Bataille diplomatique au Big Apple: Téhéran présente son plan de paix aux Nations unies et contre une annonce d'une aide saoudienne de 274 millions de dollars américains à l'ONU « Golfe arabique » ou « golfe persique », tout porte à croire que la bataille pour une suprématie régionale qui oppose indirectement les pays arabes du Golfe et l'Iran a, vraisemblablement, franchi le cadre des cartes géographiques pour investir le champ de la diplomatie internationale. Si l'Arabie Saoudite a pris récemment les commandes d'une coalition arabe pour but d'écraser la rébellion houthie qualifiée de bras armée de l'Iran dans la panicule arabique et remettre de l'ordre dans le Yémen voisin, les tensions entre Sunnites et Chiites dans la région ne datent pas d'hier comme en témoigne le soulèvement, le 14 février 2011, de la majorité chiite au Bahrein contre les gouvernants sunnites dans le sillage du printemps arabe. En effet, après trois semaines de forte mobilisation populaire, la famille royale fait intervenir l'armée, renforcée par des troupes saoudiennes et émiraties du Bouclier de la Péninsule (la branche militaire du Conseil de coopération du Golfe) qui permettent au roi de mater l'opposition. Or ce pugilat à distance entre Al-Saoud et les Mollah iraniens a monté d'un cran, hier, avec l'annonce de Riyad de l'octroi à l'ONU d'une aide de 274 millions de dollars pour financer ses opérations humanitaires au Yémen, en réponse à un appel en ce sens lancé la veille par l'organisation internationale. Selon l'agence saoudienne Spa, qui a cité un communiqué du cabinet royal, cette donation a été ordonnée, avant-hier, par le roi Salmane Ben Abdel Aziz. Hasard du calendrier ou non, cette promesse de don vient au lendemain de la présentation officiellement par l'Iran, à l'Onu, d'un plan de paix en quatre points pour le Yémen, que son ministre des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif avait déjà annoncé cette semaine. Selon une note onusienne, dans une lettre adressée au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, M. Zarif a souligné la dégradation de la situation humanitaire au Yémen, qui selon lui risque d'atteindre «une ampleur catastrophique ». Jugeant qu'il ne peut pas y avoir une de solution militaire à ce conflit», le ministre des A.E. iranien a énuméré les quatre points du plan de paix de son pays: cessez-le-feu immédiat, accès humanitaire «sans entraves», reprise du «dialogue national» entre tous les protagonistes de cette crise et «formation d'un gouvernement d'union nationale sans exclusive». Il a aussi pointé du doigt la coalition arabe guidée par l'Arabie Saoudite qui, toujours selon lui, est en train de « cibler essentiellement des infrastructures purement civiles» via le bombardement des hôpitaux et des écoles, et de «viser de manière aveugle les zones résidentielles», souligne-t-il dans sa lettre. M. Zarif pense aussi que les groupes terroristes, faisant référence à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) et Daech, qui d'après lui, pourraient « profiter de la campagne aérienne menée depuis l'étranger». Enfin, le chef de la diplomatie iranienne a rejoint la réclamation de M. Ban pour « un cessez-le-feu » tout en appelant « la communauté internationale à s'impliquer de manière plus efficace pour mettre fin à ces attaques aériennes insensées », a-t-il fait savoir dans sa lettre. Rappelons que jeudi l'organisation internationale et ses partenaires humanitaires avaient, en effet, réclamé une aide pour répondre aux besoins de 7,5 millions d'habitants touchés par la guerre au Yémen où Riyad mène depuis trois semaines des raids aériens contre les miliciens houthis pro-iraniens. Assurément, entre la force financière des Pétrodollars et le renforcement de la notoriété de Téheran dans la région suite à l'accord de Lausanne concernant le nucléaire iranien, le calme ne semble pas prêt pour dresser de nouveau son chapiteau dans le Golfe.