il faut, par contre, que nous agissions dans le cadre de nos législations. Mais nous pensons que si nous arrivons à mieux comprendre la position de la Tunisie dans cette région, à mieux comprendre ce qui se passe dans la région dans son ensemble, alors cela nous aidera à mieux répondre aux attentes de la Tunisie en matière de protection contre le terrorisme. Mais nous voulons aller encore plus loin et comprendre le phénomène de radicalisation, qui devient aujourd'hui un problème planétaire. On le voit en Europe, où il n'y a pas de conflit ni de révolution, mais qui fait face à des phénomènes de radicalisation similaires à ceux des zones de conflits. Aujourd'hui justement, il y a un risque d'embrasement en Libye. Quelle est la position officielle de la Suède sur ce dossier ? Etes-vous favorable à une intervention étrangère préventive à l'intérieur des terres libyennes ? La Suède travaille principalement dans le cadre de l'Union européenne. Nous soutenons bien évidemment le travail de M. Bernardino Léon, émissaire spécial des Nations unies pour la Libye, et les efforts qu'il mène avec les moyens qui lui semblent adéquats. Mais pour le reste, nous ne pourrons agir que dans le cadre de l'Union européenne et avec un peu de chance, la situation en Libye s'améliorera, même légèrement. Vous aviez promis d'accorder l'asile politique à Jabeur Mejri, le blogueur qui avait publié des caricatures du Prophète jugées blasphématoires, où en est le dossier ? Nous sommes constamment attachés à défendre les droits de l'Homme et la liberté d'expression. C'est très important pour nous que ce cas soit suivi de près. Lors de nos entretiens avec les responsables tunisiens, nous avons insisté sur l'importance de la liberté d'expression. Pour le cas particulier de Jabeur Mejri, je vais essayer de faire avancer le dossier.