Le dialogue national se poursuivra pendant deux mois avec l'organisation de conférences dans toutes les régions, tandis que des comités techniques seront formés pour collecter les conclusions de ces réunions et formuler des recommandations qui serviront de base pour l'élaboration d'une charte commune et d'une feuille de route nationale Le ministre de l'Education nationale, Néji Jalloul, a donné, hier, le coup d'envoi du dialogue national sur la réforme du système éducatif qui se déroulera dans toutes les régions sous forme de réunions, de débats et de conférences afin d'aboutir à une vision commune de ce à quoi devra ressembler, dans le futur, le système éducatif qui a, aujourd'hui, montré ses limites. Partenaire de ce dialogue, Houcine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt, a souligné, à l'occasion de l'ouverture, qui a eu lieu au Palais des Congrès, que la centrale syndicale a un rôle important à jouer par sa contribution à la réussite des grandes réformes futures qui vont être engagées pour sortir le pays de la crise. Ecole obligatoire et gratuite avec un enseignement flexible Selon le secrétaire général, l'Ugtt a appelé depuis les années 90 à une réforme du système éducatif qui présente de nombreuses faiblesses, notamment sur le plan qualitatif. Houssine Abassi, qui a mis l'accent sur l'importance d'associer toutes les parties concernées au dialogue national, a, par ailleurs, estimé que cette réforme ne doit pas déroger aux idées et principes de la Constitution. Les axes de cette réforme doivent être définis à la lumière des défaillances qui caractérisent l'actuel système, à savoir le mauvais rendement du système, la détérioration de l'infrastructure des établissements scolaires, la qualité de plus en plus mauvaise de l'enseignement, la mauvaise maîtrise des acquis et des notions de base par les élèves, le taux élevé de l'abandon précoce et la révision à la baisse du budget du ministère de l'Education... Toujours selon M. Abbassi, cette réforme doit aboutir à la mise en place d'une école citoyenne qui forme des élèves responsables et citoyens, cultivés, attachés aux valeurs de leur patrie tout en étant ouverts à la modernité. Le secrétaire général de l'Ugtt a également affirmé que cette école doit être obligatoire et gratuite pour tous les niveaux, qu'elle doit promouvoir la non-discrimination et le respect des différences et se baser sur un enseignement souple et flexible en établissant des passerelles avec la formation professionnelle, afin de faciliter l'intégration des élèves sur le marché du travail. «Cette école citoyenne doit, aussi, offrir un espace où les élèves peuvent s'exercer à la pratique de la démocratie». «L'annonce du démarrage du dialogue national sur la réforme éducative est en fait une annonce des principes de ce dialogue consistant essentiellement en la consolidation et l'appui de l'école publique. La réforme demeurera incomplète si le projet du gouvernement se limite à l'approche du ministère de l'Education», a fait remarquer le secrétaire général de l'Ugtt. Ecole des valeurs et de l'esprit critique Le président de l'Institut arabe des droits de l'Homme, qui a affirmé qu'un accord de partenariat a été établi avec le ministère, a, de son côté, mis en exergue l'importance de mettre en place une école attachée aux valeurs de la démocratie, de la citoyenneté et dont la mission sera non seulement de former et faire naître chez les générations futures un esprit critique mais elle aura, par ailleurs, pour mission de leur inculquer les valeurs de la démocratie, de la citoyenneté, du respect des différences et de l'ouverture sur les autres. «Nous devons promouvoir une vision axée sur la construction d'une école citoyenne qui véhicule les valeurs de la tolérance, de la démocratie, de la citoyenneté, de l'ouverture sur l'autre et surtout de l'équité sociale. L'école joue un rôle très important dans la formation des générations futures et la transmission de ces valeurs. Cette nouvelle réforme doit donner naissance à une école qui cultive l'esprit d'ouverture et de créativité et qui éveille le sens critique chez les élèves. Il est important que le tissu associatif soit un partenaire actif dans cette réforme». Prenant de nouveau la parole, Néji Jalloul, le ministre de l'Education, qui a souligné que la réforme portera sur de nombreux axes, à savoir l'amélioration de la qualité de l'enseignement, la formation des enseignants, l'évaluation et la révision du temps scolaire, la lutte contre l'abandon précoce et l'évaluation des programmes scolaires, a réaffirmé la volonté du ministère d'associer toutes les parties concernées au dialogue national sans en exclure aucun. Par ailleurs, le ministre a souligné que le dialogue national se poursuivra pendant deux mois avec l'organisation de conférences régionales dans toutes les régions tandis que des comités techniques seront formés pour collecter les conclusions de ces réunions et élaborer des recommandations qui serviront de base pour l'élaboration d'une charte commune et d'une feuille de route nationale. M. Néji Jalloul a, par ailleurs, affirmé qu'un comité mixte de pilotage de la réforme, regroupant les représentants des ministères de la Jeunesse et des Sports, de l'Enseignement supérieur, de la Formation professionnelle et de l'Emploi et des Affaires de la femme et de la famille sera mis en place, pour débattre des grands axes ainsi que des modalités d'application de la réforme qui débutera au cours de la prochaine saison scolaire. Tous les Tunisiens invités à participer au dialogue « Tous les Tunisiens seront invités à participer au dialogue national sur la réforme du secteur de l'éducation et pourront présenter leurs attentes et leur vision de l'école idéale », a encore observé le ministre. Prenant la parole, Adel Haddad, directeur des programmes scolaires qui a affirmé que plusieurs facteurs étaient à l'origine de la dégradation de la qualité de l'enseignement, a, par ailleurs, soulevé plusieurs problématiques qui devront, selon lui, être prises en considération dans le cadre de cette réforme dont celle de la qualité de l'enseignement qui doit, selon lui, répondre aux standards internationaux ainsi que le problème de la maîtrise des langues chez les élèves. D'après l'intervenant, le débat national sur la réforme du système éducatif doit également soulever, entre autres, le problème de la question des disparités régionales en matière d'éducation et celui de la formation des éducateurs. «Nous devons mettre en place une école qui tienne compte des besoins des élèves et qui leur offre un environnement respectueux des valeurs de la tolérance et du respect d'autrui et qui est propice à leur épanouissement», a ajouté le directeur des programmes qui a, enfin, souligné qu'il faut trouver des solutions pour offrir une nouvelle chance aux élèves en rupture scolaire.