«Non, le terrorisme ne nous fait pas peur», ainsi scandaient les femmes du monde, réunies hier à l'ouverture du forum Pour la seconde fois, le Forum social mondial (FSM) se tient, dans nos murs, sous le signe «Dignité et droits», faisant appel à quelque 5 mille ONG et associations de la société civile, venues de tous bords, à travers le monde entier. A l'ouverture, hier, de ses travaux, le Campus universitaire Farhat-Hached, à El Manar, théâtre des rencontres et des activités, s'est transformé, pour l'occasion, en une véritable cité planétaire. Tout se déroule sous haute surveillance, tous devant, ainsi, passer par l'entrée principale, sous contrôle policier. Précautions exigent. Dans l'enceinte universitaire, le monde venu d'ici et d'ailleurs bouge à son gré. Chacun a eu toute la latitude d'agir, de s'exprimer, de s'opposer et même de crier haut et fort contre toute forme d'exclusion, de discrimination et de domination. Bref, la société civile a eu à donner libre court à ses pensées et à ses propositions altermondialistes. L'ambiance était plus que festive, où les couleurs multinationales se sont ainsi mêlées en toute harmonie jusqu'à l'union, comme un seul monde solidaire. Un monde qui est appelé, aujourd'hui plus que jamais, à se réunir sous une même bannière, celle de la liberté, de la dignité, de la justice sociale, des droits de l'homme, de l'égalité, de l'éducation pour tous et bien d'autres revendications économiques et écologiques. La tendance, certes, vise à chercher d'autres alternatives en lieu et place de ce monde jugé ultralibéral et impérialiste, souvent limité à des intérêts purement machiavélistes. D'emblée, les travaux, qui se poursuivront jusqu'au vendredi 28, ont été inaugurés par deux grandes assemblées, l'une consacrée aux femmes du monde, l'autre à la jeunesse. Tenue à l'initiative de «la dynamique femmes», relevant du comité préparatoire du FSM-Tunis 2015. La première assemblée s'est focalisée sur des questions généralement liées à la promotion de l'image de la femme, là où elle se trouve dans le monde. Au foyer ou au travail, son droit en tant que citoyenne à part entière aux côtés de l'homme demeure, alors, irréversible. A l'intérieur de la salle, les femmes de toutes parts n'ont cessé, à chaque fois que le ton monte, de se lever autour d'un seul mot d'ordre «Solidarité avec les femmes du monde». Pour elles, il s'agit là d'un slogan rassembleur. Et les discours prononcés n'ont pas manqué de mettre le doigt sur ce qu'elles veulent et quel message vouloir ainsi passer depuis Tunis, capitale du monde associatif. Elles ont recommandé que la société civile soit vraiment la force de proposition, afin que la femme ne soit jamais traitée de citoyen de deuxième degré. Les intervenantes soutiennent plutôt qu'elle constitue bel et bien un partenaire actif et agissant dans l'œuvre de développement et de croissance des nations. Elle l'est aussi dans la consécration de la démocratie, dans toutes ses formes les plus significatives. «Non, le terrorisme ne nous fait pas peur...», ainsi scandaient-elles d'une seule voix, en réponse au dernier attentat meurtrier du Bardo. Toutes les femmes réunies, hier, ont saisi l'opportunité pour dénoncer ce phénomène barbare qui n'a épargné personne. Elles ont également rendu hommage à la mémoire de la jeune activiste égyptienne Chayma Sabbagh, tombée en martyr lors des événements célébrant la révolution du 25 janvier 2011 au Caire, sous les balles de la police égyptienne. «Nous sommes tous Chayma...», ont-elles crié. De l'autre côté, s'est tenue l'assemblée des jeunes, avec pour thèmes leur participation politique, l'intégration sociale et la mobilisation pour s'imposer dans leurs sociétés respectives. Contrairement à l'amphi des femmes, celui des jeunes semblait plutôt studieux, mais le bruit d'échange et de partage a créé une dynamique toute particulière. Le débat était loin d'être séparatiste, d'autant plus que la prise de parole a été marquée par la compréhension et la convergence, dans une large mesure, au niveau des idées et des points de vues. Le but commun est de changer les regards sur la population jeune, afin de lui accorder la place qu'elle mérite dans toutes les sociétés du monde. En marge de ce débat universel, si franc et ouvert, le FSM de Tunis a réussi à créer une dynamique parallèle, vibrant au rythme des chants et des musiques parlant la même langue universelle, soit l'humanisation du monde. Par ailleurs, les jeunes volontaires accrédités pour l'accompagnement des invités de la Tunisie étaient au four et au moulin. Ils sont au nombre de deux mille ou presque. Des tentes ont été aménagées sur les lieux, pour leur permettre d'exposer leurs activités associatives. L'Ugtt, la centrale syndicale nationale, était aussi de la partie. Et l'événement continue