De notre correspondant permanent à Paris, Jamel HENI A droite toute! Fort d'un score historique aux départementales, le Front n'a jamais autant été national. Grâce à un maillage territorial de plus en plus large, le parti d'extrême droite a tutoyé les 26% et s'est imposé dans quatre cantons dès le premier tour. La vague marine s'est étendue à 31 cantons le 29 mars 2015 au second tour, sans jamais parvenir à s'adjuger un seul département ! Peu en chaut à Marine Le Pen pour qui la France est désormais tripolaire ; la droite et la gauche devant se battre entre elles mais aussi contre l'extrême droite pour remporter une élection. L'UMP le sait! Elle a dirigé sa campagne gagnante contre un double ennemi: le PS-FN; semant ainsi une «confusion» stratégique pour siphonner les voix d'électeurs indécis! Les ténors de l'alliance droite-centre ont maintenu ce cap « confusionniste» entre les deux tours, s'offrant ainsi 33,97% des voix et pliant l'affaire dans 67 départements. Sachant la gauche affaiblie et voulant parer à une marée frontiste, les dirigeants UMP ont multiplié les appels du pied aux électeurs de l'extrême droite. Nicolas Sarkozy n'a reculé devant rien. Il a chassé sur les terres lepénistes et damé le pion à la fois aux nostalgiques de la Gaule et aux zélés de la laïcité française, en se prononçant pour l'interdiction des repas de substitution à l'école et contre le voile à l'université. Une élection en cache une autre A cette «confusion négative» PS-FN, l'ex-président de la République ajouta une «confusion positive» : UMP-FN (reprendre à leur compte les thèmes, voire les concepts mêmes de l'extrême droite, dont notamment celui de l'assimilation) ! Une double confusion donc! La première pour se débarrasser de François, la seconde pour se défaire de Marine. Une confusion en cache décidément une autre, une élection une autre! Les départementales préparent la présidentielle. La présidentielle donne un sens politique aux départementales. Il fallait d'abord conquérir les cantons avant de gouverner l'ensemble! Le ni-ni catégorique de l'UMP au front républicain que le PS appela à tout rompre de ses vœux couronne cette stratégie confusionniste! La droite n'avait pas vaincu un adversaire pour en retrouver deux au second tour, puis à la présidentielle. Son but demeure de retrouver l'Elysée en 2017, ne l'oublions pas, et pour ce faire, il fallait empêcher toute implantation locale de la gauche. Le FN étant encore localement embryonnaire ne représentait pas le même danger que le PS. Le ni-ni était donc d'une cohérence! Le mystère demeure cependant entier. Car si la gauche ne contrôle plus que 34 départements (presque la moitié de ce qu'emporte la droite !) , et si les départementales constituent un jalon précieux sur le chemin de l'Elysée pour la droite, rien n'interdit de penser que la porosité entre UMP et FN ne transforme la confusion positive en une confusion tout court, où la droite « lepénisante » perdra son identité, sa différence et ses électeurs! Les raccourcis électoraux sont souvent dangereux! Ils donnent le change à leur auteur en premier!