Il est impératif de développer un nouveau discours visant les porteurs du virus terroriste pour les empêcher de rejoindre les jihadistes dont les chefs sont décimés. Idem pour la nécessité absolue d'intérioriser auprès des Tunisiens l'idée que le terrorisme sera anéanti Les terroristes sont de retour sur le terrain. Hier, ils ont frappé de nouveau à Aïn Zayane relevant de la délégation de Sbeïtla (gouvernorat de Kasserine). Un guet-apens a ciblé, hier, une patrouille de l'armée nationale faisant un certain nombre de morts et de blessés parmi nos soldats. Et l'accalmie constatée à la suite de l'opération sécuritaire de Sidi Yaïche (à Gafsa) qui s'est soldée par la mort de 9 terroristes parmi lesquels Lokmane Abou Sakher, chef de la brigade Okba Ibn Nafaâ de donner lieu au retour de l'éternel débat : pouvait-on éviter le coup terroriste d'hier, surtout que les terroristes menaçaient déjà de venger leurs chefs tombés fin mars dernier ? Mais au-delà de ce que les spécialistes peuvent déceler en tant que dysfonctionnements ou erreurs, l'essentiel est de savoir maintenant comment on va procéder pour préserver le climat de confiance en notre capacité de vaincre le terrorisme et maintenir vivace l'idée selon laquelle la guerre contre les terroristes est longue, mais nous sommes certains de la remporter parce que nous avons les moyens, mais surtout la volonté et la persévérance nécessaires pour triompher des semeurs de mort. Ils sont en train de renouveler leurs chefs Pour l'expert en groupes jihadistes Naceur Héni, «l'opération était prévue et même si la mobilisation et la veille sont de mise, il peut y avoir un moment de relâchement que les terroristes exploitent pour frapper. L'attentat de Aïn Zayane ne peut en aucune manière occulter les succès réalisés par nos forces de sécurité qui viennent de réaliser un grand coup en démantelant pratiquement le groupe terroriste Okba Ibn Nafaâ dont les chefs historiques ont été abattus à Sidi Yaïche. Aujourd'hui, ils sont en train de renouveler leur direction et il paraît que c'est Abou Moujahid, le frère de Abou Lokmane, qui a pris le commandement du groupe aux dépens de Mokhtar Bellaouer qui voulait réintégrer le groupe». Collecte d'informations Que doit-on faire maintenant ? C'est la question que tout le monde se pose en de pareilles circonstances. Notre expert dégage trois axes sur lesquels doit se baser notre stratégie de lutte antiterroriste qui commence à produire ses effets. «D'abord, la poursuite de l'action sécuritaire dans toutes ses dimensions : la collecte d'informations, les plans d'anticipation pour le dévoilement des cellules dormantes, l'implantation des patrouilles dans les régions les plus visées par les terroristes où ils disposent de soutien, la modernisation des méthodes d'enquête, etc. Ensuite, le développement d'un nouveau discours à l'adresse des jeunes susceptibles d'être recrutés par les terroristes. Jusqu'ici, le discours officiel s'adresse aux terroristes déjà en action et à ceux qui forment les cellules dormantes. Il faudrait parler maintenant à ceux qui portent le virus mais qui n'ont pas encore sauté le pas. Et ce sont ces jeunes sur lesquels les terroristes comptent pour renouveler leurs effectifs décimés par les forces de sécurité et de l'armée. Ces jeunes porteurs du virus terroriste se trouvent, dans leur majorité, dans les régions de Kasserine et Sidi Bouzid. Enfin, le troisième axe a trait à la stratégie de communication relative au traitement de l'hydre terroriste. Nous devons faire comprendre à l'opinion publique que la guerre contre le terrorisme est une guerre de longue durée mais nous sommes certains de la remporter, in fine. Il y a une idée qu'il faut éradiquer, à tout prix, dans l'esprit des Tunisiens. A aucun moment, l'idée de perdre la bataille contre les terroristes ne doit effleurer l'esprit d'un seul Tunisien. Jusqu'ici, nous avons remporté deux batailles significatives face aux terroristes. La première est celle de Raoued où les premiers chefs terroristes dont Kamel Gadhgadhi ont été tués. La deuxième est bien celle de Sidi Yaïche à Gafsa au cours de laquelle Lokmane Abou Sakhr et ses lieutenants ont été décimés. Le bilan est jusqu'ici positif dans la mesure où le nombre des combattants jihadistes opérationnels est en train de se réduire. Toutefois, il est impératif d'empêcher de recruter de nouveaux combattants prêts à prendre la relève», précise Naceur Héni. Quant au nombre des jihadistes retranchés dans les montagnes, notre source estime qu'il se situe entre 100 et 200, «mais l'essentiel est que nos forces de sécurité ont réussi jusqu'ici à tuer les plus compétents parmi eux, sans oublier le dévoilement des cellules dormantes dans les villes et la découverte de dépôts de munitions et d'armes essaimés à travers le pays».