La Coupe du monde est venue nous faire oublier un tant soit peu une saison calamiteuse où nous aurions tout vu, tout subi : la violence, le fanatisme, les naufrages de l'équipe nationale, les polémiques et un football, celui joué, grand absent de nos stades. Avec tout de même deux éclairs dans une morne grisaille : le titre remporté haut la main par l'Espérance, puis cette bouffée d'air frais avec la victoire en coupe de l'Olympique de Béja. Repus de football avec les images de la fête planétaire en Afrique du Sud, plein la tête, nous nous sommes dit que le pire était derrière nous et que nous allions peut-être assister à une prise de conscience générale. Prise de conscience que ça ne peut plus continuer comme ça et qu'il faut à tout prix sauver le sport national numéro 1. Or, l'été a été la triste continuation de ce qu'on sait avec les crises ouvertes du Club Africain et du CSS et surtout, la gifle du Botswana et cette équipe nationale moribonde. Mais comme l'espoir est le dernier à mourir, nous ferons abstraction du passé et replongerons tout à l'heure dans une compétition que nous rêvons meilleure. Un rêve doublement contrarié au départ avec ce huis clos pathétique à Radès entre les deux grands favoris de la saison, Espérance et Etoile, et cet horaire «brûlant» qui contraindra les joueurs à débuter la saison dans des conditions climatiques prohibitives. Que vaut un match de football avec des joueurs qu'on passe au grill? On le saura tout à l'heure, même si, incorrigibles optimistes, nous sommes persuadés qu'Espérance et Etoile sauront surmonter toutes les contingences. Question de fraîcheur… Il ne s'agit pas là d'un jeu de mots douteux, mais bel et bien d'une interrogation légitime, valable en pleine canicule. Surtout pour l'Espérance dont les joueurs ont enchaîné championnat, équipe nationale et Coupe africaine. Un rythme épuisant pour les organismes et surtout sur le plan mental, l'énergie étant certes renouvelable mais pas inépuisable. Handicaps compensés par tout ce qui fait grand un club : continuité, effectif riche et solide, ambition, maturité, combativité et personnalité. Complémentarité et automatismes au point surtout, ce qui vaut toutes les préparations et tous les recrutements. Les Etoilés ou ce qu'il en reste ont pour leur part eu droit au repos. Les joueurs, du moins, car les dirigeants ont mis en route un véritable chantier depuis le coup de sifflet final de la précédente saison. On en entrevoit aujourd'hui murs, toit, fenêtres et même quelques roses qui fleurissent — déjà — dans le jardin. Reste à parfaire tout cela et cela se fera dans les épreuves, bonnes ou mauvaises. Une chose est sûre, il y a de tout dans cette équipe : du talent, de l'expérience, de l'ambition et surtout ce désir de revanche sur soi-même et sur le sort qui s'est acharné sur l'Etoile ces deux dernières saisons. C'est valable pour EST-ESS, pour une première journée de championnat, mais ça l'est particulièrement pour ce CAB-CA qui aurait pu se disputer sur la… plage à côté, mais qui aura pour théâtre un 15-Octobre dont le ciel clair sera chargé d'interrogations. Quel visage pour le CAB et quel visage pour le Club Africain? Bien malin celui qui pourrait répondre à cette question, d'autant que la canicule ne devrait guère arranger ceux qui accoureront aux nouvelles. Bouteille à l'eau Le CAB n'a pas beaucoup changé et, pour peu que Buscher travaille dans l'esprit inauguré par Larbi Zouaoui, qui a tourné le dos aux recrutements sauvages et réinstauré une «école cabiste» l'équipe du Nord pourrait et devrait continuer sur sa lancée et même aller au-delà. Au CA les choses ont tardé et tardent à se mettre en place même si on essaie de rattraper le temps perdu. Bracci a en tout cas cherché à faire abstraction des contingences… indépendantes de sa propre volonté pour présenter une équipe qui se tient en attendant que le puzzle soit véritablement mis en place. Cela sachant que les supporters, eux, n'attendront pas. Bouteille à l'eau à Bizerte comme ailleurs du reste. A Hammam-Sousse où le miraculé de la Ligue I ambitionne de ne pas connaître les sueurs froides de la saison écoulée, alors que la JSK repart presque à zéro avec le changement du staff technique, le départ et les arrivées de bon nombre de joueurs. A Gafsa, les saisons se suivent et se ressemblent avec pour fil rouge la crise financière. Mais le miracle se poursuit et qui sait si les résultats devaient par enchantement suivre… Une chose est sûre : l'adversaire n'est guère commode même s'il a perdu de belles pièces. A Zarzis, enfin, les ambitions sont peut-être à la baisse suite au départ du mécène Baâboura. Il faut dire que les ambitions n'ont jamais été démesurées. Tout comme celles de l'ASM qui veut se réinstaller solidement en Ligue I. Rien de nouveau en définitive avec les mêmes qui se battront pour les titres et les autres pour les places d'honneur et le maintien. Mais franchement, nous attendons plus que des résultats cette saison : la moralisation de notre football. Le programme Aujourd'hui à 17h00 A Radès, EST-ESS : Yassine Harrouche A Zarzis, ESZ-ASM: Foued Bahri A Bizerte, CAB-CA: Nasrallah Jaouadi A H-Sousse, ESHS-JSK : Youssef Sraïri A Gafsa, EGSG-CSHL : Slim Belakhouas Dimanche à 17h00 A Sfax, CSS-OB : Abdallah Doraï A El Menzah, ST-ASG : Mohamed Hédi Bakir