Quelque 13 mille projets à créer au cours de cette année et pas moins de 2 mille entreprises en difficulté vont être sauvées, outre la mise en service d'un portail électronique national sur les recrutements dans le secteur public En moins d‘un mois de la fin des cent premiers jours d'exercice du gouvernement Essid, dont les fonctions ont été prises au début de février dernier, les priorités ministérielles, qui tardent à venir, ont finalement commencé à être révélées. Une à une, les révélations, tombées en cascade ces jours-ci, ont touché tous les secteurs sur lesquels repose le plan d'action quinquennal 2016-2020. Dans la foulée, le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Zied Laâdhari a lui aussi rendu compte des mesures urgentes propres à son département. Lors d'une conférence de presse tenue à la présidence du gouvernement à La Kasbah, le ministre a, d'emblée, mis les priorités de son département dans un contexte général marqué par nombre de défis et de difficultés. Il s'agit, entre autres, de la hausse du taux du chômage (605 mille sans-emploi), de celui des abandons scolaires (100 mille cas par an) et l'arrivée sur le marché du travail de plus de 80 mille nouveaux diplômés des universités tunisiennes. S'y ajoutent une crise économique sans précédent, alimentée par la fermeture successive de plusieurs entreprises et le recul manifeste des indicateurs d'investissement et de croissance. Mais, pour le ministre, la palme des priorités revient à l'emploi. Une question qualifiée d'enjeu pour tout gouvernement. Toutes les mesures évoquées par M. Laâdhari, en tant que programme d'urgence, convergent vers un objectif commun : l'amélioration de l'employabilité des jeunes demandeurs. Ce faisant, cinq priorités, en tout, concourrent pour relever ce défi national. La première consistant à proposer de nouveaux mécanismes de financement des microprojets et d'accompagnement des promoteurs. 13 mille projets envisagés Dans ce cadre, un plan national a été entamé, afin d'accroître le rythme de création des projets, dont 13 mille sont envisagés pendant l'année en cours. Ce nombre important reste, en tout cas, tributaire de certaines procédures à prendre au sérieux. Lesquelles procédures sont susceptibles de faciliter l'autofinancement, allonger les échéances du remboursement des crédits, fixer à 12 mois les délais de grâce accordés à tout prêt, tous montants et catégories confondus, et d'écourter, jusqu'à 20 jours, les délais d'étude de dossiers des promoteurs. Parallèlement, il est, tout autant, question de mener à bien une action de sensibilisation quant à la portée de l'initiative privée, en tant qu'incitation au compter-sur-soi, mais aussi un frein face à la mentalité d'assisté. Et l'accompagnement assuré depuis l'idée du projet jusqu'à sa concrétisation est une sorte d'appui pour la pérennité de l'entreprise, en guise de contribution de l'Etat à toutes les charges d'installation. De même, un programme pilote de création d'entreprises dites solidaires, surtout, dans les régions de l'intérieur. Celui-ci est censé prêter main-forte aux projets à haute valeur ajoutée, avec un taux de financement à zéro intérêt, à hauteur de 90% du montant d'investissement. Deuxième mesure prioritaire, le soutien des entreprises en difficulté. Elle couvre au total 2 mille entreprises déjà établies sur la liste de 2015. L'objectif, certes, s'inscrit dans la perspective de préservation des postes d'emploi existants. Et ce à travers l'étude de l'éventail d'entreprises ayant bénéficié des crédits du Fonds national d'emploi (FNE) et de la Banque tunisienne de solidarité (BTS), afin d'en déterminer les difficultés et prévoir, de la sorte, les moyens de leur sauvetage. Et pour cause, des microcrédits de cinq mille dinars leur seront accordés, en guise de fonds de roulement. La mise à disposition d'un portail électronique national sur les recrutements dans le secteur public est la troisième mesure pour les premiers cent jours du ministère. Ce portail, annonce le ministre, sera opérationnel d'ici la fin du mois prochain. Pour le rendre une véritable source d'informations pluridisciplinaires, une équipe de travail interministérielle, en plus des établissements publics, est désormais fonctionnelle. L'ultime but étant, a priori, de doter les concours dans le secteur public de plus d'accessibilité et de transparence, tout en rendant possible l'inscription à distance, afin d'assouplir les procédures et d'unifier, encore plus, la source d'informations et des statistiques à temps. Cinquième mesure : l'initiative d'emploi locale et régionale mérite, aujourd'hui, d'être renforcée davantage. L'intérêt porté à ce sujet aura à donner lieu à un programme pilote se basant sur des contrats-objectifs conclus avec les collectivités locales, tout en mettant à leur disposition les moyens financiers nécessaires. Ce qui est de nature à favoriser des potentialités d'emploi au profit des chômeurs, conformément aux spécificités de chaque région. De pareilles opérations ont été lancées dans les gouvernorats de Tataouine, Gafsa, Le Kef et de l'Ariana, en attendant qu'elles soient, progressivement, généralisées à toutes les régions du pays avant la fin de cette année. La formation privée en point de mire Autre volet, la promotion de la formation professionnelle. Cinquième mesure urgente, elle est aussi l'autre maillon de la chaîne dont le ministère a consacré toute une stratégie étalée sur cinq ans. Entre-temps, l'accent est mis, tout d'abord, sur le fait d'étendre la bourse mensuelle de 60 dinars aux autres spécialités « dites prioritaires» boudées et à la main-d'œuvre assez faible, et dont le nombre serait, ainsi, porté de 200 à 250 de l'ensemble de 400 filières professionnelles. Sur le plan structurel, il a été également décidé d'entamer des travaux de maintenance des ateliers de formation, des restaurants et des foyers d'hébergement dans tous les centres de formation qui ont besoin d'interventions urgentes. Au niveau de la qualité, il y aura, dorénavant, ce qu'on appelle le «chèque formation», une nouvelle formule de financement des sessions de formation privée. Les régions de l'intérieur en tireront profit, à des frais de couverture exclusivement spécifiques pouvant aller jusqu'à 1.350 dinars par personne, contre seulement 750 dinars pour chacun dans le reste des régions. Cette mesure entre dans le cadre de la discrimination positive, telle que stipulée par la nouvelle constitution. Et ce n'est pas tout, l'incitation à l'investissement dans la formation professionnelle est considérée comme un des créneaux porteurs. D'ailleurs, un projet de loi y afférent fera l'objet d'un Conseil des ministres, afin de booster le développement du secteur dans les régions.