La baisse du pouvoir d'achat est considérée comme le principal facteur de l'échec des soldes d'hiver. Plus de trois semaines se sont écoulées depuis le coup d'envoi des soldes d'hiver, et voilà que la déception des commerçants et des défenseurs des droits du consommateur se confirme. Les Tunisiens boudent les boutiques de prêt-à-porter, du cuir et des chaussures et des parfumeries, préférant dépenser nettement moins en faisant l'acquisition de vêtements utilisés. Les autocollants mentionnant des réductions allant jusqu'à 70% ne semblent plus séduire le consommateur. Cela fait des années déjà que les gérants et les commerçants ne baissent plus les rideaux à moitié pour gérer la foule de clients qui s'impatientent pour dénicher des produits en promotion. A Tunis, et à l'exception desdits autocollants, rien ne laisse deviner une «fête» commerciale. Malgré les réductions alléchantes, les Tunisiens et les Tunisiennes affichent une certaine réticence quant à l'affluence sur les bonnes occasions. Pour certains, les soldes manquent de transparence et de crédibilité. «Qui dit soldes, dit bonnes occasions ou bonnes affaires, et par conséquent acheter à des prix fort promotionnels et bénéficier de remises de plus de 50% sur le produit. Cette technique commerciale est reconnue à l'échelle internationale. En Tunisie, pour bénéficier de telles réductions, le consommateur doit patienter jusqu'à l'annonce de la deuxième et de la troisième démarques. Ce qui place le client face à un choix nettement réduit, une qualité de moyenne gamme et des tailles et pointures non disponibles. Du coup, l'on ne parle plus de bonnes affaires», indique Hanène, secrétaire, qui souhaite vivement qu'il y ait des soldes tentantes comme c'est le cas dans les pays européens. Pas d'argent, pas de shopping ! Par ailleurs, et en dépit de la polémique que suscitent la crédibilité et l'efficacité des soldes, d'autres facteurs entravent la réussite des soldes d'hiver. En effet, nombreux sont les consommateurs qui se sont trouvés privés de la chance de s'adonner au shopping, faute de moyens. La régression palpable du pouvoir d'achat et la cherté de la vie mettent le Tunisien dans l'obligation de faire primer le strictement nécessaire sur le facultatif. «Jadis, mes filles et moi saisissions l'occasion des soldes pour acheter des tenues dont certaines seront rangées pour l'année d'après. Manifestement, ce temps est révolu. La cherté de la vie nous oblige à serrer davantage la ceinture et à axer notre budget familial sur l'alimentation, les factures d'électricité et de l'eau, le transport ainsi que le coût des médicaments. Du coup, l'euphorie des soldes fait partie du passé», souligne Mme Fatma, mère au foyer, sur un ton ironique. Selon M. Slim Saâdallah, premier vice-président de l'Organisation de défense du consommateur (ODC), les soldes d'hiver 2015 ont permis aux commerçants d'enregistrer seulement 30% à 40% des ventes par rapport aux soldes d'hiver 2014. Ces derniers étaient déjà insatisfaisants pour bon nombre de commerçants. «Cela est dû sans aucun doute à la baisse du pouvoir d'achat. Le consommateur souhaite renouveler sa garde-robe et faire l'acquisition de vêtements neufs. Sauf que les moyens lui manquent. Nous avons cru qu'avec la vague de froid, les Tunisiens afflueraient aux soldes pour acheter des produits promotionnels. Mais à notre grande surprise, les choses ont mal tourné. Les Tunisiens ont tendance à opter pour les vêtements utilisés. Les friperies prennent ainsi le dessus sur le commerce du prêt-à-porter», souligne M. Saâdallah. Pour la révision de la loi relative aux soldes Le responsable à l'ODC attire l'attention sur une question jugée fondamentale pour la réussite des soldes : les réductions sur les nouvelles collections. En effet, la loi interdit à tout commerçant d'opérer des réductions sur les articles nouveaux mis en vente depuis moins de trois mois. «La plupart des consommateurs ignorent cette réglementation. Persuadés que les commerçants ne se conforment pas à la loi et s'obstinent à opérer des réductions uniquement sur de vieux articles, ce qui n'est pas vrai», souligne le responsable. Et d'ajouter qu'il est grand temps de se pencher sur la révision de la loi relative aux soldes et de réduire cet intervalle de temps afin de permettre aux commerçants de proposer les collections vieilles d'un mois ou d'un mois et demi, à des prix promotionnels. «Une telle mesure ne peut que servir les intérêts des commerçants et ceux des consommateurs. Aussi, espérons-nous que la révision de la loi aura lieu avant les soldes d'été, prévus d'ailleurs, pour le mois d'août afin d'apporter aux soldes la dynamique et la fluidité tant attendues», ajoute-t-il.