Les élections législatives des 10 et 17 juin 2012 s'annoncent incertaines. Le dernier sondage IFOP-Fiducial donne le PS et l'UMP au coude à coude. Avec 34,5% des intentions de vote, le PS devance légèrement l'UMP (33%) confirmant le score étriqué de la présidentielle gagnée par François Hollande. Dans les deux camps, à droite comme à gauche, les formations politiques partiront relativement dispersées. Seul le PS a réussi à conserver l'accord signé avant la présidentielle avec Europe Ecologie-les Verts et le PRG. Avec le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, les négociations n'ont pas abouti sur des listes communes. L'ambition de Mélenchon n'a pas trouvé de place dans les calculs de Martine Aubry.
Avec moins de 200 élus actuellement au Palais-Bourbon, socialistes et radicaux de gauche espèrent bénéficier de la victoire de François Hollande et décrocher seuls la majorité au Parlement. Ils espèrent capitaliser sur les 333 circonscriptions où François Hollande est arrivé en tête le 6 mai dernier. Mais ils doivent compter avec de nombreuses dissidences qui risquent de grever leurs chances d'arriver à gagner les 277 sièges indispensables pour avoir la majorité absolue.
A droite, l'UMP a pu rallier le Nouveau centre de Morin. Mais des dissensions internes tournent à la guéguerre des chefs. Entre Jean-François Copé et François Fillon la « guerre des coqs gaulois » s'est installée. Et malgré un «pilotage collectif» de la campagne, les ténors de l'UMP ne se lassent pas de se lancer des piques alors que Jean-Louis Borloo, président du Parti radical, se fait discret, et même absent. Comme si tout le monde savait la défaite inéluctable.
François Bayrou , le président du MoDem présente 400 candidatures centristes au sein desquelles de nombreux visages d'ouverture destinés à renforcer les rangs d'un parti qui risque bien de voir ses derniers effectifs fondre à l'Assemblée nationale.
Reste le Front national de Marine Le Pen qui se présente aux élections sous l'étiquette « Bleu marine » comme un trouble-fête. En effet, lors de l'élection présidentielle, marine Le Pen a réussi son implantation dans les régions désindustrialisées et dans les milieux ruraux. Elle a eu des scores de plus de 18% , qui lui permettent de se maintenir au second tour des législatives, dans 20 régions sur 23. Les résultats au niveau des 108 départements sont plus significatifs. Dans 55 départements, elle a dépassé son score national (17,90%). Dans 43 départements, elle a eu plus de 20% des voix et même plus de 25% dans 6 départements. C'est cette configuration qui fait dire aux sondeurs et aux analystes politiques que le FN risque de se retrouver dans des triangulaires (PS-UMP-FN) dans plus de 300 circonscriptions.
Actuellement, le report des voix à gauche a bien fonctionné. Selon les sondeurs, la gauche se maintient à près de 43% des intentions de vote, ce qui naturellement lui garantit plus de chances de réussite. Les reports à droite seront conditionnés. Marine le Pen n'a pas exclu d'appeler à voter pour des candidats de l'UMP… et même du PS, mais « au cas par cas », selon la respectabilité du candidat. Cela a l'apparence d'une invite à la droite populaire de l'UMP tentée par une aventure autonome. Auquel cas, le FN pourrait arriver à faire élire entre 8 et 10 de ses candidats. Et à faire imploser l'UMP après les élections. Nombreux sont les analystes qui prêtent à la présidente du FN cette stratégie dissimulée.
D'autre part, François Bayrou qui a appelé à voter Hollande se retrouve dans une position inconfortable. Il a déjà perdu ses alliés de l'UMP, mécontents de sa « trahison », et risque fort de se retrouver seul sur la touche. Si le FN décide de se maintenir dans les triangulaires – ce qui est fort prévisible - il fera le jeu de François Hollande qui a besoin d'une large majorité à l'Assemblée pour mettre en pratique son projet. En tout état de cause, une nouvelle victoire de la gauche aux prochaines élections n'est plus à exclure. Ce serait un grand chelem, la gauche cumulant pour la première fois la présidence, le gouvernement, l'Assemblée nationale, le Sénat et la majorité des régions, des départements et des municipalités. De notre correspondant permanent à Paris Zine Elabidine HAMDA