Le sport dans notre pays est en danger par la faute de ses dirigeants qui en font un moyen d'ascension sociale et politique. Pour appréhender une question donnée de notre vécu de tous les jours et pour la cerner à sa juste valeur, il faut prendre du recul. Le sport, entre autres phénomènes de société, n'échappe pas à cette règle. Durant plus de cinq ans — depuis décembre 2009 —, je n'ai pas écrit un seul mot sur le sport dans notre pays ou ailleurs, mais la passion est toujours intacte, voire débordante. Passion pour l'activité dans sa globalité, avec une prédilection pour le football. En observateur désintéressé quelque part, mais très attentif, cela m'a permis de faire, autant que se peut le constat avec — permettez-le — un œil critique et sévère à la fois. Tout ou presque est en perpétuelle mutation. Mais pas souvent dans le sens souhaité, d'autant que les réflexes sont restés les mêmes avec une mentalité générale aux antipodes de l'essence même du sport dans son acception la plus large. Le phénomène a pris de l'ampleur ces quatre dernières années. S'inscrivant ainsi dans la logique d'une époque faite de soubresauts, d'incertitudes, d'ambitions démesurées et souvent d'opportunisme qui n'augure rien de rassurant d'une activité qui a cette particularité de toucher, de par l'engouement qu'elle suscite, toutes les couches sociales sans distinction entre les sexes, les âges ni les régions. Est-il pour ainsi dire de par cette particularité perçu à sa juste valeur ? Les dirigeants sportifs servent-ils l'intérêt de ce domaine où ont-ils d'autres objectifs qu'ils lorgnent à travers ce phénomène populaire par excellence ? Le constat est malheureusement peu reluisant et à plusieurs niveaux. Trop d'argent dilapidé et trop de bruit sans résultats probants. Et on continue selon la même logique et avec les mêmes procédés tout en étant conscient de leur inanité, ce qui ne manque de nous interpeller sur les réels desseins de ceux qui gèrent la chose sportive dans ce pays, même si pour beaucoup ce tableau ne souffre aucun flou ! Fuite en avant!? C'est une sorte de fuite en avant dira-t-on? Il y a un peu de cela, mais l'essentiel est à chercher dans les desseins derrière ces pratiques qui ne cadrent nullement avec nos moyens et qui au bout du compte ne servent en rien la performance dont on nous ressasse depuis des décennies ni ces nobles soucis d'encadrer les jeunes complètement enfouis dans le tréfonds de notre mémoire. Des centaines de milliards sont dépensés chaque année en salaires des techniciens, des joueurs, des staffs administratifs, des voyages, des stages des engagements de recrues étrangères, etc., pour enfin nous voir assister à une affligeante médiocrité des acteurs sur les terrains et de leurs encadreurs sur les lignes de touche, entraîneurs et dirigeants qui se donnent de la voix pour tout fustiger par voie de déclarations intempestives, irresponsables et haineuses. Les échos ne tardent pas de venir des gradins avec des slogans aux relents régionalistes et vindicatifs. Des arbitres sont modestés, chaque week-end, des scènes de vandalisme émaillent presque toutes les rencontres, avec jets de pierre, de pièces de monnaie, des fumigènes envoyés sur les pelouses et toute autre sorte de violence sont au menu les samedi et dimanche. Et à la moindre sanction, on s'indigne et on accuse de partialité, voire de complicité avec l'adversaire, ceux qui ont osé prendre de telles mesures. Les conflits d'intérêts ne manquent certes pas, mais encore faut-il que de son côté, on est exempt de reproche à ce niveau bien précis. Le sport est devenu de nos jours une véritable poudrière où sont mêlés, intérêts mercantiles, argent, régionalisme et politique. C'est un champ miné qui risque un jour de tout emporter si on ne parvenait pas à démêler cet écheveau pour remettre l'activité sportive sur le chemin du salut. Tellement gangrené, le sport a besoin de sa propre révolution pour remettre de l'ordre dans la demeure. La refonte du sport est plus que jamais une urgence pour le purifier de ceux qui en ont fait leur fonds de commerce et une sorte de couverture qui leur permet les pratiques les plus douteuses. Nous avons vécu des décennies durant dans le leurre et il est grand temps de faire le ménage pour en finir avec une situation qui ne mène que vers davantage de désillusion où seules une poignée de personnes en tirent profit dans la légalité la plus absolue. Les lois régissant cette activité doivent changer. Les règlements intérieurs des instances sportives doivent être révisés pour qu'un véritable contrôle puisse se faire auprès des clubs dont plusieurs sont devenus propriétés de leurs premiers dirigeants qui les gèrent selon leurs intérêts du moment pour ensuite les abandonner avec des ardoises que ces clubs traîneront des décennies durant. Le laisser-aller n'a que trop duré et il faudrait y mettre un terme pour le bien du sport en premier et pour celui du pays ensuite, de par l'importance de ce domaine et son impact sur les esprits et même sur l'économie avec cet argent fou qu'on dépense pour de pseudo-athlètes dont l'on peut gagner en une saison le double de trente ans de travail d'un haut cadre de la fonction publique. Et je sais de quoi je parle avec les salaires astronomiques de certains joueurs de la Ligue une de notre médiocre championnat. Saura-t-on mettre un frein à cette sorte de saut vers l'inconnu et dire assez à cette race irresponsable de dirigeants aux desseins inavoués et parfois avoués mais que personne n'a osé jusqu'ici dénoncer? Le sport est en danger, il va de mal en pis et on devra tout tenter pour le sauver des griffes de ses fossoyeurs.