Par Jawhar CHATTY Au moment où le pays est mobilisé pour la mise en place de stratégies de relance et de développement économique à court et à moyen terme sur la base de priorités et d'objectifs précis, certaines parties tiennent à ouvrir de nouveau les débats classiques autour du rôle des secteurs public et privé et de la question de la privatisation. Pourtant, sauf à vouloir ramer périlleusement à contre courant de la globalisation et de ses exigences, il faudrait que nous nous rendions à l'évidence et que nous nous inscrivions dans le sens de l'Histoire et du mouvement : les secteurs public et privé ne peuvent être en situation de confrontation mais plutôt en partenariat avec des rôles complémentaires et des missions interactives non substituables. Tous les pays qui l'ont compris ont connu des changements et une croissance sans précédent à l'instar de la Chine ou de la Russie. L'évolution économique a permis de consolider et de valoriser le rôle du secteur public en tant que pivot et moteur du développement économique et social non par une intervention directe dans la production et la distribution mais par l'orientation, la fixation des grands choix , l'engagement des actions et des initiatives visant à améliorer l'environnement des affaires, à attirer les investisseurs locaux et étrangers et à garantir les conditions permettant aux entreprises de faire face aux exigences de la concurrence et de la compétitivité. Grâce aux instruments d'intervention et des moyens dont il dispose et à travers le secteur public, l'Etat serait à même de mieux orienter l'action de développement et à introduire les mesures correctives nécessaires avec l'efficacité et la célérité requises. Le secteur privé gagnerait en efficacité et en compétitivité tout en contribuant à la concrétisation des objectifs de développement économiques et sociaux qui lui sont assignés dans le cadre de cette approche basée sur l'interaction et la complémentarité. Poser la question en termes de confrontation, de contrôle ou de mainmise du secteur privé sur le secteur public, c'est faire preuve d'ignorance de la nouvelle réalité mondiale et des mutations profondes vécues qui ont contribué à l'émergence d'une nouvelle vision basée sur deux fondements essentiels : 1. Le secteur public doit se désengager des activités concurrentielles qui seront assurées dans des conditions meilleures par le jeu des règles de la compétitivité. La communauté nationale ne sera plus contrainte à supporter les surcoûts engendrés par l'inefficacité et la mauvaise gestion et sera ainsi dégagée d'un lourd fardeau qui ne trouve plus sa raison d'être dans le nouveau contexte économique et social que nous vivons. 2. La mission du secteur privé prend de nouvelles dimensions d'ordre social et sociétal en plus de la mission économique. L'entreprise privée étant l'élément moteur du développement économique et social. Elle agit dans un cadre intégré, défini et précis tenant compte des intérêts de toutes les parties concernées. Notre pays a aujourd'hui grandement besoin de travail et de mobilisation autour d'objectifs et de défis nationaux communs et non de débats stériles autour de sujets déjà tranchés et qui font pratiquement l'unanimité, surtout au niveau des pays qui ont réussi leur décollage et leur développement.